Aujourd’hui, j’inaugure une nouvelle rubrique sur le blog intitulée : « Tout le monde en parle », alors vous vous en doutez, cette rubrique sera consacrée aux auteurs que l’on voit partout, et que la presse porte aux nues.
Ce premier billet est un peu spécial puisqu’il traite d’un auteur honni de la plupart des journalistes. Vous l’aurez bien évidemment reconnu : il s’agit de Christine Angot.
Loin de moi l’envie de lire Le Marché des amants. Les quelques extraits glanés dans les suppléments littéraires suffisent amplement à se faire une idée de l’objet. Mais une pensée me taraude. Hier, j’ai rencontré une attachée de presse qui m’a fait part de ses angoisses concernant la rentrée littéraire. Malgré tous ses efforts, elle ne parvient pas à donner envie aux journalistes de faire un article sur l’un de ses livres et quand elle y parvient, on lui répond que l’on n’a pas assez de pages pour se consacrer à de tels livres, comprenez « ceux qui ne font pas partie des élus de la rentrée littéraire". Certes… Mais alors pourquoi consacrer trois pages pleines comme le fait L’Express (semaine du 21 au 27 août) à ce livre ? En fait le journaliste n’a pas écrit trois pages au Marché des Amants : il a fait un dossier sur la « vraie vie de Christine Angot », ce personnage hystérique, qui s’est entiché d’un rappeur sarkozyste et qui ne craint pas le scandale. Parce que le livre est mauvais, le journaliste a donné son avis dans un court encart… Mais l’essentiel n’est pas là : Angot est devenu au fil des ans un personnage people, un vrai !
Mais L’Express n’est pas le seul à traiter du dernier roman d’Angot. Hormis Libération et Le Point qui ont apprécié Le Marché des amants, les autres ont véritablement détesté, se moquant de la petite bourgeoise germanopratine débarquant, candide, dans le quartier populaire de la Chapelle… Télérama n’a pas tenu à s’étendre sur le sujet. L’article n’a pas d’étoile et se trouve dans un encart gris, à part, intitulé « déception ». Il faut en effet se rappeler qu’il y a deux ans, Rendez-vous faisait partie de la sélection France Culture/Télérama. Depuis, l’auteur déçoit : elle tourne en rond…
Les Inrockuptibles (semaine du 19 au 25 août) ont détesté le livre, ne reconnaissant plus l’univers propre à Angot. Nelly Kaprièlian, qui aimait autrefois les romans de Christine Angot, cette fois, s’est ennuyée ferme et surtout dénonce la « malhonnêteté » du livre où l’auteur se serait « investie d’une mission quasi sociale –restituer la réalité telle qu’elle est – et se pare dès lors d’une neutralité qui ne lui ressemble pas (…) ». Et de conclure : « sa malhonnêteté consiste à transfigurer celle-ci pour la faire entrer de force dans la petite niche caricaturale qu’elle s’est choisie, tout en se drapant dans les codes du réalisme, voire du naturalisme. Pour nous faire croire qu’elle dit la vérité, elle ».
Quant à Didier Jabob, dans Le Nouvel Observateur, il traite en une pleine page le livre dans un article plein d’humour, intitulé : « Cucul la Christine ». C’est drôle, un brin méchant, mais salvateur et pratique : après avoir lu l’article, on a l’impression de connaître tout de ce Marché des amants.
On en parle aussi sur la toile : Fluctat
Le Marché des amants, Christine Angot, Seuil, 317 p., 19,90€