Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
Des livres, des films, des expos et bien plus encore...

 

Mail : annesophiedemonchy [a] lalettrine.fr

Twitter : @asdemonchy

Mon CV : annesophiedemonchy.com

 

 

768 000  lecteurs et
plus de 230 livres chroniqués
depuis le 21 août 2006

follow-me-twitter.png

Recherche

Ma bibliothèque

Mes livres sur Babelio.com

Archives

Infos







logo-lettrine-negre-litteraire.jpg

 

 

classement-lettrine.jpg

 





30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 21:24


A
l’occasion du Salon du livre de Montreuil, j’ai eu l’occasion de rencontrer Stefan Casta, vous savez, l’auteur du merveilleux
La Vie commence. Ce Suédois qui parle parfaitement bien l’anglais et le français, habite une ferme isolée comme son personnage Victor, mais

fait de fréquents séjours à Paris et à Sète pour écrire !

 

 

Alors que le prologue laisse penser que c’est la fille mystérieuse le personnage central de La Vie commence, il me semblait au contraire que c’est Victor qui est au premier plan…

En effet, Victor est à l’origine de l’histoire. Mais la fille et Victor sont deux personnages tout à fait distincts. La fille arrive d’une grande ville, peut-être Stockholm alors que Victor habite dans une forêt, à l’écart de l’agitation de la ville. Il rêve de partir pour écrire un roman, mener sa propre existence. Pour moi c’est un livre sur ces deux personnages différents. Mais pour moi, ce qui me semble le plus intéressant c’est le temps qu’ils vivent ensemble. Sur une année quasiment. Puis, les deux personnages échangent leur rôle : c’est Victor qui part à la ville tandis que la fille trouve refuge à la ferme.

 

Vos deux personnages ont été abandonnés. Victor a été adopté par Brigitte tandis que la fille a été placée dans une famille. Deux personnages distincts mais aux origines semblables…

Mais Victor et la fille ont beau avoir eu un début de vie semblable, ils ne cherchent pas la même chose… Victor veut s’émanciper, alors que la fille cherche la stabilité. Elle découvre la vie à la campagne, auprès des animaux. Victor veut fuir cette vie.

 

D’ailleurs, je ne suis pas d’accord avec le narrateur, Victor, qui affirme qu’il veut quitter ses parents adoptifs parce qu’il se sent étranger chez eux. Tout adolescent remet en cause l’éducation de ses parents et se sent étranger chez eux, qu’il soit ou non adopté.

Tout à fait… C’est pour cela que j’aime écrire sur les ados de cet âge car tous ressentent ce même malaise auprès de leurs parents. Je trouve cette période très intéressante.

 

Victor semble s’ouvrir au monde, non pas grâce à ses parents qui sont assez silencieux, mais grâce à la philosophie…

J’aime beaucoup la philosophie et les humanités. Pour moi, une des meilleures formes de l’humanité c’est la philo. Avec la littérature, c’est une façon de rendre compte de l’homme dans toute sa complexité.

 

C’est parce que Victor ne peut pas communiquer avec ses parents que vous avez décidé de faire de lui un auteur, qui raconte au fil des saisons, son quotidien à la ferme ?

Quand je commence à écrire, je ne connais pas encore très bien mes personnages. Au début, je ne savais pas que Victor allait devenir écrivain. Je l’ai découvert au fur et à mesure.

D’ailleurs, tous les personnages ont quelque chose qui m’appartient. Comme Victor, je vis à la ferme, je suis écrivain, etc.

 

Ainsi, quand vous commencez à écrire,  vous improvisez ?

Avant de commencer, je fais des recherches pendant plus de six mois, je prends des notes, je cherche des personnages… Et puis, quand je m’apprête à écrire, je jette tout à la poubelle, mais je la garde quand même à portée de main !! Puis je me lance dans l’aventure. Je travaille, je reprends sans cesse mon texte. Cela me prend plus d’un an. Mon objectif, quand j’écris, c’est de découvrir des choses que je ne soupçonnais pas au début.

 

Avant de commencer à écrire, savez-vous si votre roman s’adressera plutôt aux adolescents ou aux adultes puisque vous écrivez pour les deux ?

 Oui, mais je préfère écrire pour les adolescents. C’est plus excitant. Les ados sont de bons lecteurs, ils sont beaucoup plus ouverts que les adultes. Il y a hélas une frontière entre la littérature pour les ados et pour les adultes mais je voudrais la supprimer. Je voudrais que mes livres soient lus aussi bien par les jeunes que par les adultes.

 

Votre personnage, Victor, n’a pas des occupations communes aux autres ados : en automne, il chasse et le reste du temps, il s’occupe des moutons… C’est grâce à ses études qu’il s’ouvre aux autres, se fait un ami…

Pour moi, Victor m’intéresse justement parce qu’il est différent. Il est complexe. Il y a une phrase que j’aime beaucoup, que je n’ai pas écrite, reflète mes personnages : « Il y a plusieurs personnes en chaque individu ». Je veux des personnages qui ont une certaine épaisseur, qui ne soient pas lisse…

 

Pourquoi avez-vous donné une telle place aux saisons ?

J’aime la nature. Parfois je pense qu’elle est plus importante que les hommes. Dans mes livres, la nature tient une place de choix. Quand j’écris, j’essaie toujours de confronter l’homme à la nature, le faire évoluer dans un environnement, avec ses contraintes, ses caractéristiques.

 

L’histoire évolue en effet au fil des saisons et les événements sont étroitement liés à la météo.

C’est vrai. J’observe la nature, habitant moi-même dans une ferme avec des moutons et des poules. Je connais bien les saisons suédoises. J’aime parler de l’ambiance de chacune d’entre elles.

 

Votre roman est poétique et bucolique, ce qui tranche avec un certain nombre de romans jeunesse. Comment concevez-vous l’écriture jeunesse ?

Ce qui compte, ce n’est pas l’histoire mais l’écriture. Je suis très attachée aux mots et aux phrases. Je veux donner du sens à mes mots et laisser la place au lecteur. Je veux qu’il s’émeuve en lisant mes romans. Je me moque de savoir si c’est dans le coup, j’essaie d’écrire avec le style le plus abouti. Mon éditeur suédois me dit parfois que je n’écris pas pour tout le monde. Il a raison parce que je n’écris que pour ceux qui aiment lire, beaucoup.

Je recherche l’aventure littéraire. Créer un espace avec une certaine ambiance. Depuis la fin de cette aventure de La vie commence, j’entends encore mes différents personnages qui me parlent encore.

 

Vous envisagez une suite ?

Non, j’ai commencé une nouvelle aventure, beaucoup plus difficile parce que La Vie commence était le roman le plus heureux. Mon précédent roman était sombre. Il évoquait la violence, ce que je déteste et ça m’a pris trois années pour l’écrire. Après, j’avais vraiment envie d’écrire quelque chose de plus léger, optimiste, plein d’espoir. En écrivant La Vie commence, j’étais heureux tous les jours, heureux comme jamais auparavant. D’habitude, quand j’écris, j’éprouve une certaine souffrance. Je me pose des questions. Mais en écrivant La Vie commence, c’était la fête tous les jours.

 

Vous avez publié d’autres romans entre temps ?

Non, depuis 2005, où le roman est paru en Suède, je travaille toujours sur ce roman, très difficile à accoucher. Je suis tombé dans ce trou noir. Le roman est compliqué car il est sombre et je crains de ne pouvoir le finir…

Ceci dit, entre La Vie commence et ce roman, j’ai écrit des albums et des livres sur la nature, ce qui me permet de faire des pauses dans la création.

Quand j’écris un roman, je dois partir de ma ferme et louer un petit appartement à Paris ou à Sète. Je ne peux pas écrire en Suède. Je reste quelques semaines pour écrire tous les jours du matin au soir, sans interruption. Mais de retour chez moi, je mets de côté mon manuscrit et passe à autre chose. J’ai besoin de m’éloigner de mon pays pour créer.

Partager cet article
Repost0

commentaires