Comme certains le savent, avec les années, j’aime les livres objets. Les éditions Atelier in8 proposent régulièrement de beaux coffrets de nouvelles signées par des auteurs qui méritent toujours que l’on s’y attarde. Des trains à travers la plaine est le titre du dernier coffret paru. Je suis certaine que la chanson de Bashung vous revient aussitôt en mémoire. Et précisément, pour composer ce coffret, quatre auteurs – Marie Cosnay, Jérôme Lafargue, Claude Chambard et Eric Pessan – ont eu à écrire une nouvelle autour de l’univers d’Alain Bashung.
Signalons de suite que je suis très sensible à l’artiste, à ses textes, à sa voix comme à son univers. Sa poésie mélancolique, ses rêveries ambiguës et érotiques, ses vertiges thanatiques me touchent profondément. Il me semblait risqué de proposer un voyage dans l’univers de Bashung en quelques pages seulement. Pourtant, les quatre auteurs sont parvenus, chacun avec leur style et leur histoire, à nous transporter dans leur voyage.
Ces quatre nouvelles peuvent se lire distinctement mais je vous conseille de les lire les unes à la suite des autres, car, même si elles sont très différentes, elles se lisent comme on écouterait un album. Elles forment un tout. Il y est question, à chaque fois, de sujets graves, tragiques, malsains. Les personnages, perdus, sont en quête de liberté. En vain. Le réel les rattrape. Toujours. Pourtant, le plaisir de lire ces textes ciselés, poétiques, efficaces est bien plus fort que le sentiment d’angoisse que la lecture peut engendrer. Qui éprouve gaieté et bien-être après avoir écouté Bashung ? Pourtant, on a l’impression d’avoir exorcisé un sentiment de tristesse, de peur, d’angoisse. Ces chansons, comme ces textes noirs nous arrachent de notre condition humaine. On se reconnaît en ces personnages et pourtant on les tient à distance. Ils ne sont qu’êtres de papiers.
C’est sans retenue aucune que je vous conseille ce coffret exutoire !