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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 19:50

une-avalanche-dans-les-alpes.jpgPendant les vacances de Noël, je me suis offert une petite escapade à Strasbourg, qui fut non pas riche en découvertes culinaires mais picturales. En effet, jusqu’au 18 février, le musée des Beaux-Arts propose une grande rétrospective d’un peintre oublié Philippe-Jacques de Loutherbourg, intitulée « Tourments et Chimères ».

 

Je parie que vous êtes nombreux à ne pas connaître Loutherbourg, peintre loué en sa jeunesse par Diderot qui lui consacra un article entier dans son « Salon de 1763 ». Et pour cause, la dernière rétrospective de l’artiste a eu lieu à Londres en 1973 ! Bien sûr, si vous êtes passé par Londres, vous aurez pu voir quelques unes de ses toiles au British Museum, à la Tate Britain ou au Victoria and Albert Museum.

 

loutherbourg-copie-1.jpg

Loutherbourg est un homme à scandale autant qu’un artiste. Il naît à Strasbourg en 1740. La légende, et Diderot, racontent que Loutherbourg était un petit génie, beau garçon et malin. En effet, à 15 ans, il entre dans l’atelier du peintre Joseph Casanova, le frère du célèbre écrivain. Il se montre si habile que son maître ne se gêne pas pour signer quelques tableaux de son propre nom. Pour se venger, Loutherbourg non seulement couche avec sa femme, mais en plus quitte l’atelier avec quelques tableaux sous le bras pour se présenter à l’Académie royale de Peinture et de sculpture avec une vingtaine de tableaux. Il est reçu « par acclamation ».

 

Loutherbourg mène une vie tumultueuse et dévergondée. A 24 ans, il se marie à une courtisane, dont il loue les services à un capitaine de la Compagnies des Indes. L’affaire se règle devant les tribunaux. Loutherbourg engrosse ensuite son épouse par cinq fois et ne manque pas de la battre. Encore une fois, la justice se mêle de cette histoire. Pour fuir les ennuis, Loutherbourg quitte la France pour l’Angleterre.

 

Fini la peinture, isolé dans un atelier. Voici Loutherbourg à Londres, peignant de grands décors innovants de théâtre. Ses travaux remportent un vif succès. Il est le décorateur en chef du Théâtre Royal de Drury Lane. C’est la gloire. Il invente alors le spectacle mécanique, qui deviendra fort à la mode dans les années 1780. Malgré le succès, l’artiste continue de susciter le scandale en s’éloignant de la peinture. Attiré par les forces obscures, il se rapproche de la franc-maçonnerie, se passionne pour Swedenborg, ouvre un cabinet de « guérisseur par la foi », se lie d’amitié avec l’alchimiste Cagliostro avec qui. Encore une fois, les choses tournent mal et Loutherbourg tente d’assassiner son ami.

 002_jacques_philippe_de_loutherbourg_theredlist.png

Après ces aventures nombreuses et tumultueuses, l’artiste semble se calmer. Il se remet à la peinture pour exécuter des commandes sur les victoires de batailles remportées contre les Français. Il meurt en 1812.

 

Pendant deux siècles, Loutherbourg est resté dans l’ombre. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène : d’abord, ses toiles sont présentes à l’étranger, ensuite, ses scandales ont nuit à sa réputation, enfin, son œuvre est assez inégale.

 

les-chutes-du-rhin.jpg

 

Grâce à la rétrospective proposée par le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, on peut se faire une idée assez précise de l’œuvre de Loutherbourg. Je ne vous cacherai pas que ce n’est pas un peintre majeur et que ses toiles ne demeureront pas toutes imprimées dans ma mémoire. Mais, son oeuvre est intéressante parce qu'elle montre un esprit tourmenté, prise entre deux périodes, celle des Lumières et des pré-romantiques. Cela se ressent dans certains sujets tels les batailles. De ces cent toiles et dessins, il se dégage une impression de remous, de brouillard et de tumultes.  La plupart des œuvres représentent des marines (avec des bateaux pris dans une tempête), des vaches dans de verts pâturages ou des scènes de bataille. J’ai été beaucoup plus sensibles aux aquarelles, pour la plupart des marines, et qui mettait en lumière un maîtrise certaine pour le dessin.

 

Je n’ai pas su apprécier la salle consacrée aux batailles entre la France et l’Angleterre. Ces tableaux gigantesques m’ont laissé de marbre. Toutefois, il faut souligner l’opportunisme d’un peintre exilé en Angleterre et n’hésitant pas à mettre en scène son pays natal dans des batailles sanglantes. 

 

C'est une exposition que je vous recommande car, malgré des toiles plus ou moins innovantes voire intéressantes, elle permet de découvrir un peintre d'inspiration anglaise. Il paraît que Turner lui voua une véritable estime. Si ce n'est pas un argument, alors...

 

 

 

 

 

Info pratiques :

Musée des Beaux-Arts - Palais Rohan

2, place du Château,

STRASBOURG

Horaires : 10̀-18h, fermé le mardi

Tarif : 6 euros

 

 

Pour en savoir plus, lisez cet article de Libération ou des Dernières Nouvelles d’Alsace

 

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 13:57

page-roman-de-la-rose-2.pngDepuis un mois, la BNF organise une exposition sur « L’art d’aimer au Moyen Âge : Le Roman de la rose ». Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre mais j’en ai déjà eu un avant-goût grâce au site, magnifique, qui lui est consacré.

 

J’irai à cette exposition pour de deux raisons essentiellement. D’abord, j’aime beaucoup la littérature médiévale que j’ai étudiée avec plaisir et intérêt : Albert De Meung, Chrétien de Troyes, Béroul, Jean de Bodel, Charles d’Orléans, Adam de La Halle ont une place de choix dans ma bibliothèque. La seconde raison est plus étonnante : les élèves adorent cette période. La littérature médiévale est au programme de 5e. Les élèves aiment particulièrement les romans de chevalerie, mais pas seulement. En début d’année, j’ai fait un remplacement de quelques semaines dans un collège classé Zep. J’avais demandé aux élèves d’apporter en classe, avant le début de ma séquence sur le Moyen Âge, quelque chose qui leur évoque cette époque. Certains sont venus avec des affiches de films,  d’autres avec un livre emprunté à un grand frère, ou bien encore des jeux vidéos, des figurines de chevaliers… Le monde médiéval ne leur était donc pas inconnu. Mieux : ils avaient véritablement envie d’en savoir plus sur cette époque, son art de vivre et d’aimer. Ils ont particulièrement aimé le cycle arthurien mais aussi Tristan et Iseult.


 guillaume-de-lorris-et-jean-de-meung.png

Cette exposition autour du Roman de la Rose est une excellente idée. Tout le monde connaît de nom, au moins, ce titre notamment grâce au Nom de la rose d’Umberto Eco et à son adaptation cinématographique par Jean-Jacques Annaud.

 

amant-et-amour.png

 

Que raconte le Roman de la rose ? Issu de la tradition littéraire de l’art d’aimer d’Ovide, ce poème de 22 000 vers raconte, sous la forme d’un songe, une conquête amoureuse. Sa rédaction a commencé au xiiie siècle avec Guillaume de Lorris et s’est poursuivie une quarantaine d’années plus tard avec Jean de Meung. Aussi, le texte est scindé en deux parties bien distinctes. La première partie relève de l’amour courtois : un jeune homme part à la conquête d’une rose qui se tient cachée dans le jardin des plaisirs. L’amant est touché d’une flèche par Amour qui lui dicte ses faits et gestes. Il rencontre de nombreux obstacles et est confronté à divers sentiments qui nuisent à sa quête. La fin de la première parie s’achève sur la désolation de l’amant séparé de sa rose. La deuxième partie est radicalement différente. La fin’amor laisse place à une conception à la fois plus érudite et libertine de l’amour. La conquête amoureuse explore différentes pistes philosophiques et libertines. Ainsi, le Nom de l’amour aborde les différents aspects de l’amour et de sa place dans la société. C’est un texte bien plus abordable que l’on s’imagine. Et si vous ne l’avez pas encore lu, je vous y engage car vous serez surpris, une fois imprégné de cette atmosphère médiévale, de retrouver, pour une part, des questionnements contemporains.

 

Le Roman de la rose a suscité, dès le xve siècle, de vives polémiques. D’abord, l’Église manifeste son mécontentement puisqu’il va à l’encontre de son enseignement religieux et de sa conception de la fidélité conjugale. Ensuite, la poétesse Christine de Pizan a mis en cause la crudité ainsi que la misogynie du texte. Mais ces querelles ont permis de faire connaître le Roman de la Rose, manuscrit le plus recopié à l’époque, après la Divine Comédie de Dante.

 

 

page le nom de la rose

 

 

L’exposition, qui se tient à l’Arsenal, retrace en images ce poème. On peut s’en faire une idée grâce à la visite virtuelle proposée sur le site. Il ne me reste plus qu’à trouver une date pour voir de plus près ces 130 enluminures numérisées.

 

 

 

L’art d’aimer au Moyen Âge : Le Roman de la rose 

du 6 novembre 2012 au 17 février 2013

Bibliothèque de l'Arsenal

Entrée libre

du mardi au dimanche

12h-19h

1, rue Sully

75004 Paris

Téléphone : 01 53 79 39 39

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 17:06

exposition-panorama-richter.jpgIl y a quelques jours, profitant de mes premiers jours de quasi vacances, je suis allée voir l’exposition « Panorama » de Gerhard Richter au Centre Pompidou. Cette exposition est très médiatisée, et je pense que c’est mérité. A 15 heures, en semaine, le musée n’était pas bondé comme il peut l’être le week-end, j’ai donc pu découvrir l’œuvre incroyablement riche et stupéfiante de ce peintre de quatre-vingt ans. Je précise son âge car l’exposition est une rétrospective de son travail. Cent cinquante toiles et installations s’offrent ainsi au public. J’ai non seulement été époustouflée par cette somme mais surtout par l’évolution de l’œuvre de Richter.


richter-peignant.jpgQui est Gerhard Richter ? Ce peintre, né à Dresde en 1932, se considère comme un artiste libre, affirmant :  « Je n'obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance »  . Effectivement, au cours des différentes salles consacrées à l'exposition, on découvre des oeuvres figuratives, abstraites, des interprétations de chefs d'oeuvre comme la lectrice de Weermer, des clins d'oeil à Marcel Duchamp, à Andy Wharol et le pop art... Et si Richter ne veut obéir à aucune tendance, il s'inscrit dans une tradition classique : celle de la peinture.

 

tante marianneGerhard Richter, Tante Marianne, 1965, 120 cm x 130 cm, Huile sur toile

 

Il est difficile de rester indifférent à son oeuvre. J'ai éprouvé des sentiments très forts et contradictoires au cours de cette longue et passionnante visite. Certains tableaux ont provoqué en moi un sentiment de dégoût, et ce sont pourtant ceux qui font sa réputation. Ce sont les photos-peintures, expérimentées dans les années 1970, et notamment la fameuse toile « Betty », si réaliste, si précise qu’elle ressemble à une photo. Mais cette technique n’est pas gratuite : Richter a voulu manifester son opposition à l’avant-garde de la RFA où des artistes comme le couple Becher rejetaient la peinture au profit de la photographie. A travers ces peintures copiant des clichés, Richter célèbre la peinture. Même si nombre de ces peintures-photos m’ont brusquée, j’ai également été profondément touchée par des toiles de cette veine comme « Tante Marianne » (1965) représentant l’artiste dans les bras de sa jeune tante. Richter a choisi un moment heureux, pourtant, la toile est grise. Et pour cause, Marianne est schizophrène. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est internée dans un centre spécialisé puis tuée par les nazis en février 1945.


betty richterGerhard Richter, Betty, 1977, 30 cm x 40 cm, Huile sur toile

 

Parmi les toiles qui m’ont particulièrement marquée, je retiendrai la vue de Paris. De près, le spectateur ne perçoit que des taches noires, grises et blanches, des coups grossiers de pinceau, mais en s’éloignant et en plissant les yeux, ces taches prennent formes et l’on distingue parfaitement les immeubles, les rues et le quartier. En me promenant sur le site de Richter, je me rends compte que j’ai fait l’inverse de ce qu’il aurait souhaité : j’ai rendu cette toile figurative. « L'artiste se joue du désir d'identification du regardeur pour l'objet représenté et il semblerait que Richter, lui-même, essaierai de comprendre l'image lorsque celle-ci cesse d'être reconnaissable. (...). « Une tache de peinture doit rester une tache de peinture, le tableau ne doit pas receler un message et ne susciter aucune interprétation ». Néanmoins, dans cette série, Gerhard Richter n'abandonne pas complètement son objet figuratif d'origine en choisissant de le souligner en utilisant le titre descriptif de Vue de ville. »

 

mer-mer.jpg

Gerhard Richter, Marine (mer-mer), 1970, 200 cm x 200 cm, Huile sur toile

Ce qui m’a bouleversée dans ces œuvres, c’est le mystère qui les entoure. Nimbées de brumes et de floues, elles ne s’imposent pas, elles laissent le spectateur libre de toute interprétation, à l'instar de ces « mers inversées », où j'ai été comme aspirée par cette « Mer mer » immense qui m’aspirait. Un sentiment de vertige m'a envahie. Rares sont les toiles qui provoquent en moi une telle réaction physique.

 

Pour toutes ces raisons et pour le plaisir des yeux, c’est sans retenue que je vous recommande cette rétrospective de l’œuvre de Gerhard Richter !


« Gerhard Richter, Panoram », jusqu'au 24 septembre, au Centre Pompidou.

 

Le site de Gerhard Richter : ici !

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