Vous vous en souvenez peut-être : l’an dernier, à cette époque, je m’étais rendue à la présentation de la rentrée littéraire nordique et le moins que l'on puisse dire c'est que cela avait été tendu. Cette année, la réunion avait lieu dans le très bel institut suédois. Le programme était organisé avec les services culturels des ambassades du Danemark, de Finlande, d’Islande et de Norvège… Vingt éditeurs étaient présents pour présenter leurs publications nordiques de la rentrée. Trois éditeurs manquaient à l’appel : le Seuil, le Petit Lézard et Actes Sud.
Avec la présence de vingt maisons d’édition, je m’attendais au pire : une présentation longue et terriblement fastidieuse des bouquins tous évidemment géniaux. Mais ce ne fut pas le cas : les points ont été immédiatement mis sur les i immédiatement : chaque éditeur ne pouvait parler de sa rentrée plus de cinq minutes. Contrairement à la tension très palpable que l’on sentait entre les éditeurs l’an passé, l’ambiance était beaucoup plus décontractée.
Parmi les livres présentés, quelques uns ont retenu mon attention et j’espère pouvoir vous en dire davantage prochainement.
Concernant les auteurs classiques et les rééditions :
- les éditions Zulma ont l’idée quelque peu extravagante de publier la Correspondance du dramaturge August Strinberg qui réunit près de 10 000 lettres en plus d’un demi siècle (1958-1912). Le premier tome paraît en septembre.
- les éditions Rivages rééditent les volumes 7 et 8 de la série Roman d’un crime de Per Wahlöö et Maj Sjöwall. Ces auteurs suédois, mari et femme, ont écrit, entre 1965 et 1975, une série de 10 polars mettant en scène l’enquêteur Martin Beck et son équipe. Cette œuvre a influencé la littérature française occidentale.
- Les éditions Gaïa rééditent en un seul volume Le Garçon qui voulait devenir un être humain qui est le 10ème et dernier recueil des racontars arctiques du danois Jorn Riel.
- Les éditions Cambourakis (que je ne connaissais pas jusqu’alors) publient Musique d’un puits bleu du norvégien Torborg Nédréaas, déjà paru en 1982 aux éditions Pandora, histoire dramatique d’une petite fille déchirée par la séparation de ses parents ainsi que qu’un roman norvégien lui aussi de Knut Faldbakken, La Séduction, déjà paru aux Presses de la Renaissance, il y a plus de 20 ans.
Parmi les nouveautés, quelques titres ont su titiller ma curiosité :
- La jeune maison d’édition Paulsen, qui se consacre exclusivement aux pays du Grand Nord, publie un livre-objet du danois Eigil Knuth, qui a fait de nombreux voyages à travers le Groenland. De ses expériences, il tire une réflexion sur la place de l’Homme dans l’Univers : Indépendance – La philosophie du voyage en traîneau. Le livre est illustré par des dessins et préfacé par Jean Malaurie.
- chez Rivages encore, j’ai repéré un livre intéressant, celui du criminologiste, Leif GW Persson, qui a travaillé sur les crimes de l'Histoire scandinave récente. L’éditeur l’a comparé à la fois à Balzac, Ellroy et Sjöwall et Wahlöö… Le roman s’intitule Comme dans un rêve. L’enquête porte sur une affaire criminelle jamais résolue : le meurtre du Premier ministre social-démocrate Olof Palme, en 1986.
- Comme un fait exprès, les éditions Gaïa publient également un roman norvégien qui évoque ce crime célèbre : Les Chiens enterrés ne mordent pas, de Gunnar Staalesen.
- Au Seuil, j’attendais avec impatience la parution Des chaussures italiennes de Henning Mankell. Hélas, les éditeurs ont cru bon de fournir aux journalistes « la fiche de promotion » avec « accroche » et « contenu »... Si bien que nous connaissons toute l’histoire jusqu’à son dénouement. Un peu frustrant pour un polar, non ? Pour finir, on a même droit à une petite bio mais surtout aux « points forts » du roman. Je crois que je vais bien rire à la rentrée quand je lirai les articles sur ce roman…
Et enfin quelques romans pour la jeunesse :
Deux romans publiés par les éditions Thierry Magnier : La Vie commence du suédois Stefen Casta et Caulfield, sortie interdite du norvégien Harald Rosenløw Eeg. Le premier se situe dans un milieu bucolique. Il est plutôt contemplatif, lent et poétique. L’atmosphère mystérieuse laisse penser que des secrets y seront révélés. Le second roman est beaucoup plus noir et angoissant : un garçon est retrouvé écrasé par un métro. Son ami retrouve son journal intime et tente de comprendre ce qui s’est passé.
Il y aurait encore pas mal de livres à présenter mais ils n’ont pas retenu mon attention… La soirée de présentation fut agréable et s’est clos sur une bonne nouvelle : a priori, le Salon du livre 2011 aura pour invité d’honneur les pays nordiques.