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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 22:28

Un livre suscite la polémique aujourd’hui dans les médias : La Littérature en péril (Flammarion) de l’universitaire Tzvetan Todorov. Celui-ci était jeudi dernier l’invité d’Alain Veinstein sur France Culture.

 

Todorov formaliste dans les années 60-70

Dans un premier temps, Todorov raconte brièvement son parcours : Bulgare, il s’est exilé en France à l’âge de 24 ans, fuyant les idéologies de son pays communiste. La littérature se limitait à l’illustration des idées politiques prônées. A Paris, à la Sorbonne, il fait la connaissance de Genette et de Barthes. Tandis qu’il n’a connu personnellement ce dernier que quelques années parce que Barthes « consommait très rapidement les jeunes étudiants et chercheurs » qui collaboraient avec lui, il a entretenu une réelle amitié avec Genette. Avec lui, il a fondé la revue Poétique. C’est Genette également qui a soumis à Sollers son premier manuscrit de Théorie de la littérature, anthologie des formalistes russes, publiés en 1969, dans la revue Tel Quel.

A cette époque, Todorov est un formaliste, comme Genette ou Barthes : ils ont tenté d’expliquer ainsi les œuvres littéraires par leur structure particulière. Ainsi, Barthes a par exemple expliqué le fonctionnement des tragédies de Racine par une structure qui se retrouverait dans l’ensemble de son œuvre. Finalement, Todorov est revenu de cette méthode trop rigide. Il s’est rendu compte que sa façon d’analyser la littérature était liée au pays dans lequel il se trouvait. Ainsi, en Bulgarie, pour échapper à l’étude d’œuvres idéologiques, il s’en est tenu à l’étude de leur forme. Mais depuis qu’il est devenu citoyen français, il est libre d’exprimer ses idées et a élargi le champ de ses intérêts.

 

« Une conception étriquée de la littérature » : remise en cause de l’enseignement et des critiques

Pourtant, même s’il a ouvert son champ d’étude, il semble renier cette période formaliste puisqu’il déclare qu’ « une conception étriquée de la littérature, qui la coupe du monde dans lequel on vit, s'est imposée dans l'enseignement, dans la critique et même chez nombre d'écrivains. Le lecteur, lui, cherche dans les oeuvres de quoi donner sens à son existence. Et c'est lui qui a raison ». Pour lui, la littérature l’aide à vivre. Or, depuis des années, les écrivains ne traitent plus de la condition humaine et n’ont plus de visée universelle. Désormais, à cause de cela, et parce qu’elle est trop autocentrée, la littérature française jouirait d’un moindre prestige à l’étranger. Selon lui, tandis qu’il a prôné le formalisme, qui a été enseigné dans les écoles comme dans les universités, il dénonce désormais le fait que les professeurs théorisent la littérature au lieu de l’analyser. Ces derniers utiliseraient trop les outils d’analyse proposés justement par les structuralistes au lieu d’ouvrir les textes à une compréhension globale. Un exemple : en 6ème par exemple, on enseigne le schéma narratif des contes au lieu de lire les lire pour eux-mêmes, dans leur spécificité. Todorov déplore également le fait que les lycées se détournent de plus en plus de la filière littéraire et la choisissent souvent par défaut, parce qu’ils ne veulent pas faire de mathématiques. La littérature n’est plus perçue comme une matière noble, riche d’enseignements.

Enfin, les critiques littéraires ont une part de responsabilité. Ce sont eux qui encouragent les écrivains à suivre un modèle unique.

 

Une littérature formaliste, nihiliste et soliptique

Selon Todorov, il y aurait une nette séparation entre le monde créé par la littérature et le monde dans lequel nous vivons. Actuellement, la littérature serait formaliste, elle s’attacherait à la forme plutôt qu’à son contenu. Elle aurait également des tentations nihilistes lorsqu’elle décrit le monde comme un lieu invivable ou en le réduisant à un être individuel, seul, dont son seul intérêt est de ne parler que de lui. Todorov ne nomme personne et déclare : « sans autocensurer cette littérature, on peut souhaiter que la littérature ouvre un peu plus ses portes ».

Mais cette thèse sur la littérature formaliste, nihiliste et narcissique ne date pas d’aujourd’hui. Le livre de Todorov en retrace les principales étapes. A partir du 18ème siècle, on a opéré une double révolution dans la perception de la littérature : on est passé de l’idée d’une imitation de la nature ç une imitation de Dieu par l’écrivain : celui-ci devient créateur d’un univers indépendant. Au 18ème siècle, néanmoins, il n’y avait pas encore de rupture avec le monde commun. Ensuite, au cours de la 1ère Guerre mondiale, les auteurs poursuivent ce mouvement engagé et choisissent la voie formaliste, solipsiste et nihiliste.

 

Dans un numéro de Télérama, universitaires et romanciers répondent aux accusations et remises en cause de Todorov.

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commentaires

A
<br /> <br /> En effet, l'article n'est plus archivé...<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Un article bien complet, merci!<br /> <br /> <br /> Par contre je ne trouve pas l'article de Télérama en question, qui pourtant m'intéresserait au plus haut point...<br /> <br /> <br /> <br />
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P
Je m\\\'étonne que vous vous fassiez l\\\'écho de ce ramassis de clichés qui, surtout, ne tient pas les promesses de son titre. C\\\'est quasiment la Cantatrice chauve ! On s\\\'attend à ce qu\\\'il pointe le "péril" menaçant la littérature aujourd\\\'hui. Il l\\\'annonce quand il parle d\\\'une "conception étriquée dans l\\\'enseignement, dans la critique et même chez nombre d\\\'écrivains". Mais essayez de trouver sur quoi il s\\\'appuie pour émettre un tel jugement, quels critiques et quels écrivains il dénonce dans leurs pratiques: personne ! On ne débine pas les copains. Ce Monsieur Todorov a eu le mérite, il y a quelques dizaines d\\\'années, de sensibiliser les Français au structuralisme, mais il est devenu un mondain.
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A
A vrai dire, je suis complètement d'accord avec vous. J'ai fait l'écho d'une émission sur France culture sur mon blog où Todorov était invité. Ce qu'il avait à dire n'était pas si idiot. Ca se défend : oui, le nombrilisme, il y a qques années déjà dois-je ajouter, régnait en maître dans les romans. Les choses ont évolué c'est vrai.Depuis, j'ai feuilleté le livre. Pas de nom, rien de précis, c'est vague... Todorov a décrété que c'était parce qu'il ne voulait pas d'attaque frontale. Rassurez-vous, ce n'est pas ce petit livre qui a déclenché la polémique : depuis six mois, colloques et bouquins se disputent autour du devenir du roman. Encore ce week end j'ai rencontré Bégaudeau qui a écrit pour Naïve sur ce thème. C'est un thème très à la mode qui fait verser beaucoup d'encre.Au plaisir de vous relire
I
La thèse de Todorov a l'air très intéressante et réaliste. Je trouve aussi que la littérature est coupée du monde qui entoure l'écrivain et éprouve souvent cette frustration lorsque j'enseigne... Je profite de la découverte de votre blog pour saluer votre entreprise (je n'ose dire "qui n'eût jamais d'exemple"!): votre site est le premier blog littéraire qui m'intéresse.A propos de Todorov, je ne sais si vous en avez parlé, mais son compère Genette a sorti un "Bardadrac" très plaisant à lire.A bientôt,Isadbx.
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