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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 17:58

kersausonCes dernières semaines, le thème des nègres littéraires revient sur le devant de la scène. Il y a d’abord la sortie de ces films – L’autre Dumas et Ghost writer – et puis  cette polémique autour du livre d’Olivier de Kersauson, Océan’s Songs (Le Cherche Midi éditeur).
 

Ce récit est sorti à l’automne 2008 et fut un véritable best-seller. Kersauson n’en est pas à son premier livre : depuis plus de vingt ans, il a signé des mémoires, témoignages et autres récits de mer. Dans l’esprit des gens, Kersauson, en plus de voyager à travers le monde, faire rire à la radio chez Bouvard ou Ruquier, trouve le temps de prendre sa plume pour narrer ses nombreuses aventures… Mais voilà que depuis un peu plus d’une semaine, la vérité a explosé dans les journaux : Olivier de Kersauson n’a pas écrit une ligne d’Océan’s songs, pire, son nègre, Jean-Louis Touzet a porté plainte contre son éditeur.
 

L’affaire n’est pas si simple et pour la comprendre, revenons d’abord sur les faits. Pour écrire son récit, Olivier de Kersauson a fait appel à un journaliste, Jean-Louis Touzet. Tout semble conforme à ce genre de situation : le « nègre » signe un contrat prévoyant un à valoir de 10 000 euros et un pourcentage de 2% sur les droits d’auteur. Le contrat est des plus classiques. La collaboration entre les deux hommes commence alors jusqu’au moment où Jean-Louis Touzet transmet le manuscrit à l’éditeur qui estime le résultat tellement mauvais qu’il décide d’embaucher un autre nègre et de revoir le contrat à la baisse : 10 000 euros pour le nègre et pas un centime de plus… La situation est surprenante car il n’est pas rare qu’un éditeur fasse retravailler un auteur jusqu’à obtenir satisfaction ou bien demande à ce qu'il soit réécrit en interne. Mais puisqu’il s’agit d’un livre qui promet d’être un coup éditorial, Le Cherche Midi préfère trouver un meilleur nègre. Pourtant, lorsque Océan's songs paraît, Jean-Louis Touzet a la mauvaise surprise de découvrir – du moins c’est ce qu’il prétend – que celui-ci est fort proche du manuscrit qu’il avait rendu à l’éditeur… Au vu des ventes, le journaliste estime avoir droit à sa part du gâteau. Selon lui, il aurait pu toucher près de 100 000 euros sur les droits d’auteur perçus par Kersauson. Un avocat se charge de cette affaire…
 

Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’un scandale éclate entre éditeur et nègre littéraire. Au début des années 1990, Anne Bragance avait été contactée par Olivier Orban pour écrire, en collaboration avec Michel de Grèce, La Nuit du Sérail. Sans bien connaître ses droits ni les enjeux financiers d’un tel accord, l’auteur a signé un contrat « à l’américaine », c’est-à-dire un forfait sans droit d’auteur sur les ventes. Bien sûr, le livre fut un succès et Anne Bragance s’est sentie flouée. Elle a porté plainte contre l’auteur et son éditeur. Selon elle, grâce à son procès et aux quelques autres qui eurent lieu à la même époque, la situation des nègres littéraires a bien changé : ils ont droit à un à valoir et un pourcentage sur les ventes. Jean-Louis Touzet peut considérer avoir signé un contrat à l’américaine. Mais ce n’est pas tout à fait le cas non plus puisque, d’après son éditeur, on a fait appel à un autre nègre pour reprendre l’écriture du texte. Une autre personne a donc été payée pour recommencer le travail...
 

D’autre part, le nègre littéraire, Bernard Fillaire, m’avait confié lors de l’enquête que j’ai menée sur les nègres littéraires, il y a presque déjà trois ans, que près de 20% des contrats signés entre un nègre et un éditeur n’aboutissent pas, et ce pour diverses raisons : incompatibilité d’humeur et de sensibilité avec l’auteur, manque de matière pour aller au bout du projet et tout simplement… préférence pour un autre collaborateur ou un autre éditeur. Il semble que la mésaventure de Jean-Louis Touzet peut s’apparenter à cette dernière option : l’éditeur a choisi un autre nègre qui faisait mieux l’affaire.  Cependant, il reste un dernier point que le procès éclaircira sûrement. Il concerne le plagiat. Le second nègre a-t-il ou non reproduit largement des passages du manuscrit de JL Touzet ?
 

Dans ces affaires éditoriales et évidemment financières, il est toujours très difficile d’avoir un avis tranché. Le travail de collaboration sous-entend le silence des différentes parties, des non-dits et parfois des chausse-trapes pour tirer parti de la situation.

 

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commentaires

A
<br /> <br />  oui d'accord mais bon cela parait-être courant.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Bonjour, il n'est pas simple d'être "Nègre" en littérature puisque il y a obligatoirement des histoires d'argent en jeu. Mais après tout, il faut savoir être beau joueur et assurer ses<br /> arrières le mieux possible. Le "nègre" écrirait sous son nom, personne ne le lirait et ne gagnerait rien. Les romans de Sulitzer en son temps, ont aussi été écrit paraît-il par un nègre.<br /> Cela ne me choque pas. Bonne fin d'après-midi.<br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Je suis outrée. Savez vous que Ceausescu a "écrit" les œuvres complètes ? (ni plus ni moins, vraiment complètes) On a rouspété après lui, l'Occident en tête, comment ose-t-il se pavaner avec des<br /> écritures qui ne lui appartenaient pas ? Egalement sa femme fut une écrivaine de tonnerre !!! Avec des diplômes en règle !!!<br /> Je découvre ici que l'Occident fait pareil. Toute personne "bourrée" d'argent peut se payer un "ombreux" pour atteindre la gloire (fausse), l'immortalité ( ?), position star et autre imposture. Et<br /> ça ne choque personne. Moi, je suis outrée de la pratique misérable de ces personnages qui n'ont jamais écrit un mot et qui laissent entendre qu'ils sont des écrivains. Outrée !!<br /> Vous allez me dire : eh ben, tout le monde sait ça. Tout le monde ? Et cela ne dérange personne ? C’est devenu tellement banal qu’on s’en fiche royalement ?!?<br /> Comment sont nées les « ombres » ? Comment l’imposteur est capable de signer un livre qui ne lui appartient pas ? Comment ce Kersauson a pu ramasser les lauriers d'un travail qu'il n'a pas fait<br /> ?<br /> Il y a des repères qui sont complètement bafoués !!<br /> Dois-je la prochaine fois lors d’une dédicace, me demander si c’est vraiment lui (elle) qui a écrit le livre ou s’il (elle) a payé une « ombre » pour le faire ? Ce monde de l’apparence acheté par<br /> les imposteurs sous les yeux de tout le monde m’écœure.<br /> Comment on est arrivés là ? L’argent. Il n’y a plus aucune valeur, aucune à part l’argent.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Je trouve le principe même de l'usage caché de nègres lamentables. Imagine-t-on un film signé Kubrick réalisé par un autre ou un Renoir peint par on ne sait<br /> qui... dans ce dernier cas ça s'appelle ni + ni - un faux !<br /> <br /> <br /> Le générique d'un film cite chaque intervenant(e) ayant travaillé sur le projet, y compris les chauffeurs, comptables ou cantinier(e)s. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour un livre ? Un<br /> ouvrage historique ou une biographie cite des sources, des références bibliographiques. Pourquoi un roman ne nommerait pas également chaque intervenant(e) : nègres, documentalistes, personnes<br /> interviewées le cas échéant, correcteurs/trices, etc.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> N’est-ce pas l’usage de nègres lui-même qui est à revoir ? Quant un réalisateur fait un film, toutes les personnes y ayant contribué sont créditées dans le<br /> générique y compris le comptable et la cantinière. Sans aller jusque-là, ne serait-il pas normal qu’une page de « générique littéraire » mentionne les principaux contributeurs :<br /> co-auteurs, documentalistes, relecteurs, etc. ce serait nettement plus sain.<br /> <br /> <br />
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