Jean-Luc Godard estime que « le cinéma fabrique des souvenirs, alors que la télévision fabrique de l’oubli ». C’est aussi ce que pense Guillaume Guéraud, auteur de nombreux romans pour la jeunesse. Dans son récit autobiographie Sans la télé (DoAdo, Le Rouergue), Guéraud raconte son enfance et son amour immodéré pour le septième art.
Dans ce récit encore, Guillaume Guéraud s’adresse au jeune public. Dès le premier chapitre, il aborde la question d’avoir une télé chez soi. Tous ses copains en ont une, sauf lui. Sa mère considère que « la télévision c’est pour les vieilles personnes qui en savent plus quoi faire de leur vie ». Mais comme l’enfant n’a pas de frère et sœur, il s’ennuie et se sent en décalage vis à vis de ses camarades qui connaissent tous Tom Sawyer, La Petite maison dans la prairie ou Goldorak.
Pourtant, sa mère, au lieu de le laisser végéter seul dans sa chambre, sinon pour découvrir le roman de Mark Twain, l’abonne au ciné club et lui fait découvrir les grands films. Dans la cour de récréation, il n’a plus honte de ne pas avoir de télé puisqu’il raconte à ses amis ce qu’il a vu, réinvente les scènes qu’il a mal comprises… Ainsi La Dame aux camélias devient La Dame aux crachats. Grâce au cinéma, il s’invente de nouveaux scénarios, crée son univers cinématographique. Et tous ces souvenirs sont le terreau de ses propres romans. C’est grâce au cinéma, qu’il est écrivain.
Sans la télé est un récit autobiographique très sensible, et l’on retrouve l’écriture propre à Guéraud. Certains passages sont très émouvants, d’autres amusants. Comme toujours, l’évocation de ses plaisirs solitaires m'insupportent car gratuits, mais hormis ce détail incongru, l’ensemble est intéressant. Du Voleur de bicyclette en passant par Mon oncle d’Amérique, La Belle et la Bête ou Scarface, Guéraud associe ces chefs d’œuvre à ses propres souvenirs d’enfance. A la fin du livre, on retrouve la liste des films avec la raison pour laquelle l’auteur le conseille et chaque chapitre se clôt sur un extrait de film, la bande son… Ces bonus donnent une furieuse envie de ciné.