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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
Des livres, des films, des expos et bien plus encore...

 

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 08:46

Mathieu Sapin est l'auteur de la BD-reportage Campagne présidentielle (éditions Dargaud). Avec Laurent Binet (Rien ne se passe comme prévu), il a suivi pendant deux cents jours le candidat François Hollande. Cette BD a été publiée au lendemain de l'élection présidentielle. 

Alors, que penser de ce livre ?

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 17:09

marie-sabine-roger.jpgDepuis l’adaptation au cinéma par Jean Becker de La Tête en friche, le grand public connaît Marie-Sabine Roger. Vous devez connaître l’histoire : un grand gaillard, pas bien malin, fait la rencontre d’une vieille dame, bienveillante et généreuse, qui lui donne le goût de lire. C’était une histoire tendre qui a touché tous les cœurs sensibles. Eh bien précisément, à l’instar de ce roman, Bon rétablissement (éditions du Rouergue) est un livre tendre et émouvant, qui met à l’honneur, encore une fois, les rencontres amicales.

 

Marie-Sabine Roger, en effet, aime raconter des histoires d’hommes à part, quelque peu marginalisés, en tout cas, mal aimés. Le narrateur, Jean-Pierre, non seulement est sans doute mal aimé mais se définit comme un vieux misanthrope, veuf et sans enfant. Aussi, le lecteur naïf est-il bien obligé de le croire. Jean-Pierre se retrouve à l’hôpital après avoir été accidentellement mis à l’eau. Il ne se souvient plus de rien. Un policier ouvre une enquête et vient lui rendre régulièrement visite. Il lui apprend que c’est un jeune prostitué qui lui a sauvé la vie.

 

Le narrateur a perdu la mémoire si bien que son attention est portée sur son quotidien : l’hôpital. Avec beaucoup de dérision, il décrit son séjour à l’hôpital : la visite des spécialistes accompagnés de leurs hordes d’étudiants, le réveil aux aurores des infirmières parfois brusques, le manque d’intimité, la promiscuité… On s’y croirait presque !

 

Et finalement, alors que le narrateur s’attendait à demeurer seul, les visites s’enchaînent : son frère et sa belle-sœur (qui l’ennuient), une des ses voisines de chambre (qui l’agace chaque jour un peu plus), le policier et même le prostitué. Tous ces personnages se révèlent très différents de l’image que s’en faisait le narrateur.

 

Ne cherchez pas dans ce roman de grandes envolées lyriques : Marie-Sabine Roger choisit au contraire une écriture simple et efficace. L’humour constitue le sel de ce roman qui souhaite montrer le bouleversement du cours de la vie d’un homme qui pensait finir ses jours seul et tranquille. Grâce à son séjour à l’hôpital, il prend conscience qu’il s’est construit une carapace épaisse qui empêche tout contact avec l’extérieur. Peu à peu, il prend goût à cette aventure qui s’offre à lui.

 

Bon rétablissement n’est pas un chef d’œuvre mais il fait partie de ces livres que l’on prend plaisir à lire et à offrir parce qu’on sait qu’ils font du bien.

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 10:41

cannisses-marcus-maltes.jpgJe commence à vraiment prendre un réel plaisir à lire les nouvelles de la collection Polaroïd aux éditions L’Atelier In-8. Ce sont de petits textes noirs, souvent absurdes, grinçants. En quelques pages, l’auteur parvient à instaurer une atmosphère étrange, dérangeante. Marc Villard est le directeur de cette collection, qu’il présente ainsi : « Quand on me demande pourquoi j’ai choisi d’écrire sur le Noir, sur ce qui va mal, je réponds toujours que si tout était parfait, je n’écrirais pas. Je vivrais le bonheur d’exister dans un monde merveilleux. Polaroïd fait donc le choix du Noir.

Les livres sont courts car, concernant une littérature d’urgence, l’essentiel est rapidement dit. Vouloir tout dire et tout décrire, ce serait infantiliser le lecteur.

Noir et court, donc. Mais aussi fictionnel, car plonger dans le romanesque permet d’en dire autant et plus subtilement que dans des auto-tracts fomentés par des people.

Le mot Polaroïd évoque ces photos vite cadrées, vite développées mais longtemps conservées, qui reviennent sur le devant de la scène, contournant le numérique, trop loin des humains. »

 

C’est une parfaite définition de cette collection et Cannisses de Marcus Malte ne déroge pas à cette ligne éditoriale.

Ce qui retient l’attention dans cette courte nouvelle, c’est son efficacité narrative. Dans un style simple, « épuré », le lecteur entre dans l’histoire in medias res : le narrateur, un jeune père de deux garçons, veuf depuis peu, tente de surmonter son chagrin en observant, caché derrière ses cannisses les voisins, en se persuadant que si sa famille a connu une telle tragédie, c’est parce qu’elle a acheté la « mauvaise maison ». L’homme est certain que ses voisins, qui ont à peu près le même âge que lui, et ont aussi une petite fille, sont heureux. Ils ont choisi la « bonne maison », alors que lui et sa femme n’ont pas eu de chance… Aussi, pour changer la donne, il décide de sympathiser avec ses voisins, de se rapprocher d’eux pour pouvoir pénétrer dans cette maison du bonheur, maison qui, selon lui, doit lui revenir.

 

L’histoire est elle aussi très simple, mais la montée de la folie du personnage est jouissive : on craint et on rit de cet homme qui perd pied et s’incruste avec ses enfants et les souvenirs de sa femme chez ses voisins. Évidemment, au fil des pages, la paranoïa du narrateur augmente, son désir de vengeance également.

 

J’ai reconnu dans ces pages de Marcus Malte une filiation certaine avec les livres Pascal Garnier. Chez ces deux auteurs, l’écriture est toujours fluide et simple, pas de recherche stylistique particulière, mais un goût certain pour l’humour noir et la folie. J’ai réellement passé un très bon moment de lecture.

 

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 18:23

sans-la-tele.jpgJean-Luc Godard estime que « le cinéma fabrique des souvenirs, alors que la télévision fabrique de l’oubli ». C’est aussi ce que pense Guillaume Guéraud, auteur de nombreux romans pour la jeunesse. Dans son récit autobiographie Sans la télé (DoAdo, Le Rouergue), Guéraud raconte son enfance et son amour immodéré pour le septième art.

 

Dans ce récit encore, Guillaume Guéraud s’adresse au jeune public. Dès le premier chapitre, il aborde la question d’avoir une télé chez soi. Tous ses copains en ont une, sauf lui. Sa mère considère que « la télévision c’est pour les vieilles personnes qui en savent plus quoi faire de leur vie ». Mais comme l’enfant n’a pas de frère et sœur, il s’ennuie et se sent en décalage vis à vis de ses camarades qui connaissent tous Tom Sawyer, La Petite maison dans la prairie ou Goldorak.

 

Pourtant, sa mère, au lieu de le laisser végéter seul dans sa chambre, sinon pour découvrir le roman de Mark Twain, l’abonne au ciné club et lui fait découvrir les grands films. Dans la cour de récréation, il n’a plus honte de ne pas avoir de télé puisqu’il raconte à ses amis ce qu’il a vu, réinvente les scènes qu’il a mal comprises…  Ainsi La Dame aux camélias devient La Dame aux crachats. Grâce au cinéma, il s’invente de nouveaux scénarios, crée son univers cinématographique. Et tous ces souvenirs sont le terreau de ses propres romans. C’est grâce au cinéma, qu’il est écrivain.

 

Sans la télé est un récit autobiographique très sensible, et l’on retrouve l’écriture propre à Guéraud. Certains passages sont très émouvants, d’autres amusants. Comme toujours, l’évocation de ses plaisirs solitaires m'insupportent car gratuits, mais hormis ce détail incongru, l’ensemble est intéressant. Du Voleur de bicyclette  en passant par Mon oncle d’Amérique, La Belle et la Bête ou  Scarface, Guéraud associe ces chefs d’œuvre à ses propres souvenirs d’enfance. A la fin du livre, on retrouve la liste des films avec la raison pour laquelle l’auteur le conseille et chaque chapitre se clôt sur un extrait de film, la bande son… Ces bonus donnent une furieuse envie de ciné.

 

 

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 19:52

prof serial killer

 

L’humour est un atout essentiel, surtout lorsque l’on fait un boulot ingrat. Souvenez-vous de Stupeur et Tremblements d’Amélie Nothomb (certains frémissent en lisant cette référence, mais je vous assure que c’est un roman très valable) : la narratrice, en stage, au Japon, exécute des tâches plus absurdes les unes que les autres. Elle parvient à survivre à cette expérience grâce à sa dérision.

 

Nombreux sont les boulots qui méritent que l’on soit bardé d’humour pour ne pas s’effondrer dès les premiers jours. Prof, dans certaines banlieues, peut relever du véritable parcours du combattant. Il est des jobs plus ingrats, sans aucun doute, mais celui-ci m’est le plus familier. Hélas.

 

Vous vous souvenez peut-être de cet excellent roman de Dag Solstad, Honte et Dignité , dans lequel un prof de lettres, passionné de théâtre et du Canard sauvage d’Ibsen en particulier, pète soudainement les plombs, sans crier gare ? Quel enseignant n’a pas rêvé d’en faire autant ? D’insulter, comme ça, un élève qui nous insupporte vraiment.

 

En cette rentrée, Jean-Pierre Gattégno publie Mon âme au diable, chez Calmann-Lévy. Je l’ai lu en vacances. Et c’est dans un esprit de détente qu’il faut le lire, surtout pas au premier degré, au risque d’être choqué ou de vous agacer par cette vision apocalyptique du collège. J’ai lu ce roman comme une farce complètement farfelue, un délire de prof. Le narrateur expulse toute la répugnance qu’il a à l’égard des collèges difficiles. Certes, il ne fait pas dans la dentelle, n’épargne ni les profs ni les élèves, imagine des situations burlesques, extravagantes. Ce n’est pas un roman pour réfléchir au système scolaire. Sinon c’est raté. C’est trop gros. Certains détails sont véridiques mais d’autres sont terriblement outrés. Mon âme au diable caricature, pousse à l’extrême ce qui se passe dans certains collèges.

 

Si vous êtes jeunes profs, ou bien que, déjà mi-septembre, vous ne supportez plus vos élèves et avez des envies de meurtres, calmez-vous en lisant ce défouloir qu’est Mon âme au diable. D’un point de vue littéraire, vous serez déçus, mais votre moral, lui, remontera. Je vous le souhaite en tout cas.

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 16:40

le-joli-mois-de-mai.jpgComme vous le savez déjà, je suis attachée au style d’un roman. Un texte, même bien fichu, écrit platement me gonfle très rapidement. Aussi, quelle ne fut ma surprise en découvrant Le Joli Mois de mai d’Émilie de Turckheim aux éditions Héloïse d’Ormesson ! Je vous livre l’incipit :

« Mon prénom, c’est Aimé. Comme quoi, ça veut rien dire. Vous allez voir, je sais pas raconter les histoires.

On était tranquilles et voilà qu’on se croirait à l’automne. Le sale mois de novembre où les visiteurs louent les chambres du premier et se lèvent plus tôt que le soleil pour aller tirer du plomb dans les bêtes. Combien y sont les Parisiens ? »

Et ainsi de suite. Le narrateur, unique, s’appelle donc Aimé, il est l’homme à tout faire de la propriété de Monsieur Louis. Comme vous l’avez constaté, son langage est limité. Dès les premières pages, j’ai eu envie d’abandonner ce livre qui sent le plouc. Certaines formules me semblent même venir d’un autre temps, à l’instar du dialogue entre Pierrot et Toinette du Dom Juan de Molière.

Toutefois, très vite, se dégage un humour grinçant. Les observations de ce pauvre Aimé (quelque peu demeuré et pourtant très lucide) font rire. J’ai lu ce roman court comme une sorte de sketch macabre. Aimé rapporte une série d’événements tragiques sur un ton badin : son maître, Monsieur Louis, s’est suicidé ; la veille de la remise du testament à différents légataires, l’un d’eux meurt subitement… Il est également question de prostitution, viole, vengeance…

Au cours de cette soirée, les héritiers se retrouvent dans la demeure de Monsieur Louis, plus ou moins étonnés de bénéficier de ce legs n’ayant aucun lien de parenté avec le défunt. Aimé observe, analyse les réactions de ces gens avides de posséder des biens auxquels ils ne s’attendent pas et qui ne se posent pas la question de leur présence en ces lieux. Leurs tares sont décrites avec finesse dans une syntaxe malhabile et ce décalage rend la situation plus terrible encore.

Le Joli Mois de mai n’est certainement pas le meilleur livre de l’année, mais si on le lit pour ce qu’il est – une fable cruelle -, on passe un bon moment de rire… jaune.

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 12:18

cimetiere-des-livres-venimeux.gifIl y a deux ans déjà, j’avais fait une enquête au moment du Salon du Livre de Montreuil sur les dessous de l’édition pour les adolescents. J’avais rencontré pas mal d’éditeurs qui m’ont tous confié avoir du mal à toucher la cible des 9-12. Pourtant, une collection s’est emparée triomphalement de cette tranche d’âge, et pas n’importe laquelle puisque c’est « Neuf » aux éditions l’école des loisirs. Dans cette collection, les auteurs connus et reconnus dans le secteur de la jeunesse sont légion. On y retrouve notamment Anne-Marie Murail, Agnès Desarthe, Marie Desplechin, Susie Morgenstern, Brigitte Smadja… Mais les lecteurs curieux auront également la chance de découvrir la plume de Nils Ahl avec Le cimetière des livres venimeux, tome 2 des Carnets souterrains de Zénon.

Comment ne pas tomber sous le charme de Zénon et de son chien Erasmus II Apoidur ? Nils Ahl nous enchante avec un récit d’aventure bourré d’humour et de rebondissements. En apparence Zénon est un ado, tout ce qu’il y a de plus normal. Il vit avec son père et son « chien de couleur », entretient une relation difficile avec sa sœur, et bien sûr, a deux amoureuses. Mais la nuit, accompagné d’Erasmus II Apoldur, il descend visiter les mondes souterrains. L’aventure commence vraiment quand le père ainsi que les livres venimeux viennent à tomber malades : des taches brunes recouvrent leur peau. Zénon qui connaît bien les mondes souterrains ne perd pas une minute et, aux côtés de ses amoureuses et de son chien de couleur, il part à l’aventure. J’ai été particulièrement attentive à la description que Zénon fait de la mystérieuse ville de Basmati ainsi qu’à la création d’un monde merveilleux (étranges créatures, sorciers…). Car, Nils Ahl ne s’adresse pas à de petits lecteurs en adaptant son style à leur niveau. Au contraire, il tente de les élever avec une écriture élégante et soutenue. Le roman est accessible à travers l’univers plein de rêverie de Zénon qui se plaît à inventer de nouveaux mots pour dire l’univers vivant qui l’entoure, son humour, ses préoccupations adolescentes, mais l’auteur veille à ne pas tomber dans la facilité. Le Cimetière des livres venimeux est un véritable roman d’aventures qui laisse la part belle aux livres et à la fantaisie. 

 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 00:29

zizi-the-kid.jpgSi vous voulez passer une heure ou deux de pure régression, j’ai le livre qu’il vous faut : c’est Zizi the kid, le nouvel opus de David Abiker (Robert Laffont), que l’on ne présente plus dans la blogosphère. On est loin du style des Années d’Annie Ernaux (que je vous recommande également) mais on y retrouve la nostalgie liée à l’enfance, avec ses icônes, son atmosphère… Mais avouons-le tout de suite, ce qui préoccupe en tout premier lieu ce petit garçon, c’est son zizi et son attirance pour les femmes. Toutes les occasions sont bonnes pour assouvir son désir de découverte : le catalogue des 3 Suisses, la plage, l'école, la table sous laquelle il se cache pendant que sa mère couturière ajuste les jupes de ses clientes… Dans un milieu où parler sexualité est tabou, le jeune David doit trouver par lui-même les réponses à ses interrogations. Ah les frites Végétaline et leurs jolies guiboles sources de fantasmes !...


C’est drôle, léger, parfois émouvant : le lecteur, fille (eh oui !) comme garçon, se reconnaîtra dans les tribulations de ce préado curieux. Il retrouvera son enfance, ses petits plaisirs passés (surtout vous, messieurs…), ses doutes et ses réflexions sur l’autre sexe. Car, bien naïf celui qui pense lire l’autobiographie de David Abiker : depuis son tout premier livre, l’auteur n’hésite pas à se mettre en scène pour nous raconter ses histoires de père de famille, malade et avide de télé… et mieux nous tromper car ces romans ne sont que prétextes pour réfléchir à ces sujets dans l’air du temps.

 

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire Zizi the kid. Et vous, vous laisserez-vous tenter ?

 

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 18:30

513x-P0F-eL._SS500_.jpgQuand nous serons heureux (éditions Le Passage) est un recueil de nouvelles qui se lit comme des sketches. A travers des monologues vifs et efficaces, les narrateurs racontent un moment clé de leur existence. Chaque nouvelle est faite sur un même canevas : une précipitation vers la chute, dans un cynisme irrésistible. L’ensemble est un pur moment de détente. Pourtant, les situations que décrit Carole Fives, lauréate du prix Technikart 2009, ne sont pas des plus réjouissantes. On croise par exemple ce fils qui tente, en vain, de plaire à son père en exerçant différentes professions intellectuelles, cette femme accusée par un bénévole de SOS Violences conjugales de bloquer la ligne pour une situation qui ne lui semble pas si périlleuse ou bien cette adolescente qui a eu son premier rapport sexuel avec un vigile de supermarché, en échange de son silence…

Tous ces personnages n’ont pas la vie qu’ils souhaitent : maltraités, malmenés par leurs proches, ils tentent de trouver une issue à leur solitude. Mais, malgré leur lucidité, ils semblent condamnés à ne pouvoir évoluer, quitter leur entourage qui les étouffe et les empêche d’être heureux.

Dans « Rock’n’roll roll suicide », la narratrice est une fan absolue de David Bowie. Après des études de journalisme, elle a l’opportunité d’interviewer son idole. Sa meilleure amie, groupie également, la supplie de l’accompagner. Et ce qui devait arriver, arriva : David Bowie tombe sous le charme de l’amie et non de la journaliste. Seule issue à ce drame : la mort…

Carole Fives croque ses personnages et en quelques phrases parvient à planter le décor et surtout à leur donner chair et âme. Avec une plume actuelle, fraîche et caustique, l’auteur met en scène des êtres profondément seuls et malheureux. 

Certains sont perdus, incapables de comprendre leur entourage. Ainsi cette mère qui, dans « Son père tout craché », se plaint de l’attitude de sa fille trop grosse d’abord puis désespérément maigre…

En trois-quatre pages, Carole Fives dépeint avec humour (noir), des êtres mesquins, superficiels, blessés… aspirant au bonheur. Pensons à cette vieille fille qui ne parvient à trouver un mari, son père, l’homme de sa vie, se montrant toujours critique à l’égard de chacun de ses prétendants, ou bien à cette mère de famille réalisant peu à peu que son mari est bien plus tendre avec ses enfants qu’avec elle…

L’ultime nouvelle, « Tes nouvelles Quand nous serons heureux » résume parfaitement l’esprit du recueil. Carole Fives imagine – ou bien retranscrit – la critique que lui fait l’une de ses amies après avoir lu son livre : trop cynique, trop noir, sans espoir… Celle-ci aime, au contraire, des auteurs comme Anna Gavalda ou Lucia Exteberria qui écrivent pour donner un peu de bonheur et d’espoir à leurs très nombreux lecteurs. Cette amie reproche à l’auteur de n’écrire que pour elle, sans penser à un lectorat susceptible d’apprécier sa prose. Comme les autres nouvelles, celle-ci est très drôle, grinçante et indéniablement absurde.

C’est fin, plutôt bien écrit, bien ficelé. Je vous recommande cette lecture, sans hésitation !

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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 00:00

http://media.paperblog.fr/i/214/2143639/aya-yopougon-succes-L-1.jpegEnfin les vacances de Noël, occasion de se détendre un peu, de découvrir des livres que nous ne nous autoriserions pas forcément de lire pendant l’année.

 

Que diriez-vous d’un petit séjour près d’Abidjan, à Yopougon ? Le voyage sera vraiment dépaysant : il s’agit de suivre le quotidien d’un petit village ivoirien. Si vous n’avez jamais ouvert un livre de la série Aya de Yopougon, il est temps de s’y mettre : le cinquième volume vient de sortir et il fait déjà partie des meilleures ventes. Logique : cette série est à la fois drôle et relevée, et les dessins aux couleurs vives de Clément Oubrerie participent de cette fraîcheur générale.

 

Dans ce cinquième volume, on retrouve la jeune Aya avec ses amis et sa famille. Si vous débarquez et ne connaissez pas encore Binetou, Adjoua et tous les autres, ne vous inquiétez pas : un petit résumé illustré vous rappelle les faits. Quand bien même : les différents volumes peuvent se lire indépendamment les uns des autres.

 

Si le livre met bien sûr à l’honneur la jeune Aya, l’auteur, Marguerite Abouet, n’oublie pas de donner à son personnage une famille et des amis aux personnalités bien affirmées. L’un d’entre eux, Innocent, séjourne à Paris. Il découvre une autre civilisation et montre à son colocataire les traditions ainsi que la cuisine ivoiriennes. En bonus, une recette à la fin du livre et une scène hilarante de chasse aux pigeons dans un square parisien !

 

Ce qui fait tout le sel de cette série à succès c’est qu’elle aborde de nombreux sujets qui constituent le quotidien des habitants de Yopoungo (l’homosexualité, le mariage forcé, le divorce, les charlatans se faisant passer pour des hommes d’église afin de s’enrichir…) avec beaucoup d’humour et de légèreté. Elle n’amoindrit pas les difficultés des personnages face aux traditions parfois archaïques ou aux injustices, mais elle en rend compte avec une étonnante légèreté. Meilleure qu’un grog, Aya de Yopougo est un véritable remède pour lutter contre la morosité. Bonne lecture !

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