Cette semaine, j’ai lu de très beaux textes sur la toile à propos de la lecture lente et de la lecture rapide. C’est en lisant Lignes de fuite que j’ai découvert des sites approfondissant le sujet.
Il y a ceux qui aiment lire vite, comme Didier Da Silva : « je lis vite depuis l’enfance, n’aimant rien tant qu’avaler les pages par centaines, dans une sorte de fièvre ou d’hallucination ― si le livre est bon ma lecture est rarement mesurée ou distante, je fais corps avec le texte et je veux l’aspirer tout entier, ― je ne suis qu’un enthousiaste, voilà tout ». D’autres au contraire, aiment prendre le temps de réfléchir, de déguster chaque mot, chaque idée développée par l’auteur. Au sujet de Biographie comparée de Jorian Murgrave d’Antoine Volodine, Berlol explique : « J’aimerais pouvoir dire, sans être lourd, long ou pédant, combien et comment un passage comme celui-ci m’émeut et m’enthousiasme. Cela explique d’abord pourquoi je lis si lentement. Déjà un mois que j’ai commencé, par bribes de quelques pages ou lignes, ce premier livre de Volodine. Tous les jours, j’y pense, je baigne dedans en même temps que dans mes activités quotidiennes ».
Me concernant, je ne lis pas très vite, mais je lis longtemps, si bien qu’à la fin de la journée, j’ai pu lire l’intégralité d’un livre, s’il n’est pas trop long, du moins une grande partie. Cepenfant, comme le fait remarquer Didier Da Silva, il est des lectures qu’on a plaisir à lire lentement, parce qu’elles proposent une réflexion que l’on doit accepter de laisser mûrir.
Les essais politiques, par exemple, me demandent un long temps de lecture car il faut pouvoir assimiler les idées afin de pouvoir faire à mon tour un compte rendu sur Politique.net.
Les romans ne demandent pas le même temps de réflexion. En général, si je passe plus de trois jours sur un même roman, c’est mauvais signe, signe que je m’ennuie et que je ne parviens pas à entrer dans l’univers de l’auteur.
Didier Da Silva a une autre explication. Rendant compte de sa lecture des Mains gamines d’Emmanuelle Pagano, il avoue avoir été déçu par le roman qu’il ne trouve pas aussi fort que Les Adolescents troglodytes. Selon lui, cette déception serait due en partie à l’enchaînement trop rapide de ses lectures. Il est ainsi passé de Lacrimosa de Régis Jauffret aux Mains Gamines, sans transition, alors que les deux livres proposent des univers très différents : « passer de Jauffret à Pagano, c’est un sacré salto mental. J’avais vécu deux jours dans la peau d’un ironiste urbain dont le tout-puissant je s’incarnait dans des phrases en fer forgé, et je me retrouvais soudain plongé dans un brouillard peuplé de licornes et de fils de la vierge, perdu dans un labyrinthe de voix croisées, comme des voix de sirènes au fond d’un étang — non, l’image n’est pas bonne, les voix de ce roman ne se noient pas, ou alors dans l’air ; et elles ne se croisent pas non plus — ce serait plutôt, pour parodier Trakl (l’ai feuilleté récemment), le chant des séparées ».
Enfin, il y a les livres que l’on n’a pas envie de lâcher, qui nous ont tellement touché que l’on voudrait qu’ils continuent encore et encore. Ce fut le cas cet été avec C’était notre terre de Mathieu Belezi, mon véritable coup de cœur de la rentrée pour le moment.