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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 19:26

ppda-drucker.jpgNous avions bien ri, l’an passé des mésaventures de Calixte Beyala qui avait été déboutée de sa plainte contre Michel Drucker. L’animateur télé lui avait promis, sans faire un contrat écrit, la somme de 200 000 euros (vous ne rêvez pas…) pour écrire les réponses que seraient censées faire Drucker à Régis Debray dans un livre d’entretien qui aurait dû paraître chez Albin Michel. Et puis, la situation entre eux tournant au vinaigre, le livre ne devant plus se publier, Drucker a décidé de ne rien donné au ghostwriter.

 

La situation était piquante : aucune morale dans cette affaire. Un people confie à sa maîtresse un livre à écrire pour une somme exubérante, somme qu'il se gardera bien de donner. Elle, pour se venger d'une relation amoureuse ratée n'hésitera pas à confier leur histoire dans L’Homme qui m’offrait le ciel… 

Nous croyions que l’affaire s’arrêterait à ce procès désastreux où Calixte Beyala a été condamnée à verser un euro pour procédure abusive. Mais, celle-ci a finalement obtenu gain de cause. La cour d'appel lui a donné raison : celle-ci a bien « œuvré à la composition du manuscrit », en précisant que, si elle n'a pas signé de contrat écrit, c'est parce qu'elle se trouvait « dans l'impossibilité morale » de le faire ayant une « relation intime établie depuis plus de deux années » avec Drucker.

 

Hélas, ce n’est pas 200 000 euros que l’auteur a obtenu mais… 40 000… Je sais, je sais… la plupart des auteurs aimeraient toucher une telle somme pour rédiger une douzaine de réponses. Mais je me permettrais de rappeler à ces gourmands que pour gagner un tel pactole il faut accepter d’être le nègre d’un people… Sinon, au mieux pour un à-valoir dans une maison d’édition prestigieuse, si l’on n’est personne, c’est-à-dire un auteur de talent sans renom, on peut espérer au mieux 3 000 euros. Et estimez-vous heureux qu’on ne vous réclame pas d’argent pour publier votre livre invendable !

 

Eh oui… c’est bien cela le fond du problème de ces nègres et de ces plagiats… Au moment où l’affaire PPDA défraie la chronique, on se rend compte que l’édition ne vit que de coups et de tricheries. Le boulot d’éditeur cherchant à faire découvrir des textes de qualité ou celui d’auteurs désireux d’atteindre une perfection littéraire ou intellectuelle ne rapportent pas un radis. Combien croyez-vous que Peter Griffin, auteur aujourd’hui décédé et biographe d’Ernest Hemingway a touché d’à-valoir ? Parce que Patrick Poivre d’Arvor, lui a certainement dû empocher une somme pharaonique pour ce livre plagié et écrit très certainement par un autre - Bernard Marck.

 

Mais ils sont très forts ces auteurs qui n’écrivent pas leur livre et espèrent s’en tirer à bon compte. Drucker a déclaré dans France soir : « Mme Beyala a obtenu à peu près la somme que nous proposions au départ. Tout ça pour ça ! Elle a demandé plus de 200.000 € alors que, je tiens à le préciser, il s'agit de la réécriture de 60 pages, au sein d'un livre qui n'a jamais vu le jour ». On se demande pourquoi il n’a pas écrit ces 60 pages lui-même… Quant à PPDA qui n’a pas eu l’honnêteté intellectuelle d’avouer son plagiat, il s’est empressé de mettre en cause son éditrice puis a demandé à son nègre d’intervenir dans Le Parisien pour expliquer ses pratiques douteuses consistant à recopier les textes des uns et des autres sans penser toujours à mettre des guillemets. Il est fort ce Patrick : il a raison, on ne peut pas l’accuser de quelque chose qu’il n’a pas fait. Parce que pour plagier un livre encore faut-il l’avoir écrit !

Oui, ces deux hommes, Drucker et PPDA ont du talent : quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, ils auront toujours le public avec eux et surtout le réseau. Nombreux sont ceux qui seront toujours prêts à les défendre, endosser leurs erreurs, travailler corps et âme pour eux... 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 20:01

ppda.jpgRions un bon coup : Patrick Poivre d’Arvor s’est enfin fait piéger Et je dois bien avouer que je savoure avec un plaisir non dissimulé ces révélations et démentis dans les médias. Enfin la vérité éclate au grand jour ! Depuis des années, le petit milieu sait que l’ancien journaliste du 20 heures n’écrit pas vraiment tout seul ses livres… Mais personne n’a jamais eu des preuves tangibles pour le dire haut et fort sans risquer un procès. Lors de mon enquête sur les nègres littéraires, j’ai eu au téléphone des personnes qui avaient eu à travailler pour lui, m’expliquant la façon dont elles avaient collaboré avec lui mais me demandant de ne rien révéler. Personne n’aurait eu le culot d’affirmer que l’animateur de Vol de Nuit, le fondu de littérature, n’écrit pas seul ses livres. Mais depuis le scoop de L’Express du mardi 4 janvier, le mythe PPDA s’est effondré.

 

J’ai été passionnée à plus d’un titre par cette enquête qui montre sans équivoque que la biographie que PPDA compte publier fin janvier aux éditions Arthaud sur Ernest Hemingway a été très fortement inspirée d’un texte de Peter Griffin, paru aux Etats-Unis, en 1985, aux éditions Oxford University Press. La biographie a été traduite puis publiée chez Gallimard en 1989 mais serait aujourd’hui quasi introuvable. Le journaliste montre des similitudes évidentes entre les deux textes. Et pour enfoncer le clou, il publie les textes originaux et plagiés en vis-à-vis…

 

Il est d’abord étonnant que ce journaliste de L’Express soit capable de savoir que la biographie de Poivre d’Arvor est un plagiat et de donner des exemples précis. De même, il est en mesure de penser qu’il aurait fait appel à un nègre, Bernard Marck parce qu’une « discrète mention, étrangement placée sous les "crédits photographiques", en toute fin de sa biographie, intrigue : "Remerciements à Bernard Marck, grand spécialiste du Paris de l'entre-deux-guerres" ». Et de préciser que Bernard Marck, « ancien rédacteur en chef d'Aéroports Magazine, est connu comme un historien de l'aviation, sujet auquel il a consacré de très nombreux ouvrages - il a par exemple publié un Il était une foi Mermoz (éd. Jean Picollec), en 2002, un an avant que PPDA sorte lui aussi un ouvrage consacré au célèbre aviateur, en collaboration avec son frère, Olivier. En 2006, le présentateur de TF 1 fera même d'un autre livre de Bernard Marck, Rêve de vol, son "coup de cœur" de l'émission littéraire qu'il présentait alors sur LCI ».

 

Comment le journaliste de L’Express est-il en mesure de penser que cet homme serait le nègre de PPDA ? Comment a-t-il eu l’idée de se dire que ce remerciement à la fin de l’ouvrage est étrange ? Le journaliste sait qu’il prend des risques en faisant de telles affirmations. S’il se le permet, c’est qu’il est bien renseigné. Soit, c’est Marck lui-même qui a vendu la mèche, mais ce n’est pas très crédible puisqu’il est accusé de plagiat, soit, c’est une petite main de la maison d’édition qui l’a révélé au journaliste. Ce qui ne m’étonnerait pas, ayant eu vent nombre de fois de ce genre de situations mais sans pouvoir avancer une preuve concrète. Le plagiat est LA preuve imparable qui autorise un journaliste à révéler une collaboration secrète.

 

Mais L’Express ne s’est pas arrêté à ces deux faits. Le journaliste explique la raison pour laquelle il serait logique que PPDA ait un nègre : il n’a matériellement pas le temps de mener à bien toutes ses activités professionnelles (et j’ajouterai personnelles que l’on sait tumultueuses) : « Il est vrai que ses journées ne lui laissent guère le loisir de travailler à de volumineuses biographies. Ces temps-ci, outre une émission hebdomadaire sur France 5 (La Traversée du miroir), une chronique quotidienne dans France-Soir, la direction, avec son frère Olivier, de la collection d'anthologies littéraires Mots pour mots aux éditions du Seuil et la mise en scène, l'été dernier, d'un opéra (Carmen), PPDA continue à être un écrivain prolifique. Souvent avec succès : il a ainsi obtenu le prix Interallié en 2000, pour L'Irrésolu, et s'est hissé jusqu'à la première sélection du Goncourt 2006, pour Disparaître, cosigné avec son frère. Si l'on s'en tient à la seule année 2010, il a publié un roman, cosigné deux essais, réuni huit anthologies et rédigé six préfaces... »

 

Poivre d’Arvor a donc une bonne excuse pour ne pas écrire ses livres : il n’a pas le temps. Le problème c’est que précisément, cet ancien journaliste de TF1 a consacré sa vie à se faire passer pour un écrivain. Dans toutes ses interviews, il affirme écrire chaque nuit entre minuit et quatre heures du matin, parce que c’est un besoin vital pour lui. Il a voulu conserver son émission littéraire le plus longtemps possible malgré son horaire très tardive et le peu d’audimat parce qu’il se voulait homme de lettres. Jamais il ne reconnaîtra avoir fait appel à un collaborateur, jamais, contrairement à ce qu’a pu dire Christophe Barbier sur France 5, il ne se remettra d’un tel coup. Certaines personnes se persuadent tellement qu’elles sont auteurs qu’il leur est inconcevable d’admettre qu’elles n’écrivent pas. Elles sont persuadées de le faire.

 

Cette situation est si intolérable pour PPDA que les éditions Arthaud ont dû livrer, au Monde, une excuse à ce plagiat : son éditrice, Noëlle Meimaroglou, déclare : « la première partie qui a été imprimée est de la paraphrase grossière, une sorte de fiche de lecture géante du livre de Griffin". Mais, martèle-t-elle, "il ne s'agit aucunement de plagiat". Pour une raison simple : "La version que cite Jérôme Dupuis n'est qu'une version de travail. La version définitive, qui sortira le 19 janvier, est très différente. » Le problème de cette excuse c’est que le journaliste de L’Express s’est basé sur le livre envoyé aux journalistes avant leur sortie en librairie (et bien sûr dédicacé) et non sur des épreuves… S’enfonçant un peu plus encore, l’éditrice ajoute qu’elle était en congé au moment des envois et « Au service de la fabrication, explique-t-elle, ils ont pris sur le serveur commun un mauvais fichier, et c'est celui-là qui a été imprimé." Or ce fichier, précise-t-elle, était constitué de "notes de lecture" qui n'étaient pas "destinées à être publiées". "C'est de la documentation, comme celle qu'établit n'importe quel auteur qui prépare une biographie ». Mais le journaliste du Monde ne s’en laisse pas compter. Il demande pourquoi alors l’ouvrage de Griffin plagié n’est pas cité dans la bibliographie : « Tout est allé trop vite, c'est de notre faute, Patrick est légitimement furieux et j'assume notre responsabilité ». J’imagine combien cette conversation a dû être pénible pour une éditrice obligée de couvrir une pratique fort peu louable… Toutefois, on peut aussi se demander quelle est véritablement la part de responsabilité de l’éditrice dans une telle affaire. Que ce soit PPDA ou le nègre employé pour l’occasion, l’éditeur est censé vérifier qu’il publie une œuvre originale.

 

Et sur ce point, Poivre d’Arvor ne s’est pas privé de rejeter l’entière responsabilité sur son éditrice, déclarant dans le Nouvel Obs : « Je suis sidéré par ce que j’ai pu lire ou entendre depuis 48 heures. Je suis soupçonné de plagiat pour mon prochain livre, qui ne sortira en librairie que fin janvier, sur la base d’une version qui n’est pas la bonne ni la définitive, comme l’ont expliqué mardi les Editions Arthaud qui, sitôt la faute découverte, ont réagi très loyalement en la reconnaissant et en présentant leurs excuses. » Il explique ensuite comment il a travaillé durant une année et demie sur ce livre, faisant des coupes, des corrections… Et de conclure en se dédouanant une fois encore : « Est-ce qu’une erreur fâcheuse, assumée par l’éditeur, autorise ce déchaînement de malveillance que je constate ici ou là? Je souhaiterais simplement être jugé sur l’ouvrage définitif que je signe et assume, qui sera très bientôt disponible pour les libraires et le public, et qui m’a mobilisé pendant dix-huit mois. J’aimerais qu’on ne juge mon livre que lorsqu’il sera publié et que me soient épargnés ces pénibles procès d’intention. »

 

À le lire, on le croirait sincère et on le plaindrait presque. Presque….

 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 19:45

Negre-litteraire.jpgDifficile en ce moment d’animer régulièrement ce blog : je dois honorer plusieurs contrats éditoriaux, poursuivre mes activités à l’Éducation nationale… Toutefois, je reviens vers vous, non pas pour vous faire part de mes lectures (encore que… Cosmoz de Claro ou Écrivains de Volodine valent vraiment la peine d’être lus), mais pour évoquer une rencontre que j’ai faite avec les lecteurs de Thourotte lors d’une soirée autour du film The ghost writer et des nègres littéraires. J’ai été invitée pour parler du sujet. Non seulement la soirée fut fort bien organisée, mais la discussion qui en découla fut riche et passionnante.

 

Les jours qui ont précédé cette rencontre ont été consacrés en grande partie à la relecture de documents, des livres existants, des articles parus plus ou moins récents… J’avais préparé un plan, avec des parties et des sous-parties. Je me suis préparée comme je l’aurais fait pour un examen. Dans le train qui m’a conduit à Compiègne, je relisais mes notes, peaufinais mes transitions en maudissant mon imbécile de voisin qui racontait sa vie au téléphone, insensible à mon stress et mon désir de concentration. C’est en début de soirée que je suis arrivée à la médiathèque de Thourotte, petite ville picarde, qui jusqu’alors m’était complètement inconnue.

 

Très vite, l’atmosphère s’est détendue même si rien ne s’est passé comme je l’avais prévu. Et c’est tant mieux ! À peine avais-je commencé mon exposé avec l’histoire du mot « nègre » et la polémique que ce terme engendre, qu’un homme m’a interrompu pour entrer directement dans le vif du sujet en évoquant ses doutes sur la légitimité d’un auteur signant un livre qu’il n’aurait pas écrit. La discussion avec les différents spectateurs actifs, que j’appellerais plutôt protagonistes, m’a montré combien les lecteurs sont attachés au statut de l’écrivain. Pire… Ils veulent savoir si tel ou tel auteur a bien écrit seul ses livres et sont terriblement dépités quand je leur dis ce qu’il en est. Ils sont tellement déçus que certains protestent en me répliquant que tel auteur est venu à Thourotte, s’est montré très sympathique à leur égard et qu’il est donc impossible qu’il leur ait menti…

 

Dans la salle, les lecteurs n’avaient aucun lien avec le milieu germanopratin. Ils ressemblent à la majorité des gens qui lisent par plaisir et n’ont pas la moindre idée de la machine industrielle qu’est l’édition depuis près d’un siècle et demi… Quand on leur lâche que tel spécialiste populaire et médiatique n’a pas le temps d’écrire ses ouvrages, le monde s’écroule. On leur ment… Et paradoxalement, ils se montrent dubitatifs car ils ne peuvent croire à ce genre de supercherie. Ces échanges étaient très touchants car sincères. Les lecteurs avaient un réel désir de comprendre comment un auteur se met en relation avec un nègre pour écrire ensemble un livre, ce qui peut le motiver à faire croire qu’il écrit…

 

L’émoi fut si grand qu’une dame m’a dit « alors personne n’écrit ses propres livres ? »  Cette remarque m’a presque désarmée car les différents auteurs que j’ai pu citer, sont pour la plupart des artistes, des sportifs ou des hommes politiques très affairés. Je n’ai cité quasi aucun « écrivain », pas un en tout cas qui puisse remettre en cause la République des lettres dans son ensemble. Je me suis rendu compte à quel point les lecteurs attachent un prix à ce qui est écrit. S’ils lisent « je », ils s’attendent à ce que cette personne qui se met ainsi à nu, soit sincère, que ce soit elle qui se confesse et non un autre qui arrange la réalité. Même s’ils lisent un témoignage d’une jeune fille accidentée ou d’un sportif, ils veulent savoir qui en est l’auteur.

 

Certains m’ont posé des questions sur des écrivains qui exercent parallèlement des professions très prenantes mais parviennent à publier au moins un roman par an. Si je leur explique comment le livre s’est fabriqué, ils tentent de trouver une explication raisonnable qui puisse démontrer que mes affirmations ne sont pas fondées. Ils ne veulent pas admettre que l’industrie du livre peut, pour certaines personnes, rapporter gros et qu’il n’est, dans certains cas, pas question de littérature ou d’information, mais de pognon.

 

Cette réaction est tout à fait compréhensible et se vérifie non seulement à chaque fois que j’aborde le sujet avec des amis ou des lecteurs, mais aussi avec certains nègres qui veulent publier leurs mémoires. Ce fut le cas par exemple de Catherine Siguret avec son livre Enfin nue ! où elle raconte son passé de nègre. Dans une interview accordée à Rue89, elle avoue que cela n’a guère été facile de trouver un éditeur : « Les quelques éditeurs avec lesquels je travaille (une petite dizaine), me disaient : « Mais enfin, on s'en fout ! T'es personne ! ». La plupart n'ont pas lu, ceux qui ont lu ont trouvé ça formidable (bien entendu) mais « pas pour eux ». Chez deux éditeurs, j'ai frôlé le « oui » jusqu'à un veto du sommet (prétexte ou réalité ?). J'ai rangé le livre dans le tiroir et continué à œuvrer sur mes autres livres, songeant que c'était sans doute une mauvaise idée. Deux ans plus tard, j'ai pris un agent pour y voir clair dans mes trente et quelques livres déjà parus. C'est elle qui a placé le livre chez Intervista, maison d'édition de Luc Besson que je ne connaissais pas. » En fait, les lecteurs ne s’en fichent pas du tout : ils sont très curieux mais aussi très craintifs de savoir les dessous de l’édition. Ils sont friands de révélations… tant que cela ne concerne pas un auteur pour qui ils ont de l’admiration.

 

 

 

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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 17:58

kersausonCes dernières semaines, le thème des nègres littéraires revient sur le devant de la scène. Il y a d’abord la sortie de ces films – L’autre Dumas et Ghost writer – et puis  cette polémique autour du livre d’Olivier de Kersauson, Océan’s Songs (Le Cherche Midi éditeur).
 

Ce récit est sorti à l’automne 2008 et fut un véritable best-seller. Kersauson n’en est pas à son premier livre : depuis plus de vingt ans, il a signé des mémoires, témoignages et autres récits de mer. Dans l’esprit des gens, Kersauson, en plus de voyager à travers le monde, faire rire à la radio chez Bouvard ou Ruquier, trouve le temps de prendre sa plume pour narrer ses nombreuses aventures… Mais voilà que depuis un peu plus d’une semaine, la vérité a explosé dans les journaux : Olivier de Kersauson n’a pas écrit une ligne d’Océan’s songs, pire, son nègre, Jean-Louis Touzet a porté plainte contre son éditeur.
 

L’affaire n’est pas si simple et pour la comprendre, revenons d’abord sur les faits. Pour écrire son récit, Olivier de Kersauson a fait appel à un journaliste, Jean-Louis Touzet. Tout semble conforme à ce genre de situation : le « nègre » signe un contrat prévoyant un à valoir de 10 000 euros et un pourcentage de 2% sur les droits d’auteur. Le contrat est des plus classiques. La collaboration entre les deux hommes commence alors jusqu’au moment où Jean-Louis Touzet transmet le manuscrit à l’éditeur qui estime le résultat tellement mauvais qu’il décide d’embaucher un autre nègre et de revoir le contrat à la baisse : 10 000 euros pour le nègre et pas un centime de plus… La situation est surprenante car il n’est pas rare qu’un éditeur fasse retravailler un auteur jusqu’à obtenir satisfaction ou bien demande à ce qu'il soit réécrit en interne. Mais puisqu’il s’agit d’un livre qui promet d’être un coup éditorial, Le Cherche Midi préfère trouver un meilleur nègre. Pourtant, lorsque Océan's songs paraît, Jean-Louis Touzet a la mauvaise surprise de découvrir – du moins c’est ce qu’il prétend – que celui-ci est fort proche du manuscrit qu’il avait rendu à l’éditeur… Au vu des ventes, le journaliste estime avoir droit à sa part du gâteau. Selon lui, il aurait pu toucher près de 100 000 euros sur les droits d’auteur perçus par Kersauson. Un avocat se charge de cette affaire…
 

Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’un scandale éclate entre éditeur et nègre littéraire. Au début des années 1990, Anne Bragance avait été contactée par Olivier Orban pour écrire, en collaboration avec Michel de Grèce, La Nuit du Sérail. Sans bien connaître ses droits ni les enjeux financiers d’un tel accord, l’auteur a signé un contrat « à l’américaine », c’est-à-dire un forfait sans droit d’auteur sur les ventes. Bien sûr, le livre fut un succès et Anne Bragance s’est sentie flouée. Elle a porté plainte contre l’auteur et son éditeur. Selon elle, grâce à son procès et aux quelques autres qui eurent lieu à la même époque, la situation des nègres littéraires a bien changé : ils ont droit à un à valoir et un pourcentage sur les ventes. Jean-Louis Touzet peut considérer avoir signé un contrat à l’américaine. Mais ce n’est pas tout à fait le cas non plus puisque, d’après son éditeur, on a fait appel à un autre nègre pour reprendre l’écriture du texte. Une autre personne a donc été payée pour recommencer le travail...
 

D’autre part, le nègre littéraire, Bernard Fillaire, m’avait confié lors de l’enquête que j’ai menée sur les nègres littéraires, il y a presque déjà trois ans, que près de 20% des contrats signés entre un nègre et un éditeur n’aboutissent pas, et ce pour diverses raisons : incompatibilité d’humeur et de sensibilité avec l’auteur, manque de matière pour aller au bout du projet et tout simplement… préférence pour un autre collaborateur ou un autre éditeur. Il semble que la mésaventure de Jean-Louis Touzet peut s’apparenter à cette dernière option : l’éditeur a choisi un autre nègre qui faisait mieux l’affaire.  Cependant, il reste un dernier point que le procès éclaircira sûrement. Il concerne le plagiat. Le second nègre a-t-il ou non reproduit largement des passages du manuscrit de JL Touzet ?
 

Dans ces affaires éditoriales et évidemment financières, il est toujours très difficile d’avoir un avis tranché. Le travail de collaboration sous-entend le silence des différentes parties, des non-dits et parfois des chausse-trapes pour tirer parti de la situation.

 

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 16:54

http://freelancewritingbusiness.com/wp-content/uploads/2009/01/bigstockphoto_dollars_fly_concept_436737.jpgIl semblerait que le métier de nègre littéraire soit devenu une sorte d’eldorado… En quelques jours, voici que l’on m’a demandé, par deux fois, comment devenir nègre littéraire, comme si c’était La solution pour gagner sa vie en écrivant…

Il se trouve que j’ai fait la connaissance d’un certain nombre de nègres littéraires, des professionnels qui consacrent leur existence à écrire pour les autres, des nègres occasionnels, des auteurs satisfaits de leur expérience, d’autres extrêmement déçus…

Mais tous ont un point commun : ils sont devenus nègres parce qu’ils étaient déjà introduits dans le milieu de l’édition. Une étudiante en lettres m’a envoyé un mail pour m’expliquer qu’elle avait envie d’être nègre et pour y parvenir, avait adressé des CV aux différentes maisons d’édition qui, évidemment, ne lui ont pas répondu. Et pour cause… Comment peut-on confier l’écriture d’un bouquin à quelqu’un qui n’a jamais rien publié ? Comment savoir s’il est capable de mener un projet à terme, de façon rapide et efficace ?

Pour devenir nègre, il faut donc être auteur soi-même, avoir été publié ou sur le point de l’être. Ainsi, il y a quelques années, un auteur novice, ayant envoyé son manuscrit dans une grande maison, s’est vu proposer un contrat des plus particuliers : en échange d’un beau chèque, il acceptait de céder son texte exploité sous le nom d’une célèbre présentatrice télé.

Certains, comme Bernard Fillaire, ont voulu se consacrer quasi uniquement à cette activité, d’autres ne le font que de façon exceptionnelle. Certains n’assument pas de l’avoir été. A l’époque, j’avais interviewé deux auteurs, reconnus, qui avaient à un moment donné de leur vie, accepté d’écrire des témoignages et des romans pour des célébrités, mais aujourd’hui, ceux-ci ne souhaitent plus revenir sur ces expériences et préfèrent tirer un trait sur leur passé.

Comme la plupart des nègres l’affirment, il est parfois très frustrant d’écrire pour un autre qui, une fois le livre achevé, se l’approprie complètement, faisant fi de sa collaboration…

Enfin, de grandes maisons emploient, à plein temps, des nègres et autres rewriters chargés, à partir d’un synopsis de départ, d’écrire des romans, signés par des vedettes.

Donc, il est inutile d’envoyer des CV et lettres de motivation aux différentes maisons de la place de Paris : pour devenir nègre, commencez par écrire et vous faire remarquer… 

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6 avril 2008 7 06 /04 /avril /2008 11:26

Jeudi dernier, Le Figaro littéraire publiait une enquête sur les nègres littéraires (merci In cold blog de m’avoir avertie). Le sujet me passionne pour différentes raisons et l’an dernier j’ai eu l’occasion d’en savoir un peu plus grâce à une enquête que j’ai menée pour Le Magazine des Livres. J’ai rencontré de nombreux nègres qui ont bien voulu me faire des confidences. J’espérais, un peu naïvement, apprendre de nouvelles anecdotes dans Le Figaro littéraire mais j’ai été très déçue. Dans un premier temps. Mais en y réfléchissant, j’ai réalisé combien il est difficile de rendre compte d’une enquête sur ce sujet : les nègres vous livrent toujours le même discours maintes fois répété.

Un nègre, normalement, est tenu par le secret. Il ne devrait pas avouer dans les journaux qu’il a « collaboré » avec tel ou tel auteur. Il devrait se contenter de dire qu’il est nègre. Et encore…  Selon Anne Carrière, les nègres, qui ont signé un contrat, doivent respecter leur engagement.  Ce ne sont pas eux qui doivent se mettre en avant, mais les auteurs qui signent les livres. Ce sont eux que l’on veut lire. L’an dernier, j’ai connu deux déconvenues : deux auteurs ne voulaient pas témoigner parce qu’ils venaient de publier un roman et ne voulaient pas être discrédités en avouant qu’ils étaient ou avaient été nègres. Finalement, l’un des deux a accepté de me rencontrer à condition que je parle de son livre dans Le Magazine des Livres et que je ne cite pas son nom dans l’enquête. L’autre a refusé, voulant se concentrer sur la promotion de son livre (un best-seller).

Une enquête sur les nègres littéraires est à la fois passionnante et très frustrante. Passionnante parce que l’on pénètre dans les coulisses de l’édition. On apprend ainsi comment fonctionnent certaines grandes maisons, comment se fabrique un best-seller, et l’on découvre aussi que certains doutes que l’on avait à l’égard d’auteurs, très occupés, s’avèrent justes. C’est grisant, c’est scandaleux aussi parfois. Enquête frustrante surtout car si les nègres acceptent sans difficulté de parler de leur travail ou de la relation qu’ils ont avec leurs collaborateurs, dès qu’ils vous glissent des indiscrétions, ils vous demandent de couper l’enregistrement.

Les nègres aiment jouer. Leur plus grand plaisir est de lancer des rumeurs, affirmer que tel auteur a un collaborateur. On questionne un autre prête plume qui, la main sur le cœur, vous jure le contraire en vous avertissant que si vous écrivez cette révélation, vous risquez un procès. Même si vous avez réussi à remonter à la source, en trouvant qui écrit pour cet auteur, jamais vous ne pourrez l’écrire dans votre enquête…

Un nègre, en particulier, m’a raconté des balivernes et j’ai tout gobé. A ma décharge, j’étais au début de l’enquête. Il ne savait pas non plus que j’allais creuser tout ce qu’il m’avait dit et me rendre compte que c’est un véritable affabulateur. Il m’a raconté, par exemple, qu’il n’avait jamais écrit et n’écrirait jamais de romans pour quiconque. Quelque temps plus tard, je me rends chez un grand éditeur qui me dit, en passant, que le nègre en question, vient de leur remettre le manuscrit d’un roman signé par un autre !

Il faut savoir que les nègres sont censés ne rien dire de leurs activités. Ils peuvent, à la limite, avouer qu’ils ont écrit pour Loana, Michel Drucker ou Jean-Marie Bigard, cela n’étonnera personne. On ne demande pas à Zidane de savoir écrire mais de remporter des matches. En revanche, qu’un nègre avoue écrire des romans à la place d’un auteur est un sacrilège. Bien peu ont osé le faire et cela ne leur a pas porté chance. Les éditeurs d’ailleurs ne font plus confiance aux bavards puisque c’est non seulement l’image de l’auteur qui est entachée mais également la leur. Jamais par conséquent un nègre ne vous avouera avoir écrit un roman pour un autre.

Finalement, les romans sur le sujet en disent peut-être plus que les articles qui sont toujours prudents. Tout le monde étant tenu au secret, il n’y a que par le biais de la fiction que les nègres peuvent donner quelques révélations, même si jamais, aucun nom ne sera lâché.

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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 21:06

Auteurs-TV est un concept vraiment original et pertinent : un auteur français parle de son travail, de ses méthodes, de sa conception de l’écriture au cours d’un entretien filmé. L’interviewer s’efface complètement derrière sa caméra et laisse parler son invité sans lui couper la parole ni le contredire. Non seulement, l’auteur est mis à l’honneur avec beaucoup de classe mais surtout les propos tenus sont souvent très intéressants.

Aujourd’hui, par exemple, j’ai visionné l’entretien d’Anne Bragance. Cette femme m’a littéralement bluffée. Elle a tenu un discours que l’on n’a guère l’habitude d’entendre ni de lire ordinairement de la part d’un auteur consacré. Ainsi, Anne Bragance, qui a déjà publié 31 livres, avoue avec une certaine candeur qu’elle est assez paresseuse et par conséquent qu’elle ne retravaille jamais ses manuscrits. Autrefois, à l’ère de la machine à écrire, elle mettait 8 mois environ pour écrire un livre, à présent, elle est plus rapide et passe 3 mois devant son ordinateur à peaufiner son histoire !

Elle a également voulu mettre fin au mythe de l’écrivain intellectuel, grand lecteur de littérature classique. Selon elle, les auteurs ont beau affirmer qu’ils aiment lire et relire les Grands, ce n’est pas vrai. Ils lisent peu… Ils veulent se donner bonne conscience. En ce qui la concerne d’ailleurs, elle passe de nombreuses heures quotidiennement à lire ses contemporains, parce qu’elle éprouve le besoin de confronter ses textes aux autres, de se comparer afin d’être certaine qu’elle appartient à une même communauté littéraire.

Pour un auteur, comme Anne Bragance, je trouve osé de confesser publiquement qu’on ne retravaille pas son manuscrit et de casser le mythe de l’écrivain-lecteur.

 

L’histoire d’Anne Bragance me fait penser (sans vouloir faire d’association abusive voire mensongère) à l’enquête que j’avais menée sur les nègres littéraires et les rewritters (correcteurs) l’an dernier. J’avais ainsi appris que des auteurs, reconnus, transmettent des manuscrits voire parfois des synopsis à l’éditeur, chargé alors de rendre les textes publiables. Pour certains porte-plume, comme Dan Franck (qui vient d’ailleurs de publier son Roman nègre, chez Grasset, il y a quelques jours), tout cela n’est pas grave, c’est une simple mascarade entre auteurs, nègres et éditeurs. Et le lecteur dans cette affaire ?


 

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15 mai 2007 2 15 /05 /mai /2007 14:26

Il est des matins où l’on ferait mieux de rester sous sa couette, bien au chaud, à l’abri de toutes contrariétés qui vous font monter à vingt deux de tension ! Précisément, aujourd’hui, tout s’annonçait bien : j’avais rendez-vous avec un auteur pour une interview au sujet de mon enquête sur les nègres. Pour satisfaire cette personne dont je ne souhaite citer le nom, j’avais fait déplacer mes heures de cours !

 

Dans le métro, le téléphone sonne. Un appel privé. J’ai pensé un instant que c’était mon auteur, pour reporter le rendez-vous. Pas du tout. C’était une attachée de presse qui m’annonçait que l’auteur que je devais rencontrer demain ne souhaitait pas répondre à mes questions sur mon enquête parce que d’une part, il voulait se consacrer exclusivement à la promotion de son livre et que, d’autre part, il estimait que cela pouvait nuire à son image. J’étais déçue… Mais que dire ? S’il craint pour son image et n’a pas envie de perdre son temps à répondre à des questions sur un sujet qui ne le concerne plus, c’est évidemment son droit le plus strict. Néanmoins, pour tout curieux ou simple lecteur de journaux, cet auteur est cité dans la plupart des articles consacrés à ce sujet… Mais, ce refus apporte de l’eau à mon moulin : pour certains auteurs, il serait donc tabou d’avouer que l’on a pu se prêter à un travail de collaboration littéraire…

 

Quelques minutes après ce coup de fil, j’étais au lieu du rendez-vous. J’ai attendu dix minutes, et inquiète, j'ai  téléphoné à l’auteur pour savoir s’il y avait un quelconque souci. La sonnerie a retenti, la messagerie vocale s'est mise en route. J'ai laissé un message. J'ai renouvelé une seconde fois l’appel. Pas de réponse. Près de quarante minutes après, toujours sans nouvelles, je me suis décidé à laisser un dernier message et à quitter les lieux, fort mécontente non seulement d’avoir perdu mon temps mais surtout que l’auteur ne daignât s’excuser. Ne pouvoir honorer un rendez-vous est banal, mais le minimum est d’avertir.

 

Une bien mauvaise matinée en somme !

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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 19:51

Comme je l’ai évoqué il y a quelques jours, je m’intéresse au thème des nègres littéraires. Ainsi, j’ai découvert un petit roman, intitulé Vocation nègre (éditions Labor, 2004) qui hélas n’est plus disponible en librairie. L’auteur n’a évidemment pas signé son récit autofictionnel d’abord parce qu’il est tenu par le secret : il n’a pas le droit de révéler les noms des auteurs supposés, et d’autre part, il doit être plus « vendeur » de faire un livre sous anonymat car le lecteur s’imagine qu’il va y lire de nombreuses révélations. Comme pour le titre de Bayard, Comment parler des livres que l’on n’a pas lus (Minuit), le succès est basé sur un malentendu. Ce roman ne doit néanmoins pas avoir eu le succès espéré puisqu’il est déjà envoyé au pilon, « calvaire des écrivains » (selon la formule de J-Marie Catonné dans Double je). Passons pour aujourd’hui sur ce thème…

 

Dans Vocation nègre, Anonyme, puisque tel est son nom, nous raconte, sur un ton léger voire humoristique parfois, son parcours de nègre, ses rencontres, ses mésaventures auprès de certains auteurs méprisants ou atypiques. Sous le trait d’un certain Tignasse, il fait le portrait d’« un salaud en habit de lumière » qui est  un chanteur adulé par ses fans, aime les femmes, en use et en abuse, se drogue, a des tics de langage tels « okay », « que », ne connaît pas les règles basiques de la syntaxe… Je continue ou vous avez deviné qui se cache sous les traits caricaturaux de ce rocker ? Anonyme explique leur collaboration : l’un raconte son histoire, l’autre enregistre, retranscrit et écrit dans un langage plus écrit la vie trépidante de l’artiste. Bien évidemment, à sa sortie, le livre fait un tabac !

 

Nombreuses sont les anecdotes rapportées par Anonyme mais finalement, c’est la question qu’il soulève à la fin de son récit qui me semble importante : « qui est dupe en fin de compte, le public ? ». Selon lui, autrefois, les lecteurs étaient plus intéressés par les héros des histoires que par les signataires des livres. Mais « aujourd’hui, le public veut des têtes ou, à défaut, des événements ». En effet, les lecteurs achètent davantage des livres écrits par des personnalités célèbres plutôt que par un écrivain, qui a une belle plume imaginative et littéraire, ou bien ils sont intéressés par les récits réels. Ainsi, c’est l’actualité qui dicte les choix éditoriaux. Grâce à un fait divers, des livres s’écrivent et se vendent facilement. Dans les maisons d’édition, certains sont chargés de lire la presse pour dénicher des faits divers intéressants propices à l’écriture d’un récit sur le sujet. Et Anonyme de regretter : « exploitations de l’actualité, révélations de scandales, romans de vedette ou récits provocants de nymphomanes grotesques constituent l’essentiel du fonds éditorial contemporain, avec une préoccupation très mineure pour la qualité d’écriture. Pourquoi s’en soucierait-on, d’ailleurs puisque ces bouquins s’écoulent à la tonne, font mousser les médias et attirent comme des mouches les producteurs de films ? C’est la raison pour laquelle les nègres littéraires sont le plus souvent invités à écrire vite et correctement ». Je suis complètement d’accord avec son point de vue. Dans ces récits, la qualité littéraire est mise de côté au profit des révélations scabreuses, des scandales, ou simplement de confidences intimes.


Néanmoins, je suis surprise que cet Anonyme qui aime tant la littérature n’ait pas rédigé un roman plus soigné. C’est un livre agréable à lire, mais il n’y a aucune inventivité du point de vue stylistique ou de la construction narrative. Et tandis qu’il montre les frustrations que peuvent ressentir certains nègres de ne pas vivre de leur plume et de ne pas être reconnus en tant que auteurs, l’occasion était belle ici de montrer tout son talent d’écrivain.

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