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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 17:07

9782226258311m.jpgNous n’avons pas eu souvent l’occasion d’évoquer ici les romans d’Amélie Nothomb et pourtant, en huit ans d’existence, ce blog a vu passer huit romans de l’auteur belge. J’en ai lu certains, et suis passée à côté d’autres. La raison est simple : Amélie Nothomb est une séductrice, elle a l’art de la répartie. Certains romans d’autofiction sont pleins de facétie : Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes, pour ne citer que les plus réussis. Malheureusement, d’autres romans sont ratés, que l’on se remémore par exemple Journal d’Hirondelle ou Sauver le père… Ce n’est pas le temps que l’on « perd » à lire ces textes qui agace car ils se lisent très vite, mais la frustration que l’on ressent car l’on sait bien qu’Amélie Nothomb est un auteur imaginatif et plein de fantaisie. Bref, en cette rentrée, j’ai eu envie de goûter à la nouvelle cuvée Nothomb, ce qui tombait justement bien puisqu’il y est question de sa passion pour le champagne.

 

Autant vous prévenir de suite et sans modération : je n’ai pas aimé Pétronille et, contrairement à la plupart des romans autofictifs d’Amélie Nothomb, je n’ai pas ri une seule fois. J’ai vu l’auteur chez François Busnel évoquant un passage du roman qui se veut « hilarant » : celui où elle se rend à Londres pour interviewer Vivienne Westwood et qui se retrouve à promener le chien de la styliste. L’anecdote se voulait piquante mais elle tombe à plat… En tout cas, elle m’a laissé indifférente.

 

Mais reprenons très rapidement le sujet du roman : Amélie Nothomb aime, idolâtre le champagne mais ce nectar, selon ses principes ne peut se boire seule. Elle cherche donc un compagnon de beuverie à la mesure de sa passion. C’est ainsi qu’au cours d’une séance de dédicace, elle rencontre une jeune lectrice, qui se révélera être la « convigne » parfaite. Les deux femmes partagent le même goût pour le champagne et vont vite devenir inséparables. Ensemble, elles iront au ski, partageront des fêtes de fin d’année, cohabiteront dans l’appartement de l’écrivain…

 

Ce roman se veut une ode au champagne bien sûr mais aussi à l’amitié. Derrière Pétronille se cache l’écrivain Stéphanie Hochet. Elle la dépeint comme une jeune femme pétillante, désenchantée, fantasque, brillante, exubérante, dépressive, et particulièrement douée. Certes, Amélie Nothomb lui rend hommage d’une certaine manière mais on peut se demander pourquoi elle ne cite à aucun moment son nom alors qu’elle cite d’autres écrivains comme Carole Zalberg par exemple.

 

Que reste-t-il de cette lecture ? Pas grand-chose en vérité car dans les médias on annonçait un roman pétillant et rocambolesque, alors qu'il n'y a que des pistes : Amélie Nothomb regorge d'idées burlesques ou farfelues pour évoquer un personnage haut en couleurs mais elle ne va jamais au bout de ses idées. Elle raconte par exemple un séjour à la montagne en compagnie de son amie. Elle décrit les descentes de pistes les yeux fermés, complètement ivre après avoir partagé avec Pétronille une bouteille de champagne bue au goulot. Mais, après avoir lu cette anecdote, on se demande où l'auteur veut en venir. De même le récit du nouvel an chez les parents de Pétronille m'a particulièrement ennuyé car je l'ai trouvé convenu.


Comme souvent depuis quelque temps, j’ai été très frustrée après la lecture de ce nouvel opus d’Amélie Nothomb : très court, trop « facile », et surtout il y manquait la fantaisie qui définit si bien ses autofictions. Si vous êtes curieux de découvrir Pétronille, je vous recommande de regarder le passage de La Grande Librairie où l’auteur parle de son roman : tout est dit, et peut-être même mieux que dans son roman, car l’auteur a du bagout, à n’en pas douter.

 


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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 09:29

mon-doudou-divin.jpgSans doute faites-vous partie des 300 000 personnes qui ont lu Le Mec de la tombe d’à côté de Katarina Mazetti. Et peut-être serez-vous content d’apprendre qu’un nouveau roman de cet auteur vient de paraître Mon doudou divin (aux éditions Gaïa). N’ayant jamais, ne serait-ce que feuilleté le best-seller, j’ai commencé la lecture de Mon doudou divin sans a priori. Mais… j’aurais dû me douter, en raison du choix du titre et du thème de l’histoire, que ce livre ne serait pas pour moi.

 

D’emblée, le style relâché m’a heurtée, mais j’ai voulu en savoir un peu plus sur l’intrigue avant de me faire un avis définitif sur ce roman. L’histoire est simple : une pigiste pour la presse féminine décide de partir trois semaines à La Béatitude pour faire un reportage sur cette communauté proposant d’ « Essayer de trouver ou de créer [s]a propre foi en toute liberté ». Sur place, elle fait la connaissance de divers personnages en quête de spiritualité.

 

C’est vrai que le sujet en lui-même ne m’inspire guère. Non pas la spiritualité mais ces pseudos méthodes permettant de (re)nouer avec le sacré. C’est un sujet à la mode, et il me semble que l’auteur égrène de nombreux clichés sur cette quête, le déroulement du stage, les situations…

 

A tour de rôle, Véra la journaliste, et Madeleine, l’une des stagiaires, prennent la parole pour raconter leur quotidien au sein de la communauté. Certains faits sont étranges et l’on comprend que chaque personnage cache des secrets plus ou moins lourds. Pourtant, tout est évoqué avec beaucoup de légèreté alors que l’on aurait attendu sans doute un peu plus de profondeur.

 

Au final, Mon doudou divin est un petit livre sans conséquence, qu’on lit en moins de deux heures, sans déplaisir, dans le seul but de se divertir. A réserver toutefois pour un après-midi détente bien calé dans un transat. 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:24

5544254198_afd8d82a1d.jpgComme vous le savez, je déteste la pluie. La pluie me rend chagrin. Je n’y peux rien. S’il pleut, je n’ai qu’une envie, rester dans ma chambre, volets fermés, à ruminer des idées noires. C’est ainsi depuis toujours. La pluie m’évoque le dimanche et l’ennui.

 

Malgré cette aversion pour la pluie, j’ai lu un « essai » de Martin Page, De la pluie, dans l’espoir, peut-être, de me réconcilier avec cet élément naturel. Hélas…

 

De la pluie est une série de fragments qui se veulent poétiques, parfois drôles voire philosophiques. Il se lit aisément, Martin Page ayant du panache et de l’esprit. On ne peut s’ennuyer en devinant le portrait d’un écrivain sombre et solitaire. Quelques passages sont bien sentis. J’ai par exemple beaucoup apprécié l’histoire de ce chef chinois concoctant des mets à base de goutte de pluie. Les rappels historiques sur les éléments que sont le soleil ou la pluie ne manquent pas d’intérêt et l’on lirait jusqu’au bout ce petit traité sans prétention s’il n’y avait ici et là ces boursouflures, ces drôleries trop faciles et complaisantes qui gâchent le propos. À lire certains passages, j’ai reconnu l’univers qui m’avait tant agacé de Foenkinos (Le Potentiel érotique de ma femme).

 

Les arguments au service de la pluie m’ont chiffonnée : le soleil est forcément du côté de la puissance et de la guerre (voir tous ces pays du Sud qui s’entretuent) tandis que la pluie serait du côté des laissé-pour-compte, de la paix et de l’humilité. Cette vision est caricaturale, mais ce n’est pas tant cela qui m’a dérangée que le style prosaïque : « La pluie est mise au même rang que le crime, la misère et les maladies ; aux côtés de la laideur et de la noirceur, elle symbolise le mal. Le dégoût de la pluie cache une haine des pauvres et de la différence. On nous indique dans les guides de voyage les mois pluvieux pour nous permettre de les éviter. On veut du soleil et un beau décor. »

 

Ce livre m’a déçue… J’aurais voulu que Martin Page me fasse aimer la pluie, me fasse rêver, dépasser les clichés sur cet élément. Combien de romans, films, tableaux donnent une vision originale, personnelle, intime de la pluie ? En ce moment, je relis l’œuvre de Jean Rouaud, les premières pages des Champs d’honneur sont une pure merveille - décor pluvieux de la région nantaise, description réaliste mais aussi poétique. Ces pages frappent et émeuvent, me touchent profondément. Or, en lisant cet éloge de la pluie de Martin Page, j’ai souri, me suis agacée parfois. Mais n’ai pas été émue, comme si l’auteur n’avait rien livré de lui.

 

Dans la post-face, Martin Page explique qu’à travers De la pluie, il a voulu faire son autoportrait. C’était une idée judicieuse et tout n’est pas mauvais dans ce petit livre. Mais, on reste insensible, à l’abri de toute tempête littéraire alors qu’on aurait tant aimé être nimbé d’une ondée délicate. 

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 15:52

tuer le pèreJe dois vous faire une confession… Certains vont penser que j’ai eu raison de revenir sur mes préjugés et qu’il faut se replonger dans la prose d’un auteur avant de le condamner à jamais, d’autres en revanche penseront que j’ai, à tort, perdu un temps précieux au lieu de lire des romans qui en valent vraiment la peine. Alors voilà… J’ai lu le dernier roman d’Amélie Nothomb, Tuer le père. C’est une faiblesse à laquelle j’ai succombé au début de l’été… J’avais lu récemment Biographie de la faim avec un certain plaisir, me disant que les romans autofictifs de Nothomb ont de l’esprit et ne sont pas dénués d’intérêt. J’avais eu ce même sentiment avec Stupeur et tremblements et  Métaphysique des tubes. Ce ne sont pas des textes d’une grande profondeur mais un plaisir créatif baigne ces pages pleines d’humour et de malice. Pourquoi bouder son plaisir ? Las, je ne partage pas cet enthousiasme pour ses fictions où je ne retrouve ni son allégresse ni ses formules piquantes et judicieuses. Les histoires me semblaient tirées par les cheveux, incohérentes, sans profondeur.


Mais, en juillet dernier, allez savoir pourquoi, j’ai eu envie de retenter l’expérience…  Ce fut une bien mauvaise idée… Heureusement l'expérience n’a duré tout au plus qu'une heure et demie… Car le livre est très mince et la police très grosse, ce qui en dit long sur la volonté de l’auteur de développer un thème pourtant fort riche : la paternité.

 

Comme vous devez avoir lu le résumé un peu partout dans la presse, allons à l’essentiel : tout ce qu’on a bien pu vous révéler sur cette histoire de garçon devenu le roi des magiciens est déjà bien trop amplifié. En quelques lignes à peine, l’auteur expédie son histoire, avec ses nombreux rebondissements et son dénouement incroyable. Aussi, j’ai eu à peine le temps de me plonger dans l’histoire que le livre était déjà fermé à la dernière page. Et de cette histoire abracadabrantesque, il ne me reste rien que de l’animosité. Oui, je suis en colère contre un auteur qui a un certain talent pour la littérature populaire, accessible, divertissante, mais qui choisit de ne pas le partager. En lisant ce roman sur un jeune paumé qui tombe amoureux de sa mère adoptive, j’ai pensé que l’auteur avait écrit au fil de la plume sans penser à la structure de son texte ni à sa chute. Le cœur du roman est assez long et ennuyeux (on nous décrit une soirée déjantée entre gens du cirque où drogue et sexe sont de la partie) et soudain, le dénouement laissant le lecteur sur sa faim. Comment imaginer une seule seconde que ce jeune homme a voulu se venger de son père adoptif en passant un pacte avec un inconnu ? Pourquoi ? Dans quel but ? Le thème de la magie n’est qu’un prétexte. Mais je ne sais à quelle fin. Bref, non seulement, je n’ai pris aucun plaisir à lire ces quelques pages, mais surtout, je n’ai pas compris la visée du texte. Une chose est certaine, elle n’est ni divertissante, ni philosophique, ni esthétique.

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 11:37

le paradoxe du cerf volantC’est étrange comme parfois on peut se sentir complètement exclu d’un roman. On a beau s’accrocher, continuer de tourner les pages, l’auteur ne s’adresse pas à nous. Il ne nous intègre pas dans son lectorat. Philippe Georget, l’auteur du Paradoxe du cerf-volant (éditions Jigal), m’a tenu loin de lui. Certes, le sujet ne me passionnait pas : un boxeur HS se retrouve malgré lui impliqué dans une histoire de meurtres compliqués. Mais c’est avant tout le style brut de décoffrage qui m’a dérangé. Style pas désagréable, mais l’on sent bien que Philippe Georget a davantage peaufiné l’intrigue que son écriture virile. En revanche, concernant l’intrigue précisément, je reconnais que l’auteur s’est creusé la cervelle.

Difficile de résumer cette histoire et d’ailleurs ce serait dommage de déflorer complètement ce qui fait l’originalité sinon l’intérêt du livre. Je puis révéler toutefois que Le Paradoxe du cerf-volant commence par une série de meurtres mettant en cause Pierre Couture, l’anti-héros. Après avoir été accusé dans un premier temps puis complètement dédouané, celui-ci décide de mener lui-même l’enquête et d’en savoir plus sur son passé et le premier homme tué de la série, un certain Lazlo. Ses recherches le mènent dans les Balkans, d’où serait originaire Lazlo. Parallèlement, il reprend poursuit la boxe, noue une amitié sincère avec une pervenche, tente de retrouver les traces de son père qui l’a abandonné enfant... Les rebondissements sont nombreux et l’on ne s’ennuie pas. Mais, en tant que lectrice, j’ai eu l’impression que l’auteur a gagné par K-O. Celui-ci a recours aux introspections pour partager les désirs et aspirations de Pierre Couture, mais je n’ai pas adhéré. Ce personnage m’est resté indifférent…

Pourtant, je n’ai pas abandonné cette lecture puisque Philippe Georget sait rondement mener son intrigue. Le Paradoxe du cerf-volant s’organise en trois rencontres de boxe, découpées en douze rounds chacun. Cette organisation méticuleuse permet de tenir en haleine le lecteur, même novice en boxe. Car, si la boxe est bien présente dans ce roman, elle n’a qu’un rôle congru parmi de multiples thématiques abordées.

Si je me suis sentie complètement exclue de ce polar, je reste sensible à cette volonté de composer une intrigue bien ficelée, qui ne manque pas de panache.

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 19:16

loup.jpgÉtant très occupée par diverses activités littéraires ces derniers mois, je prends moins le temps hélas, de passer du temps, avec vous, sur ce blog. Mais aujourd’hui, il me semble important de sortir de ma tanière pour vous faire part de mon agacement… Eh oui, cela faisait longtemps ! En septembre, j’ai lu le dernier roman de Virginie Despentes, Apocalypse bébé. J’ai trouvé une certaine énergie dans les premières pages, sentiment qui remettait en cause un premier jugement que je m’étais forgé de cet auteur après avoir lu, consternée, Baise-moi il y a quelques années. Tout y était pauvre, dénué du moindre intérêt. Provocation gratuite, style plat. Bref, je ne m’étais depuis plus attardée sur cet auteur. Cette année, parce que j’avais entendu les rumeurs positives sur ce nouvel opus de Virginie Despentes, j’avais envie de dépasser ce jugement et de constater ce changement stylistique loué par la presse, quasi unanime.

 

Passé les premières pages assez vives et enthousiasmantes donc, qui évoquent le contexte de la disparition d’une adolescente à la sortie de son école et dressent un rapide portrait de la détective, je me suis vite agacée. La lassitude s’est installée car contrairement à ce que l’on pouvait s’attendre de la part d’un auteur qui se dit « rebelle », tous les clichés étaient là : les bourges sont des cons, les jeunes ne pensent qu’à fumer des joints et le sexe est fatalement graveleux et violent. Cette vision si stéréotypée de la société ne m’a pas choquée mais interloquée. Comment un auteur peut-il avoir une vision si étroite de ce qui l’entoure ? Son image de la banlieue est tellement cliché que l’on se demande si elle s’est intéressée au sujet, aux gens qui y vivent, y travaillent… Certes, Yacine, le jeune qui rencontre la disparue, existe. Il y a des jeunes en effet qui prennent toutes les filles pour « des putes » (dixit le narrateur) et ne méritent aucun respect. Des médiateurs, des éducateurs passent du temps avec ces jeunes pour ouvrir le débat, discuter des relations « garçons-filles » dans les cités. Il est vrai que ce regard misogyne et agressif existe mais Virginie Despentes ne donne que cette image négative dans son roman. Tous les personnages qu’elle présente reflètent un aspect de la société le plus médiocre. Prenons le cas du père de la jeune fille disparue. C’est un écrivain. Comme tout écrivain qui se respecte, il a de nombreuses conquêtes, passe son temps sur Amazon à vérifier son rang dans le classement des ventes… C’est, selon le narrateur, un pauvre type, pas très intéressant, qui n’est préoccupé que par son image d’auteur. Encore une fois, ce type peut exister. Mais qui ne se figure pas ainsi l’écrivain ? N’est-ce pas cette image que l’on retrouve dans les médias ? En quoi Virginie Despentes offre-t-elle, comme elle le souhaiterait (ou du moins comme les journalistes le laissent entendre), une image décapante de la société ? En quoi son regard est-il neuf ? Oui, c’est un monde crasseux, sans amour, sans rédemption. Et ? C’est tout ?

 

Je passerai sur la fin qui est complètement ratée. Ne voyant certainement pas d’issue à son livre, Virginie Despentes décide de tout faire exploser. Ce qui est, bien sûr, très crédible. Sur ce point, je ne contredirai pas ceux qui ont écrit que la fin est inattendue !

 

Quant au style, que dire d’autre que… rien de bien original.

 

Je m’étais tue jusqu’alors sur ce roman sans grand intérêt mais comme il revient à la une des sites et des médias et qu’on l’encense, je ne puis réprimer plus encore mon agacement. Voilà, c’est fait. 

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 18:35

le-garcon-bientot-oublie.jpgPour tout vous dire, je suis restée interloquée devant ce roman, publié dans la collection « Meduim » à l’école des loisirs. Il s’agit du second roman de Jean-Noël Sciarini qui m’avait réjoui avec Nous étions des passe-muraille, histoire d’amour entre un garçon sensible et une jeune fille anorexique. Cette année, l’auteur publie Le garçon bientôt oublié, histoire encore d’un adolescent en souffrance. Mais cette fois, la magie n’a pas agi. Le sujet, sans doute, m’a paru difficile à traiter en si peu de pages. J’aurais aimé que l’auteur prenne davantage le temps de nous décrire l’évolution de son narrateur, Toni, qui cherche à savoir qui il est. C’est un sujet hautement philosophique, mais ce n’est pas sous cet aspect qu’il est traité. Ici, il est question de transsexualité, sujet vraiment délicat, plus encore auprès d’un public adolescent. Mais pourquoi pas justement faire le pari d’ouvrir l’esprit des lecteurs et leur proposer un sujet peu traité et tabou. Le problème, c’est que c’est délicat. J’ai apprécié la pudeur de l’auteur de ne jamais entrer dans des détails scabreux. Mais malgré tout, je ne suis pas parvenue à adhérer à cette histoire. Celle d’un garçon qui se sent si mal dans sa peau qu’il va enquêter auprès de sa famille et de ses amis pour comprendre qui il est.  Je n'ai pas trouvé crédible non plus son voyage à Paris, pas plus que sa rencontre avec Rose, la prostituée... Comme dans Nous étions des passe-muraille, la musique est très importante, comme elle l’est d’ailleurs dans l’existence de nombreux adolescents. Toni veut savoir quelle chanson a changé la vie de ceux de son entourage.

 

Plusieurs chansons sont d’ailleurs retranscrites puis traduites par Blandine Longre. Pour devenir qui il est, « le garçon bientôt oublié », Toni prend ses distances, quitte pour quelques jours la Suisse. Le roman s’achève avant sa complète métamorphose. Ce sera au lecteur d’imaginer cette vie nouvelle, assumée par ce narrateur qui se découvre au fil des pages.

 

On retrouve dans ce roman toute la sensibilité de Jean-Noël Sciarini, son écriture simple mais efficace, son univers musical qui donne une sacrée envie d’écouter  les artistes cités, en particulier, le chanteur qui a changé la vie de ce narrateur, Antony and the Johnsons, crooner androgyne, sorte de frère spirituel guidant le jeune adolescent dans sa quête.

 

Et vous, aurez-vous envie de faire connaissance avec « Le garçon bientôt oublié » ?

 

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 12:20

 

quand-souffle-le-vend-du-nord.jpg

 

 

A

 

près ces semaines, voire ces mois d’absence, je reviens vers vous en reprenant les rennes de mon blog que j’ai lâchement abandonné pour découvrir de nouveaux cieux qui, hélas, s’ils m’ont appris des milliers de choses que je distillerai ici et là dans mes prochains billets, m’ont éloigné de vous et surtout ouvert les yeux sur le monde de l’entreprise… Cette expérience, qui je pense ne sera guère qu’une expérience, m’a permis, toutefois, de m’intéresser de plus près aux rapports sociaux. Pendant quelques mois, j’ai été immergée dans un monde dont j’ignorais quasi tout et qui m’a, pour tout vous dire, terrifiée.

 

Aussi, pour ce retour dans le monde virtuel de la blogosphère, je souhaiterais évoquer un roman qui a fait grand bruit : Quand souffle le vent du nord de l’autrichien Daniel Glattauer (aux éditions Grasset) en ayant droit à un soutien de la presse et des blogs assez unanime. Ce ne sera pas mon cas. J’ai lu ce livre en me demandant quel avait été l’intérêt d’un tel projet sinon de placer le lecteur dans une position de voyeur et de lui faire passer un moment plutôt agréable. C’est déjà pas mal, me rétorqueront certains. Mais est-ce le but de la littérature de me divertir, s’il ne reste rien de cette lecture, le livre refermé ?

 

Le sujet et la forme du roman étaient pourtant prometteurs : Daniel Glattauer a eu la bonne idée de renouveler le genre du roman épistolaire en l’adaptant aux technologies modernes, c’est-à-dire Internet. Ainsi, une certaine Emma Rothner entre de façon fortuite en contact avec Leo Leike via un mail qui ne lui était pas adressé. Aussitôt, un dialogue s’instaure entre les deux personnages qui, sur un ton badin, s’échangent des banalités. Peu à peu naît une inévitable relation platonique de laquelle surgit moult fantasmes. Vient alors le moment où ils ont très envie de se rencontrer mais craignent d’être déçus : et si cette belle relation prenait fin parce que physiquement ils ne se plaisaient pas ?

 

Dès le début de cette relation virtuelle, les dés sont pipés : Emma est mariée et mère de famille, qui plus est, se dit heureuse de sa vie. Pourquoi irait-elle la remettre en jeu ? Quant à Leo, il semble se complaire dans cette relation, persuadé que cette femme lui plaît inconditionnellement mais à chaque instant repousse le moment de la rencontre. Ce mode de relation lui convient parfaitement, dans un premier temps, du moins.

 

L’intrigue initiale est intéressante : on se demande si, en effet, les deux personnages réussiront à concrétiser leur aventure épistolaire dans la réalité. Mais très vite, le roman tourne en rond : l’un fait un pas, l’autre recule… Et la dernière partie m’est apparue complètement ratée car piétinante. On s’ennuie ferme en réalisant que l’on avait raison : la relation était vouée à l’échec…

 

Mais s’il ne s’agissait que de cela… Combien parmi nous ont tenté de rencontrer l’âme sœur sur des sites de rencontres et ont préféré renoncer à concrétiser leur idylle en dehors du monde virtuel, ou bien ont été déçus de la personne qui s’est présentée à eux, car très éloignée de leurs fantasmes ? Ces faits sont avérés et auraient pu donner lieu à un livre profond. Le problème c’est que non seulement le roman manque de souffle mais surtout l’auteur s’est abrité derrière les mails pour se dispenser d’écrire. Les dialogues sont d’une platitude navrante voire irritante. Le plaisir des premières pages est gâché par un manque certain de créativité. Un petit extrait pour vous convaincre :

 

« Objet : ???

Chère madame Rothner, êtes-vous vexée ? Vous savez, je ne vous connais pas du tout. Comment pourrais-je deviner votre âge ? Vous avez peut-être 20 ou 60 ans. Vous pesez peut-être 100 kilos pour 1,90 m.

 

Comme pointure, vous faites peut-être du 46 - et du coup vous n'avez que trois paires de chaussures, faites sur mesure. (...)  Donc je vous en prie, ne soyez pas fâchée. Cela m'a amusé d'essayer de deviner, j'ai de vous une image si confuse que j'ai voulu vous décrire avec une précision exagérée. Je ne voulais pas vous froisser. Bises, Leo Leike.

 

Deux heures plus tard

 

Re :

Cher « professeur », j'aime votre humour, il n'est qu'un demi-ton au-dessus d'un sérieux maladif, et c'est ce qui le rend si insolite ! Je vous écris demain. Je m'en réjouis déjà ! Emmi. »

 

Que conclure d’un tel livre ? Il s’est vendu à ce jour à plus de 750 000 exemplaires à travers le monde et a été traduit dans 25 langues… Bravo !

 

Regardez la bande-annonce du roman, vous m'en direz des nouvelles ! 


 

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 13:19

Ma voiture @ Mission Beach, Queensland, AustraliaDepuis quelque temps, en lisant certains romans français, je note que les auteurs ont une idée derrière la tête : non pas écrire un texte abouti, qui vaudrait pour lui même, mais une sorte de synopsis qui sera développé plus tard, lors de son adaptation cinématographique. On sait que les adaptations cinématographiques promettent des rentrées d’argent juteuses, bien plus intéressantes que celles de romans…
 

J’ai repensé à cela en lisant le dernier roman de Pascal Garnier qui sortira en janvier aux éditions Zulma. Je n’avais encore jamais lu de romans de cet auteur mais on me l’a conseillé à plusieurs reprises sur ce blog et l’occasion s’est enfin présentée…
 

En découvrant le livre, je l’ai trouvé bien mince mais le titre, Le grand loin m’a immédiatement séduit. Je me suis immédiatement plongée dans la lecture et ai trouvé l’écriture agréable. Pas révolutionnaire mais plaisante. Simple.  Les pages se laissent tourner. Mais, à la page 49, et déjà au tiers du roman, je me suis demandé de quoi il pourrait s’agir car pour le moment il n’a été question que d’un certain Marc qui s’ennuie un peu dans son existence, adopte un chat pataud que sa compagne surnomme Boudu et rend visite à sa fille internée en hôpital psychiatrique. Hormis le fait qu’elle s’appelle Anne, qu’elle est grassouillette et qu’elle est quelque peu étrange (mais vous vous en doutez un peu, je suppose), nous ne saurons rien d’elle : pourquoi et comment elle en est arrivée à être internée, son passé… C’est le premier reproche que l’on peut faire : les personnages n’ont aucune épaisseur. En refermant le roman, Anne et son père demeurent des étrangers. Certes, c’est un roman qui se veut étrange, effrayant mais un peu de psychologie n’aurait pas nui à sa profondeur.
 

Donc, à la page 49, je me suis décidé à lire la quatrième de couverture pour savoir ce qui devait m’attendre… Voici le résumé :

« Père placide et d’humeur conciliante, voilà Marc parti vers le sud avec sa fille Anne qu’il vient d’enlever à son hôpital psychiatrique pour le week-end. Mais la petite escapade tourne bientôt à la cavale. Anne ne veut plus rentrer, surtout pas à l’asile. Elle veut aller loin, très loin, le plus loin possible. Constellée d’incendies bizarres et semée de cadavres, la drôle d’équipée se transforme vite en un hallucinant road-movie ».
 

De quoi se mettre l’eau à la bouche : « cavale », « incendies », « cadavres », « road movie »… Tout cela promet d’être palpitant. Pourtant, un doute surgit : comment raconter autant de péripéties en si peu de pages ? Le livre est fin et les pages blanches nombreuses… Mais, je ne me laisse pas abattre et poursuit donc la lecture du roman. En fait de road movie, un père et sa fille un peu limitée vont dans un premier temps au Touquet puis à Agens. Deux êtres qui se connaissent mal et si différents l’un de l’autre, ensemble pour une virée, ça ne vous rappelle rien ? Bah voilà, vous êtes invité à lire et à imaginer une fois de plus ces histoires mille fois racontées. Certes, il y a des meurtres et des incendies mais on est en compagnie d’une fille sortie sans permission d’un hôpital psychiatrique…
 

Un autre élément m’a vraiment gênée et vous allez comprendre pourquoi j’ai commencé ce billet en évoquant les adaptations cinématographiques. Pascal Garnier écrit dans un style simple et fluide mais surtout met en scène des situations très visuelles. En lisant Le grand loin, j’ai eu l’impression de voir un téléfilm. En terminant le roman, dont je tairai la fin mais qui pour sûr ne m’a pas ravi parce que extrême, j’ai trouvé la bio de l’auteur dans le rabat de la couverture. On y apprend qu’il travaille aux scénarios de ses derniers romans : Comment va la douleur ? et Lune captive dans un œil mort. Ca vous étonne ? Moi, pas !

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17 juillet 2009 5 17 /07 /juillet /2009 09:37

Si vous avez lu mon billet précédent, ce dont je ne doute pas, vous savez donc que Les Allusifs ont inauguré une collection de polars « ¾ » autour d’un auteur, pour le moment, Gabriel Trujillo Muñoz. Aujourd’hui, concentrons-nous sur le deuxième opus, Loverboy.

 

Ce roman est très différent du premier, beaucoup plus violent, beaucoup plus glauque aussi. Il évoque de façon brutale le trafic d’organes d’enfants. On retrouve de nouveau l’avocat des causes perdues, Morgado, accosté par une jolie nana très entreprenante qui lui demande de retrouver les responsables de la mort du médecin de Mexicali, le docteur Fidel Chacón. Celui-ci enquêtait sur les enlèvements d’enfants. Depuis quelques mois, des enfants, à la frontière mexicaine, disparaissent mystérieusement. Fidel Chacón semble avoir trouvé une piste : on retrouve près de son corps une vidéo montrant le repère des criminels.

 

Dès lors, c’est la descente aux enfers. Le narrateur ne se place pas du côté de l’enquêteur, Morgado, il préfère opter pour un point de vue omniscient, nous dressant ainsi le portrait d’un certain Loverboy, un jeune psychopathe, avide de sang, n’hésitant pas à charcuter les enfants de moins de 10 ans, des petits Mexicains, pour revendre leurs organes à de riches Américains prêts à payer des sommes astronomiques pour sauver la vie de leurs propres enfants.

 

 

Le roman est d’autant plus étrange et malsain que le psychopathe, Loverboy, s’exprime en anglais, le traducteur ayant fait le choix de ne pas transcrire en français ses propos afin de laisser le lecteur quelque peu embarrassé…

 

Le livre met d’autant moins mal à l’aise que l’on connaît surtout la réaction des Américains qui bénéficient de ces organes :

« L’homme pensa alors aux conséquences de ses actes. Il pouvait avoir des ennuis avec la justice si quelqu’un apprenait comment ce rein sain, de la dimension de celui de son fils malade, était apparu en moins d’une semaine dans la banque d’organes de cet hôpital privé. Puis il réfléchit encore un peu et se vit en train de remplir sa déclaration d’impôts de l’année. Il allait falloir trouver moyen d’expliquer comment cinquante mille dollars s’étaient évanouis en fumée. Quand il en fut arrivé là, il chassa ces pensées.

Il caressa son épouse et lui souffla :

(…)

Pour la première fois, elle se demanda : « d’où vient ce rein ? Qui l’a donné à mon fils ?, puis elle exprima sa pernsée à haute voix.

(…)

Et tous deux surent, au moment même où ils disaient ces mots, que quelque chose n’allait pas, qu’ils mentaient l’un et l’autre pour une raison inconnue qui leur serait révélée tôt ou tard, et les tourmenterait ».

Le texte est cru, violent, malsain : les Mexicains payent de leur corps pour sauver des Américains cyniques, sûrs de leurs bons droits… On ne ressort pas indemne de cette lecture-choc.

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