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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
Des livres, des films, des expos et bien plus encore...

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 11:19

quidam.gifChers amis lecteurs, vous connaissez mon penchant certain pour Jérôme Lafargue, B.S. Johnson, Romain Verger, Nils Trede, Ron Butlin, Paul Desalmand… Leur point commun : ils ont tous été publiés aux éditions Quidam. Pourquoi est-ce que je vous parle de Quidam aujourd’hui, pourquoi même vais-je vous dire combien cet éditeur est exigeant et audacieux, combien ses livres nous ouvrent sur des univers fantasques, noirs, mélancoliques ? Oui pourquoi vous dirais-je encore que l’éditeur prête une attention particulière au style de l’auteur et à l’originalité de la structure du roman ? Pourquoi vous dis-je combien les éditions Quidam sont indispensables dans le paysage littéraire français (qui fait la part belle aussi aux auteurs européens) ? Parce que les éditions Quidam traversent une crise économique importante. Bien sûr, elles ne sont pas les seules. Nombreux sommes-nous à connaître une période compliquée, mettant en péril nos projets professionnels. Mais, puisque les fêtes de Noël approchent et que l’on cherche tous des idées cadeaux pour offrir des livres, je vous propose des romans qui m’ont particulièrement touchés (certains d’ailleurs viennent de sortir au format Poche toujours chez Quidam).

 

Pour vous y retrouver, parce qu’ils sont nombreux, voici un petit classement, non exhaustif :

 livre1.jpg

1) les beaux objets livres :


- Rome, regards de Rolf Dieter Brinkmann. Il s’agit d’un très gros bouquin plein de collages, de photos et d’affiches en tout genre, un livre foisonnant et passionnant racontant l’expérience de Brinkmann à la Villa Médicis en tant que pensionnaire. Un livre superbe esthétiquement parlant et très riche d’un point de vue littéraire. C’est mon coup de cœur dans cette catégorie.



- Les Malchanceux de BS Johnson est le second coup de cœur. Il s’agit d’un coffret dans lequel sont rangés des livrets autobiographiques de Johnson. L’originalité de cette œuvre, c’est que l’on peut la lire dans le sens que l’on souhaite puisque les livrets ne sont pas classés. Ainsi, on peut le relire plusieurs fois et avoir des versions différentes d’une même histoire.

 forets noires

 2) les auteurs français :

- mon préféré, vous le savez, c’est Jérôme Lafargue. Il a publié trois romans superbes : L'Ami Butler (vraiment excellent), Dans les ombres sylvestres, et L’Année de l’hippocampe. Vous pouvez offrir les trois à la même personne car elle retrouvera ainsi l’atmosphère propre à l’auteur : le goût du fantastique, les Landes, le récit d’écrivains imaginaires… ;


- Romain Verger pour son roman La Grande Ourse (voyage entre l’époque préhistorique et la nôtre. Excellent !) ou Forêts noires (où l’on s’aventure vers une forêt merveilleuse) ; 


- Paul Désalmand pour son roman Le Pilon, traduit en plusieurs langues (grec, italien, suédois, espagnol…) où il est question du parcours d’un livre qui échappe à son destin fatal, le pilon !

 

- Stéphane Padovani pour son roman, La Veilleuse. Ce fut mon premier livre chroniqué de cette maison. C’est un texte magnifique, poétique, et très émouvant.

 

- Niels Trede, et son roman onirique La Vie pétrifiée.

le-son-de-ma-voix.jpg

3) les auteurs étrangers :

- l’auteur phare des éditions Quidam est B.S. Johnson. Si vous aimez la littérature qui s’aventure dans des contrées inhabituelles, bousculent vos habitudes de lecture, vous surprennent, alors ces romans sont faits pour vous. Outre Les Malchanceux, je vous recommande tout particulièrement R.A.S., Infirmière-chef (grinçant, tragique et en même temps très drôle) et Albert Angelo (superbe récit sur un prof vacataire dans les années 60).

 

- Ron Butlin pour Le Son de ma voix est un des romans qui m’a le plus bouleversé. Il s’agit de l’histoire d’un homme, alcoolique, qui perd pied et finit par entendre une autre voix qui tente de l’aider à sortir de son enfer. C’est un roman sublime et inoubliable. Quidam vient aussi de l’éditer en format Poche.

 

- Claude Piersanti pour Enrico Metz rentre chez lui, roman qui m’a également beaucoup touché. Il évoque avec douceur et mélancolie la vie d’un homme à l’automne de sa vie après une brillante carrière d’avocat d’affaires.

 

Bien sûr, ce n'est pas une liste exhaustive. Pour retrouver tous les livres que j'ai chroniqués sur les éditions Quidam, ici ! Pour découvrir tout le catalogue des éditions Quidam, consultez le site

Si vous voulez en savoir plus sur les éditions Quidam, un portrait de l'éditeur, ici.

 J’espère vous avoir aidé à trouver quelques idées cadeaux pour Noël !

 

 

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 12:54

points-deux.jpgConnaissez-vous Point 2 ? C’est nouvelle maison d’édition proposant des livres en format poche, sur du papier bible. Sur le site, on apprend ainsi que « Point Deux propose aux lecteurs francophones un nouvel « objet de lecture » : un nouveau format de livre papier, original, inédit, surprenant. Et beau, tout simplement. » Oui… Tout simplement !

 

Pour être franche, il faut admettre que ce nouveau format est pratique puisque ses mensurations sont réduites à 8 x 12 cm. On a donc en main un très petit livre à la couverture cartonnée, et au poids plume.

 

Concernant la mise en page, je serais plus circonspecte que l’éditeur. Selon lui, « cette mise en page offre un plus grand confort de lecture : en effet, les marges centrales habituelles disparaissent au profit de lignes plus longues qui reposent les yeux. » Précisément, pour « faciliter » la lecture et gagner de la place, le livre ne se lit plus horizontalement mais verticalement. Dans l’absolu, comme le recommande Hubert Nyssen, patron d’Actes Sud, plus les pages sont étroites plus la lecture est rapide et fluide. Sauf que les livres Point2 offrent des lignes plus longues. D’autre part, la police, certes lisible, est assez petite, ce qui exclut un certain nombre de lecteurs.

 

Pour le moment, les livres parus sont exclusivement des classiques (à paraître prochainement la Bible et Proust) et des best-sellers (comme La Route de Cormac McCarthy).

 

Ce format n’est pas nouveau en Europe. Il est apparu aux Pays-Bas  où depuis un an d’exploitation, près de 500 000 livres se seraient déjà vendus. Le concept a été acheté également en Espagne, sous le nom « Librinos ». Les pays anglo-saxons pourraient également acquérir ce format.

 

Me concernant, j’ai mis quelque temps à m’habituer à ce format étrange, où la marge est très réduite comme les blancs. Moi qui aime souligner les passages marquants, je suis un peu frustrée car le papier bible le permet difficilement. Toutefois, une fois que l’on s’habitue au format et à cette nouvelle façon de lire, on perçoit l’avantage certain de cet objet léger et très peu encombrant. Imaginez le poids gagné dans les bagages en vacances, le maniement facile dans les transports en commun. Ce n’est pas une révolution, mais ce n’est pas non plus stupide. J’apprécie de gagner un peu de place dans mon appartement tout en pouvant me procurer des livres ordinairement volumineux. Certes, ma liseuse est bien plus pratique, mais l’inconvénient c’est de pouvoir la recharger, ce qui ne m’est pas possible en toute circonstance : il m’arrive de me séparer de mon ordinateur parfois.

 

Toutefois, ce concept est réservé aux jeunes urbains qui n’ont pas de problème de vue et se déplacent fréquemment. Il n’est pas vraiment adapté aux autres qui préfèreront sûrement le format traditionnel.

 

Quant aux adeptes du numérique, ce nouveau format n’est en rien un concurrent. C’est un coup éditorial à tenter pour faire évoluer le livre papier mais qui n’a, je pense, pas l’ambition de faire reculer le développement des liseuses et autres Ipod.

 

 

Pour aller plus loin, découvrez les billets de SoBookOnLine  et de  ebooquin.

 

 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 19:24

 

les-editeurs.jpgIl était temps : depuis 2009, ma page des éditeurs n'est plus mise à jour. C'est désormais chose faite : je viens de classer par éditeur tous les livres traités sur le blog depuis 2006. 

 

 

C'est ici !

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 00:10

Comme nombre d’entre vous certainement, j’ai reçu un mail me proposant de venir à un « criminal speed dating » :

 

« Madame Anne-Sophie DEMONCHY

 

 Dans le cadre de l'enquête concernant le meurtre de votre confrère, le journaliste Frédéric Carloni, le groupe d'investigation Meunier souhaiterait vous entendre au plus vite au Quai des Orfèvres. Merci de prendre connaissance des détails de cette [ convocation ]*

 

Commissaire Jean Delajoie,

Bureau 315.

commissaire.delajoie@36quaidesorfevres.fr

 

 

 

* Lien direct pour lire votre convocation : http://www.36quaidesorfevres.fr/convocation_presse.html

 

=====================

Ce courriel n'émane en aucun cas d'une autorité judiciaire. Il s'agit d'une invitation presse envoyée dans le cadre du lancement national du nouveau roman policier "L'Éclat du diamant" édité par L'Autre Éditions, RCS Créteil B 511 755 688. »

 

 

Comme on le comprend en bas du mail, il s’agit d’une invitation pour le lancement d’une nouvelle maison d’édition : L’Autre éditions. Je n’ai pas pu me rendre au rendez-vous. Mais j’ai cependant reçu le premier livre : L’Eclat du diamant, de John Marcus.

 

Avant même d’aborder le contenu du roman (prochain billet… Je garde un peu de suspens !), concentrons-nous sur la présentation peu habituelle de l’objet. D’abord, un bandeau, sorte de slogan écrit en rouge, annonce qu’il s’agit du « polar de l’été – une enquête du commissaire Delajoie ». En quatrième de couverture, un prix de lancement indique que jusqu’au 31 décembre, le livre est au prix de 11,09 euros (c’est précis…) puis il passera à 16,83 euros ! On n’est pas au bout de ses surprises puisqu’en ouvrant le roman on découvre dans les couvertures intérieures des annonces publicitaires… Suit une page énumérant les différentes personnes qui ont contribué à la préparation et publication de L’Eclat du diamant. Enfin, un message de l’éditeur, Jean-Marc Bastardy, explique les grandes ambitions de cette maison d’édition. Avouez que tous ces procédés sont originaux…

 

Comme tout cela me paraissait peu commun, j’ai voulu en savoir plus et pris contact avec la maison d’édition. La publicité est un choix volontaire de l’éditeur qui veut faire la promotion (gratuite me précise-t-on) d’une association de parrainage et d’une maison d’édition La Tortue… L’Autre éditions ne veut pas faire du livre un simple objet littéraire mais un « objet-sandwich ». D’ailleurs, on me fait remarquer que le sujet du roman colle parfaitement avec le rendu du livre. Certes…

 

D’autre part, cet été et jusqu’au 25 septembre des étudiants proposent aux vacanciers de Bordeaux, Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Lille et Toulouse L’Eclat du diamant en vente directe, pour la somme de 10€. Les vendeurs sont des « autoentrepreneurs » : ils toucheront 50% du prix du livre ainsi qu’une indemnité forfaitaire de 600 euros. L’Autre éditions justifie cette volonté de vendre le livre à 10€ seulement pour « ne pas faire peser tout le poids du livre sur le lecteur », quitte à ce que cela ne soit ni rentable pour l’éditeur pas plus que pour l’auteur… D’ailleurs quand j’émets quelques doutes sur l’identité de l’auteur, John Marcus, émettant l’hypothèse que derrière ce nom se cache une équipe, l’attachée de presse me répond qu’en effet il s’agit bien du pseudonyme d’un auteur qui « a beaucoup travaillé dans le monde de l’entreprise ». Intéressant quand on sait que l’éditeur, qui ne connaissait pas ce milieu avant de créer L’autre éditions, était lui aussi « dans le marketing et a monté plusieurs entreprises »…

 

 

Si L’autre éditions a choisi la vente directe c’est parce qu’elle a difficilement accès à la diffusion. Dénonçant le système Amazon qui exige près de 50% de remise commerciale, elle préfère se tourner vers les librairies indépendantes ou vendre directement le livre sur son site :

 

« Lorsqu’un petit éditeur veut travailler avec Amazon, les choses sont assez simples : il doit accepter, sans aucune négociation possible, les termes du programme dénommé : «  Amazon avantages » (…)

Cas pratique de L’Éclat du diamant

(vendu 11,09 TTC pendant la phase de lancement)

— Pour chaque commande, Amazon nous rétrocèderait 5,26 HT (à 90 jours…) ;

— Le coût postal unitaire de la commande automatique (480 pages – 620 grammes) est de 3,92 € (en France, il n'y a pas de tarif postal préférentiel pour les professionnels du livre même si Amazon, de son côté, bénéficie bien sûr d'un tarif préférentiel sur "les volumes") ;

 

Sans aller plus loin (ni intégrer le coût de l’enveloppe à bulles, de l'étiquette, les frais de gestion de traitement de la commande, etc.), le solde ainsi obtenu et revenant à l’éditeur (soit 1,36 € - vous avez bien lu !) ne couvre pas la fabrication du livre.

Quant à l’auteur, il n’est pas encore payé bien évidemment… »

             

Pour le moment, la maison d’éditions n’a publié qu’un livre et n’acceptera de manuscrits qu’à partir de janvier prochain…

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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 12:14

Léchange entre JG et Cécile de Quoi de 9 sur mon blog m’a particulièrement intéressé parce qu’il montre la complexité de « gérer » l’entreprise qu’est une maison d’édition. J’ai donc poursuivi mes investigations en rencontrant un éditeur bien au fait de la déroute de l’un des deux éditeurs dont j’ai fait cas ici. Mais son raisonnement a une valeur générale, même si c'est un point de vue purement mercantile. Il n’est évidemment pas question de qualité littéraire mais d’argent.

Selon cet éditeur, cette maison d’édition, qui avait à la tête une personne d’expérience, s’est lancée aveuglément dans la cavalerie. Elle a publié énormément de livres sans réfléchir au préalable à sa cible. Alors qu’ « elle a voulu jouer dans la cour des grands », elle n’a pas fait d’études de marché ni anticipé les coûts de ses productions. Le rôle du libraire, plus encore que du distributeur ou du diffuseur, est grand car c’est lui qui vend les livres. Pour cet éditeur, « le libraire est une banque : ce qu’il n’a pas vendu, c’est perdu et c’est de la place en moins pour d’autres livres. Il veut faire du chiffre ; or un livre non vendu dans la semaine est de la place prise, c’est donc de l’argent immobilisé pour rien. En prime, il va devoir rembourser, lors des retours, l’éditeur. Pour l’éditeur, c’est tout bénéf. C’est pour ça que certains éditeurs ont abusé de la confiance des libraires parce qu’ils ont sorti des volumes, gagné de l’argent virtuel. C’est ce qu’on fait quand on est en danger : le libraire achète, les comptes de l’éditeur remontent en attendant les retours. Mais quand les retours arrivent, il renvoie de nouveaux livres au libraire. On peut rester longtemps sur ce schéma. Quand les libraires en ont marre et qu’il ont blacklisté l’éditeur, c’est fini pour lui.

Comme on aime son banquier, on aime son libraire, se méfier de lui parce qu’il a des goûts particuliers (…). Il faut ne pas décevoir le libraire : s’il y a trop de retours on arrête.  (…) Ca veut dire aussi qu’on a raté notre cible. Il faut être à l’écoute du public. X ne l’était pas : elle publiait pour les quelques familles bobo de Paris ».

 

Bienvenue dans la dure réalité du marché !

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 11:47

La semaine dernière fut terrible… La bourse s’est effondrée, les actionnaires ont paniqué, revendant leurs actions n’importe comment. C’est la crise ! Hélas, il n’y a pas que les courtiers et les banques qui ont joué gros, ont pris des risques et ont fait faillite : deux éditeurs de la place de Paris se retrouvent ruinés. L’un semble avoir trouvé une solution dans l’immédiat, l’autre est en liquidation.

 

Vendredi, l’éditeur ruiné m’a téléphoné pour m’expliquer sa situation. Comme les courtiers, il a pris de très gros risques sans évaluer précisément les dangers qu’il encourait. Au départ, cette maison était petite, se contentant de publier des ouvrages spécialisés dans la musique et la sous-culture. Mais hélas, ce type de publications n’étant pas rentable, l’éditeur a dû changer de stratégies et s’éloigner quelque peu de ses premières amours. Il aurait suivi les conseils de son distributeur lui proposant de produire des livres plus people, des quickbooks (livres écrits en quelques semaines sur un sujet d’actualité). Certains livres se sont bien vendus et d’autres nettement moins bien. Si les éditeurs pensent faire un bon coup en publiant n’importe quel sujet sans intérêt, les lecteurs ne sont pas dupes : avant d’acheter un livre, ils le feuillètent et évaluent si l’achat est intéressant ou pas.

 

Avec ces livres people, l’éditeur pensait donc gagner suffisamment d’argent pour équilibrer ses comptes voire gagner de l’argent. Le problème c’est qu’il a misé très gros encore une fois. Quand on espère vendre des livres, il faut donc en mettre une grande quantité sur le marché. Le distributeur avance la somme des livres, l’éditeur empoche l’argent. Il est bénéficiaire. Mais quelque temps plus tard, retour des invendus : l’éditeur doit rembourser les livres qui lui reviennent. Si le livre n’a pas convaincu, l’éditeur peut perdre énormément d’argent. Pour se refaire, il doit alors remettre sur le marché d’autres livres qui devraient être rentables (des livres grand public). Plus il en publie (je n’ose écrire « édite), plus on lui avance de l’argent, plus il repousse l’échéance du remboursement.

 

Le problème c’est que ces spéculations ne tiennent qu’un temps : il arrive donc qu’à un certain moment, l’éditeur ne contrôle plus sa production. Plus il voit ses comptes en déficit, plus il commande des livres, écrits rapidement. Plus il en met sur le marché, plus les sommes à rembourser sont importantes. Et un jour, il faut payer ou mettre en liquidation sa maison, perdre son catalogue…

 

C’est ce qu’on appelle la cavalerie éditoriale.

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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 12:02

Depuis quelques semaines, la collection Exprim’ suscite la polémique à la fois sur Internet comme dans les librairies. Certains peinent à comprendre comment on peut classer des romans à la prose aussi percutante que violente dans le rayon réservé à la jeunesse, c’est-à-dire à des lecteurs non avertis qui ont encore besoin d’être guidés voire éduqués. Mais, le directeur de la collection, Tibo Bérard, a une autre conception de la littérature jeunesse : c’est une littérature innovante, dynamique et ancrée dans le réel… Loin de la visée pédagogique demandée par une partie des professionnels de l’éducation, la collection Exprim’ publie des romans écrits par de jeunes auteurs provenant des scènes musicales, des quartiers, et d’ailleurs.

 

C’est dans les locaux de la maison d’édition Sarbacane que j’ai rencontré Tibo Bérard.

 

De Topo à Exprim’

Tibo Bérard avant d’être éditeur était journaliste au magazine littéraire Topo. A la fin de l’aventure, il n’avait plus envie de continuer dans cette voie mais plutôt de se diriger vers le secteur jeunesse et l’édition. D’emblée, il remarque qu’ « il manquait une littérature française qui soit connectée à son époque tout en étant inventive et percutante, une sorte de pendant à la littérature américaine. J’avais remarqué également l’évolution des cultures urbaines, domaine qui m’intéresse beaucoup. J’avais rencontré Faïza Guène que j’avais interviewée lors de la sortie de son premier roman Kiffe Kiffe demain. On avait alors beaucoup parlé de cette culture et comment la littérature crée un pont avec l’oral, comment le conte se remodernise à travers le roman. Sur scène, on voit des types qui sont des performeurs mais en même temps des conteurs d’histoires ».

Fort de ses constatations, Tibo Bérard envoie quelques mails à des éditeurs qu’il estime et a rendez-vous avec Sarbacane qui souhaite au même moment lancer une nouvelle collection de romans. Tibo Bérard sait se montrer convainquant et Exprim’ est lancé.

Le problème c’est que s’il a des idées, il n’a guère encore d’auteurs… Un auteur qui avait publié deux albums chez Sarbacane, Sébastien Joanniez, venait d'envoyer un manuscrit à l'équipe, qui correspondait parfaitement au projet de la collection - un roman sous la forme d’un long slam, sans ponctuation, Treizième avenir. Mais, l’éditeur doit trouver d’autres auteurs pour étoffer son catalogue. Il se tourne alors vers l’éditeur des Sniper, Desh musique, qui lui affirme qu’un de leurs chanteurs, Insa Sané, vient de finir l’écriture d’un texte qui sera alors publié chez Exprim’ sous le titre : Sarcelles-Dakar en octobre 2006.

 



Un découvreur de talents

En moins de deux ans, dix-sept auteurs ont été découverts par Tibo Bérard : « Au début, j’ai trouvé les auteurs sur Mycepace, sur les scènes musicales... C’est moi qui les ai cherchés. J’ai contacté des gens parce que j’aimais un de leurs poèmes et je leur demandais s’ils n’avaient pas un roman de prêt. Ou bien je les ai fait écrire ». A présent que la collection s’est développée, des manuscrits arrivent par la poste. Ainsi « Karim Madani a lu Sarcelles-Dakar. Il m’a envoyé son bouquin (Hip-Hop Connexion). On sent qu’il y a une sorte de cousinage. Quand j’ai contacté Hamid Jemaï (Dans la peau d’un Youv), je l’ai trouvé sur la page 15 de Google. J’avais tapé « roman explosif », pleins de trucs comme ça. J’ai trouvé une interview où il parlait d’un manuscrit et il donnait un extrait ». Et puis la collection a évolué grâce aux influences des uns et des autres : « Quand Insa Sané a lu Hip Hop Connexion, je pense qu’il a eu envie d’aller encore plus loin, de travailler encore plus à une écriture percutante ». Et puis, chaque auteur a apporté sa pierre à l’édifice. Antoine Dole a eu l’idée pour lancer son roman, Je reviens de mourir, de créer une bande annonce sous forme de clip, idée séduisante puisqu’elle allait bien, selon l’éditeur, avec celle d’introduire une bande-son avant chaque début de romans. Ainsi, « tous les auteurs enrichissent à leur façon la collection, ils la portent au-delà des frontières du livre ».

 

Le travail d’éditeur : une collaboration étroite avec l’auteur

Tibo Bérard est passionné de littérature et cela se sent : il aime, entre autres, Albert Cohen, Arno Schmidt, James Ellroy… des auteurs qui à la fois jouent avec la structure du langage, des règles syntaxiques, réinventent le roman et en même temps s’attachent à l’histoire. C’est précisément la ligne éditoriale de la collection Exprim’ : « je suis très attaché à la mécanique narrative, affirme-t-il. On ne doit pas fermer un bouquin sans avoir envie de lire la suite. Il doit y avoir à la fois un délire de production, qu’on s’amuse sur les formes et en même temps, il faut qu’on sente la machine qui tourne, qu’il y ait des rouages ».

Tibo Bérard aime travailler avec ses auteurs, les faire réfléchir sur leur texte. Dans un premier temps, l’auteur et l’éditeur pensent à la structure du manuscrit. Par le dialogue, ils cherchent des idées : « j’ai un discours de khâgneux, super précis et pas rigolo, avoue-t-il, et je viens confronter cette grille analytique à des gens qui sont dans l’invention pure ». Tibo Bérard demande à l’auteur pourquoi il a choisi tel terme plutôt qu’un autre, refusant à tout prix le superflu ou le décoratif. Paradoxalement, il les aide à aller plus loin dans le développement de certains motifs, les aide à prendre des risques stylistiques pour trouver leur propre voix : en ce qui concerne le roman Sarcelles-Dakar, Insa Sané a développé le thème du cheveu au début de son manuscrit sans oser le développer de peur d’être trop personnel. L’éditeur, au contraire, lui a montré l’intérêt d’un tel motif et l’a encouragé à aller encore plus loin dans sa recherche. « Julia Kino, [auteur de Adieu la chair] avait une énergie très très intense et on a travaillé à faire en sorte que cette énergie là ne soit pas ramassée dans les vingt premières pages mais au contraire la faire monter en puissance ».

Dans un second temps, Tibo Bérard relit avec son auteur le manuscrit ligne à ligne. Ils travaillent désormais sur le style, de façon très précise. Cette collaboration est indispensable pour lui : « je ne pourrais pas travailler avec un auteur qui refuserait cette étape. En plus, je suis très tyrannique c’est-à-dire que je n’impose rien réellement mais je rends des textes aux auteurs qui sont bourrés de stylo rouge. Il y en a partout. Je propose des pistes. Il me faut une réponse. En même temps, quand je laisse passer des choses, au bout d’un moment, je suis tellement obsessionnel que je les remets. Mais si j’insiste sur un point c’est que ça ne fonctionne pas. L’avantage des auteurs de cette génération, c’est qu’ils sont débarrassés de l’ego de l’écrivain qui a choisi sa virgule et qui ne veut pas en démordre ».

 


Retour sur la polémique : les romans ado

Tibo Bérard ne croit pas en l’idée de motifs ou de techniques propres à l’adolescence. Lors d’un colloque sur la littérature, un chercheur a montré que le roman ado, pour ne pas perdre le lecteur néophyte, utilise, entre autres, le « je » et le présent. Mais, l’éditeur n’a pas manqué de lui faire remarquer que ces « motifs » se retrouvent dans le roman moderne : « ce n’est pas pour aider le jeune lecteur, c’est parce que ça correspond à notre époque ». Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les romans pour la jeunesse aident à vivre et à dépasser une crise, Tibo Bérard estime que les jeunes de 15-16 ans, préfèrent les textes « plus délirants, plus éclatés ». Néanmoins, il pense que le lecteur aimera lire d’autres textes, plus cérébraux, académiques, à d’autres moments de sa vie. Ainsi, selon lui, « on peut lire Ellroy n’importe quand mais je trouve que c’est génial de le lire à 20 ans, parce que l’on s’éclate ». Quant à la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, Exprim’ s’en dispense car « elle est née pour des raisons très précises, dans un contexte d’après-guerre. Cette loi, selon laquelle on ne peut pas présenter sous un jour favorable la consommation de drogues ou la violence, etc., me semble en un certain sens complètement obsolète ». Selon l’éditeur, cette loi ne devrait plus être de mise puisqu’elle confond enfance et jeunesse et ne correspond plus à notre époque. Comme il y a des films ou de la musique plus particulièrement appréciés par les jeunes, l’éditeur aimerait promouvoir une littérature dans cette veine, une littérature « percutante et qui se rattache au réel ».

 

 

 

Exprim’ publie dix romans par an ; ses deux best-sellers sont : Sarcelles-Dakar et La Fille du Papillon d’Anne Mupas.

 Le site est : là

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30 juin 2008 1 30 /06 /juin /2008 21:01

Suite à l’émission « Les nouveaux rois du divertissement » et ma rencontre avec Claire L’Hoër le mois dernier chez elle, j’ai eu très envie d’en savoir plus sur cet éditeur atypique et indépendant : Scali. Indépendant, il s’est spécialisé dans la culture pop et rock. Il est par conséquent discret dans la presse non spécialisée. Atypique parce qu’il publie près de 80 livres par an et se distingue ces dernières semaines avec des livres d’actualité écrits et édités en quelques semaines.

C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que j’ai pénétré les locaux des éditions Scali situées en plein cœur du quartier de la gare de l’Est dans le Xème arrondissement, loin du QG des grands éditeurs parisiens.

 

Bertil Scali a créé sa maison d’édition en 2004 pour publier des livres sur la contre-culture et la culture pop. Il est secondé par son épouse, Valentine, une secrétaire, une attachée de presse en free lance et un stagiaire. C’est avec cette équipe restreinte que Scali parvient à sélectionner les manuscrits, travailler les textes, s’occuper du suivi commercial et des projets… Parce que l’équipe est trop petite pour prendre en charge tous les projets, elle fait appel à « des auteurs qui eux-mêmes travaillent avec des journalistes. Ce réseau propose des livres que l’on accepte ou pas ». Ces jours-ci sort en librairie un essai sur Bertrand Cantat (Un noir désir d’Andy Vérol) apporté par Patrick Eudeline.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Scali publie peu de livres « commerciaux » : « 90% de notre production est constitué de livres à petits tirages, à petites mises en place, malheureusement. Ce sont des livres souvent qualifiés de « subculture » ; or je pense qu’aujourd’hui c’est la culture de tous. C’est le cœur de notre catalogue, c’est vraiment ce en quoi on croit, ce que l’on veut développer. Il n’y a pas tant de choses sur ces sujets-là ». En regardant les sorties de ce mois de juillet, on s’aperçoit que ce sont les romans générationnels et les livres sur la musique qui dominent.

Mais Bertil Scali ne cache pas non plus son goût pour l’actualité et ce que les journalistes appellent les quick books (livres écrits et publiés en quelques semaines) : « j’ai une formation de journaliste. J’ai travaillé 8 ans à Paris-Match, puis au Daily Mirror qui est un tabloïd britannique, j’étais correspondant très longtemps à Paris-Match à Londres, 5 ans à VSD dans les services d’actualités en tant que reporter ; j’ai donc une culture du journalisme et une habitude de la réaction à chaud, rapide sur les événements ». Sans être une maison d’édition spécialisée dans le document, Scali aime publier des livres d’actualité si l’occasion se présente : « si on pense que ça peut être rentable et amusant et que ça peut nous permettre de gagner un peu d’argent et financer nos autres livres qui sont en général plus confidentiels, on le fait. Il y a eu une succession d’événements dans l’actualité qui a permis la publication de plusieurs livres de ce type. C’était parce que l’actualité a été extrêmement forte. C’est principalement grâce à Sarkozy et ça dépasse la politique : son arrivée a changé la vie quotidienne, culturelle… et a eu un impact massif. Il est hors du commun. En l’espace de trois mois, il se sépare de sa femme, se réconcilie, est élu président, divorce et six semaines plus tard arrive au bras d’un top model people. C’est fou ! Pour nous c’était l’occasion de traiter ça (Carla et Nicolas, chronique d’une liaison dangereuse). Carla Bruni est en plus un personnage très rock’n’roll », ce qui colle parfaitement avec l’esprit Scali car selon l’éditeur, « on a tendance à associer la pop culture à quelque chose d’underground et que ce qui est rock est forcément marginal. Nous, c’est ce qu’on fait : on raconte toute l’histoire de l’actualité contemporaine qui est complètement liée à ces cultures. Mais ce n’est pas tout. Quand un film comme Les Ch’tis explose toutes les recettes d’entrées de toute l’histoire du cinéma français, c’est un phénomène culturel d’aujourd’hui. Claire L’Hoër nous contacte pour nous dire qu’elle est du Nord, agrégée d’Histoire et voudrait traiter de ce sujet qui est d’expliquer pourquoi ce film a eu cet impact socio-culturel. On ne dit pas non. C’est vrai que tout à coup, on voit que ça provoque des réactions. Certains pensent qu’on est devenus du jour au lendemain milliardaires avec ces livres. Ce qui n’est pas le cas malheureusement. D’autres nous disent qu’on fait ça pour l’argent. Nous, on est indépendant. Ce qui signifie gagner de l’argent. Si on n’en gagne pas, on en perd et on meurt ». Le problème selon l’éditeur est de survivre, de façon indépendante, dans le milieu dominé par les grands groupes très puissants. Aussi, « si on veut continuer à pouvoir publier des livres sur la musique électronique (Global Techno, de Jean-Yves Leloup) par exemple avec une mise en place de 500 exemplaires ou la culture punk (Dictionnaire raisonné du punk) avec une mise en place de 300 exemplaires, on a aussi besoin de faire des livres qui se vendent bien. On est sur un marché, on est indépendant. La concurrence est extrêmement violente, en particulier pour les petits éditeurs qui sont les moins visibles. Les gros groupes sont centenaires, riches et puissants. Nous, on n’est rien… On survit comme on peut. On essaie de trouver un équilibre entre nos publications commerciales et confidentielles. Il faut comprendre qu’un petit éditeur indépendant ne vit que de ses ventes, il n’a pas de fonds, ne profite pas de toutes les ventes de droits annexes et n’a pas de moyens financiers énormes. Nous, on utilise des bouts de ficelles. On trouve des auteurs passionnés et on fait des livres qui nous motivent. Si de temps en temps, on peut publier un livre qui nous permet de rééquilibrer nos comptes, on ne doit pas s’en priver ».

Bertil Scali défend sa production et surtout n’aime pas que l’on catalogue certains de ses livres. C’est le cas d’Innocente de Lucie Ceccaldi que je classe parmi les livres d’actualité : « Ce récit formidable de la mère de Michel Houellebecq parle de l’Algérie d’avant et pendant la guerre, l’Algérie sous l’occupation américaine. Il décrit le début de l’émancipation des femmes et de l’époque Hippie. Ce livre n’aurait évidemment pas eu autant de répercussion s’il n’avait pas été écrit par la mère de Houellebecq. Evidemment, elle est aussi la mère de l’un des écrivains français contemporains le plus important. C’est ce qui rend ce livre encore plus riche. J’étais non seulement pris par le récit de cette femme mais aussi par l’histoire filiale. J’ai retrouvé tous les thèmes que Michel Houellebecq aborde dans ses romans ».

Si Bertil Scali a voulu publier le récit de Lucie Ceccaldi en communiquant sur sa filiation avec Michel Houellebecq, il n’en demeure pas moins qu’il a un goût très affirmé pour les récits générationnels. Il aime les livres racontant le passage de l’enfance à l’âge adulte inscrit dans une époque (liée à une musique, des films…). C’est ainsi qu’au moment de la publication d’Innocente, sort le roman d’une certaine Gabrielle Maudet : Un Long ruban de goudron, racontant également les années hippies, roman dont j’aurai très vite l’occasion de vous parler. L’année dernière, Scali a découvert un très jeune auteur, Boris Bergman, âgé seulement de 15 ans. Ce garçon lui a envoyé le manuscrit d’un journal racontant comment le rock avait changé sa vie : Viens là que je te tue ma belle. Très vite, l’éditeur a été confronté à de nombreux obstacles. D’abord de la part des commerciaux qui ne parvenaient pas à placer le livre en librairie (500 exemplaires au départ), ensuite de la part des journalistes qui n’ont pas apprécié, ne comprenant pas la démarche de publier un si jeune garçon. Finalement, Boris Bergman a été sélectionné au prix de Flore, il a perdu à une voix contre Amélie Nothomb, et a reçu Prix de Flore des lycéens comme lot de consolation. Le livre s’est vendu à 6 500 exemplaires ! A partir de cette expérience, les éditions Scali ont lancé un concours : le Grand Jeu qui permet à des lycéens d’écrire un roman qui, s’il est sélectionné, sera publié. Cette démarche permet ainsi à des jeunes de se mettre à écrire et à retravailler des textes de façon non scolaire. Bertil Scali est intarissable sur ce projet : « Ces livres écrits par des jeunes comme ça c’est beau : c’est spontané, plus poétique que ce qu’on imagine. On se rend compte que grâce à Internet, les ados peuvent acquérir une culture musicale et cinématographique bien plus dense que les générations précédentes. Ceux qui sont capables d’assimiler tout ça peuvent écrire des choses magnifiques. Nous, on a envie de valoriser ces textes ».  

L’autre aspect que les éditions Scali défendent avec beaucoup de passion ce sont les livres sur la subculture, encore trop peu visibles. Selon l’éditeur, le problème c’est que « tout le monde parle de la même chose. Tout le monde pense que ce dont on n’a pas encore parlé n’intéresse personne. Moi je ne le pense pas. Notre maison a un public et on a une véritable relation avec nos lecteurs qui apprécient notre travail. Parmi nos lecteurs, on se rend compte qu’il y a des personnes de toutes les générations s’intéressant à cette culture rock. Elles ouvrent des blogs, se retrouvent sur des forums pour parler musique et culture. Un type comme Patrick Eudeline, c’est une star dans les lycées. C’est grâce à des journaux comme « Rock and Folk » qui continuent à défendre cette culture et à la raconter, ces journaux sont très lus par les adolescents, et sur Internet, ils se retrouvent autour de ces sujets, découvrent ainsi les Rolling Stones, Eudeline, Rimbaud, la littérature… Ils veulent alors écrire. Nous, on reçoit de nombreux manuscrits d’adolescents qui nous proposent des poèmes, des romans… Mais on est dans un pays conservateur. Pour moi, ce sont les mêmes personnes qui considèrent que ce n’est pas bien de faire un livre d’actualité qui va se vendre et de publier un auteur de 15 ans. En plus, on reproche de façon beaucoup plus virulente à un petit éditeur de publier des livres d’actu pour équilibrer des comptes qu’à d’autres éditeurs beaucoup plus importants. Les gros éditeurs le font tous ».

Pour conclure, Bertil Scali m’a présenté sa « Revue » littéraire : « Je considère qu’une maison d’édition est un média. On a eu envie de donner une place à des textes trop courts pour constituer un livre. Le thème de ce premier numéro est mai 68. Les intervenants ont entre 15 et 70 ans ! On trouve des interviews, des extraits de livres publiés chez Scali, des textes plus ou moins longs… » En partenariat avec Technikart, la revue est disponible en librairie et en kiosque.

 

Cette rencontre avec Bertil Scali était passionnante parce que non seulement nous avons discuté culture mais également édition indépendante. Cette maison se bat avec les mêmes armes que les gros éditeurs en publiant des livres grand public et en faisant le choix de la grosse production tout en gardant sa ligne éditoriale d’origine : les récits générationnels et la subculture.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 00:09


V
ous avez dû certainement vous apercevoir ces dernières semaines que je suis devenue une inconditionnelle de Jonas Hassen Khemiri, l’auteur du très bon Montecore, un tigre unique. Je ne pouvais donc pas m'arrêter en si bon chemin : j’ai voulu rencontrer son éditrice au Serpent à plumes, Nathalie Fiszman.

Hériter du Serpent à plumes peut être un cadeau empoisonné. En effet, la maison d’édition a une histoire chaotique et compliquée. Au départ, le Serpent à plumes était une revue littéraire, créée par Pierre Astier en 1988. Cinq ans plus tard, la revue s’est transformée en maison d'édition et a compté de nombreux auteurs étrangers et francophones de renommée internationale comme Thimothy Findley, Cotzee, John Cheever ou Dany Laferrière. Une collection poche est créée : Motifs.

Au début des années 2000, la maison d’édition a été rachetée par les éditions du Forum puis par le Rocher en 2004 et Pierre Astier et son équipe ont été licenciés. Le Serpent à plumes a disparu, seule la collection Motifs a perduré. Les auteurs, pour la plupart, ont quitté également le Rocher. En 2005, les éditions Privat ont racheté les éditions du Rocher et le Serpent à plumes a pu renaître de ses cendres.

 

Depuis deux ans maintenant, Nathalie Fiszman est à la tête du Serpent à plumes. C’est une femme jeune, pétillante et passionnée. Quand je lui ai demandé s’il n’avait pas été trop difficile de prendre la direction de la collection, elle m’a demandé, le sourire aux lèvres : « ai-je l’air de souffrir ? » En effet, l’éditrice n’a rien d’un souffre-douleur bien au contraire. Elle semble parfaitement savoir ce qu’elle veut et comment y parvenir : retrouver le prestige du Serpent à plumes en étoffant de grands noms son catalogue comptant déjà Jorge Edwards, George Orwell...

 

De façon classique, Nathalie Fiszman a commencé sa carrière d’éditrice comme stagiaire mais dans une maison prestigieuse, chez Gallimard auprès du célèbre spécialiste de Proust, Jean-Yves Tadié, puis est employée dans la collection de La Pléiade.

Par la suite, elle entre aux éditions du Rocher et s’occupe plus particulièrement de littérature étrangère. C’est ainsi qu’elle publie des auteurs aussi illustres que Jonathan Coe et Fernando Vallejo.

Un jour, elle démissionne du Rocher pour partir à l’aventure et « mener la belle vie » : pendant deux ans, elle met sa carrière d’éditrice de côté, voyage, a un enfant et fait de la photo. A son retour, elle est de nouveau reprise au Rocher. Enfin, en 2006, on lui propose de reprendre la tête du Serpent à plumes.

 

Contrairement à ce qui était pratiqué pendant un an, elle souhaite offrir au Serpent à plumes une image innovante en proposant un projet très ambitieux. Pour marquer sa différence avec son prédécesseur, elle a renoué avec l’esprit originel du Serpent : publier des auteurs étrangers d’une part ; et proposé une nouvelle maquette. Avec malice, Nathalie Fiszman me confie qu’elle veut tout contrôler : le choix des manuscrits, des collaborateurs, le graphisme des couvertures…

Elle vise ainsi deux objectifs : d’abord consolider les bases en publiant des auteurs classiques comme un inédit de George Orwell, Une fille de pasteur ou Jorge Edwards, Le bon à rien de la famille. Son deuxième objectif est de faire découvrir de nouvelles plumes venues de tous les horizons. Nathalie Fiszman a une ligne éditoriale très vaste puisqu’elle se fie au coup de cœur. Malgré tout, se dégage de son catalogue un goût certain pour l’absurde, l’étrange, la fantaisie…

 

Pour repérer de nouveaux talents, Nathalie Fiszman voyage beaucoup à travers le monde, repère dans les librairies les différentes maisons et leur ligne éditoriale, veut savoir chez quel éditeur est publié tel ou tel auteur qu’elle apprécie. Ainsi, elle se crée un réseau d’écrivains et d’éditeurs avec lesquels elle collabore.

Quant aux auteurs français, pour le moment, elle n’en a publié que deux. Soudain, je m’avance : « seriez-vous prêtes à travailler avec des agents français ? » « Bien sûr ! », me répond-elle sans l’once d’une hésitation. Elle préfère séparer les négociations financières des discussions littéraires affirmant se reconnaître davantage dans la manière de travailler des anglo-saxons.

 

A quelques semaines de la rentrée littéraire, Nathalie Fizsman se montre confiante : « Vous allez voir à la rentrée en automne, Le Serpent se remplume ! » On le lui souhaite…

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4 mai 2008 7 04 /05 /mai /2008 20:07

Je me suis beaucoup amusée en lisant une enquête du Figaro littéraire sur la méthode Fixot, vous savez l'éditeur qui a pour devise : "Lire pour le plaisir".

D’abord, le gage d’un bon éditeur consiste, selon Bernard Fixot, à se consacrer pleinement à ses auteurs et pour cela ne publier que dix à douze livres par an. Or, le journaliste rapporte quelques lignes plus bas qu’en huit ans, Bernard Fixot a publié 157 romans. Si je compte bien, on atteint presque les 20 livres par an, soit le double du chiffre avancé ! Rendons justice à l'éditeur : je crois qu'il s'agit d'une coquille de la part du journaliste... Le catalogue conterait près de 100 romans publiés à ce jour. Pour qu'un livre se vende bien, il faut faire une part belle à la com', faire des couvertures bien voyantes et une quatrième de couv’ accrocheuse. C’est le minimum…

Ensuite, l’ « école Fixot » consiste à écrire des histoires qui touchent le plus grand nombre. Quand certains auteurs ou éditeurs daignent affirmer qu’ils ne savent comment naît un succès, Bernard Fixot a la réponse au point qu’il n’hésite pas à demander à ses auteurs de corriger plusieurs fois leur manuscrit jusqu’à obtenir l’effet escompté, si bien que, pour cet éditeur, on ne naît pas écrivain, on le devient. Dans l’article, on ne nous donne pas vraiment les recettes d’une histoire porteuse mais en lisant quelques romans publiés chez XO vous devriez les retrouver…

Enfin, pour susciter un certain engouement autour d’un livre, Bernard Fixot mise sur le capital sympathie de l’auteur : « J'ai choisi le créneau des livres populaires, et pour cela il faut travailler avec des auteurs qui ont le goût des autres ». Si vous vous contentez juste d’écrire de belles histoires mais que vous êtes bourru voire misanthrope, allez frapper à une autre porte.

A présent, vous avez les clefs pour faire un best-seller !

 

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