J’aime beaucoup ces romans pour la jeunesse (mais j’aimerais que cela ne se limite pas à cette tranche d’âge) qui sont ouverts à la musique, à la poésie, au cinéma… qui n’hésitent pas à innover et à ouvrir le lecteur sur le monde au-delà du texte présenté. L’an dernier, j’avais ainsi découvert, grâce à Antoine Dole, la collection Exprim’ chez Sarbacane : celui-ci avait eu l’idée de faire un clip pour annoncer son premier roman, Je reviens de mourir. L’éditeur Tibo Bérard m’avait également confié qu’il demande à chacun de ses auteurs d’insérer une bande-son des chansons qui les ont accompagnées au cours de l’écriture de leurs romans. J’avais trouvé l’idée vraiment bonne et originale pour diverses raisons : d’abord elle permet d’apporter une certaine culture musicale au lecteur qui peut faire des ponts entre les différents artistes ensuite elle le fait pénétrer dans l’univers intime de l’auteur.
J’ai retrouvé ce même procédé dans le premier roman de Jean-Noël Sciarini, Nous étions des passe-muraille, publié à l’Ecole des Loisirs. Rien d’étonnant à cela : l’auteur est un proche d’Antoine Dole, il a écrit dans la revue En attendant l’or et ne maque pas de remercier, entre autres, Tibo Bérard à la fin de son livre. Sur Internet, on peut visionner un clip, très poétique en noir et blanc, qui cite quelques phrases du roman. Dans les dernières pages, on retrouve la bande-son qui a inspiré Jean-Noël Sciarini durant l’écriture : David Bowie, Saint-Thomas, Sebastien Schuller… Ce n’est guère une compilation artificielle : Nous étions des passe-muraille est truffé de références musicales. Il en est de même avec la littérature. Fernando Pessoa est à l’honneur : il est cité en exergue (« La réalité n’a pas besoin de moi ») puis tout au long du roman. Il faut dire que l’héroïne, Sarah, est une fondue de littérature. Elle initie Jean à Salinger, Koltès, Kitmett… Le jeune lecteur qui n’a peut-être pas encore découvert ces auteurs et qui est un minimum curieux a forcément envie d’en savoir plus. De ce livre racontant l’histoire d’amour tragique entre Jean et Sarah, il veut en savoir plus : comprendre pourquoi Sarah veut quitter ce monde terrestre pour rejoindre un lieu peuplé par ces auteurs, ressentir l’exaltation de Jean en découvrant ces textes si précieux pour celle qu’il aime… Sa découverte se poursuivra également dans le domaine musical avec Leonard Cohen, Bruce Springsteen, Freddie Mercury…
Nous étions des passe-muraille est un texte pudique, délicat sur les amours adolescentes, le désir de défier le temps et la maladie… Un premier roman très prometteur qui rend curieux.