Je suis certaine que vous mourrez d’envie de connaître les lauréats du Prix de l’Inaperçu. Alors, je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps. Il s’agit de :
- Dominique Conil, En espérant la guerre, éditions Actes Sud
Un jour, ils ont tout quitté pour s'installer dans un vieux mas en pleine garrigue, dans l'arrière-pays nîmois. Pierre Livi et Anne Valetta. Qu'espéraient-ils ? S'éloigner du monde pour mieux l'observer, vivre seuls et affamés les saisons froides puis accueillir la faune variée qui les envahissait dès les beaux jours routards, délinquants, étudiants, militants, fainéants... Tous repartaient aux premiers vents d'automne. L'aventure s'est terminée par un braquage raté, Pierre Livi en cavale. Vingt ans après, un jeune journaliste qui rêve de couvrir les grands conflits internationaux est envoyé dans le Sud de la France pour revenir sur cette affaire. Anne Valetta est restée au mas, Pierre Livi n'a jamais reparu. Elle l'attend, ou fait tout comme, et n'a aucune envie de raconter son histoire. Hommage à la fidélité - celle qu'on doit à soi-même, à ceux qu'on aime et aux idéaux de jeunesse -, En espérant la guerre illustre l'engagement d'une vie sans défendre d'autre cause que celle de la liberté individuelle. A la fois âpre et tendre, sombre et plein d'espoir, ce premier roman très maîtrisé dans ses thèmes comme dans son écriture est porté par la voix d'un inoubliable personnage : la souveraine Anne Valetta, droite, debout sous sa carapace, nourrie par l'obstination - la résignation peut attendre.
(j’avoue être un peu déçue par ce choix… Ce livre a déjà reçu le prix de l'Inédit du Festival du livre de Mouans-Sartoux)
- Shin Kyong-suk, La Chambre solitaire, éditions Philippe Picquier
Dans ce roman d'une beauté poignante, Shin Kyong-suk met au jour un passé resté douloureusement enfoui dans sa mémoire. C'est l'été, elle a seize ans et quitte sa campagne pour Séoul. Le seul moyen pour elle d'accéder au lycée est de devenir ouvrière dans une usine et d'être choisie parmi les plus méritantes pour suivre des cours du soir. De seize à dix-neuf ans, elle va connaître les privations, le travail éreintant, la solitude pareille à une pluie froide, puisant chaque jour en elle-même une force renouvelée pour vivre jusqu'au lendemain. Et c'est là, dans cette étroite chambre parmi les trente-sept de la maison labyrinthique qui abrite les employés d'usine, que va jaillir en elle le désir, la promesse incroyable de devenir écrivain. Pour conserver quelque chose de pur au, fond de moi.
Il ne me reste plus qu’à les lire !