Grâce au Festival Livres d'Afrique, j’ai eu la chance de rencontrer Jean-Noël Shifano, le directeur de la collection « Continents Noirs » chez Gallimard. Il était présent lors d’un café littéraire sur la littérature et les Africains. Son discours sur la qualité des romans, sur l’écriture et sa volonté de promouvoir le livre africain m’ont conquis. J’ai donc découvert cette collection et n’ai pas été déçue.
Humus est le second roman de Fabienne Kanor, qui a déjà publié en 2004 D’Eaux douces (primé par le prix Fetkann !). Il s’agit d’un roman historique sur l’esclavage, au 18ème siècle. L’auteur s’est inspiré d’un fait réelle : quatorze femmes rebelles, en partance pour les îles, ont décidé de se rebeller en se jetant ensemble à l’eau. Dès l’ouverture, on est averti : « Abandonnez tout espoir , vous qui espérez sans doute que je m’en vais vous conter une histoire. Quelque chose d’énorme. D’exotique. D’inouï (…). Cette histoire n’est pas une histoire mais un poème ». Elle a raison. Ce roman est un long poème où des femmes prennet à tour de rôle la parole. Elles nous chantent leur enfance, pourquoi et comment elles sont devenues esclaves, pourquoi elles ont décidé de sauter et leur vie depuis. Chacune, de façon lyrique, exprime ses peines, ses désillusions. ces femmes ne se connaissaient pas avant cette aventure, elles sont toutes très différentes : il y a l’amazone, celle qui est à l’origine de cette rébellion et qui n’a peur de rien : » qu’ils me traquent, lâchent leurs hommes, fassent péter leurs pétoires, je serai déjà loin. Quelque part dans cette jungle où les cœurs des Blancs pourrissent comme des mangues », il y a la vieille qui ne pensait pas survivre à tant de souffrances et tant d’épreuves, il y a aussi la blanche, sorte de traître qui a couché avec un marin.
Ce roman est une véritable découverte !