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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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18 octobre 2008 6 18 /10 /octobre /2008 12:18

Je fais partie de ces lecteurs un peu snobs qui estiment que la science-fiction est un sous-genre de la littérature et qu’elle ne présente donc qu’un intérêt secondaire. Certes les histoires en général sont plaisantes. Il est indéniable que lorsque l’on tient en main l’un de ces livres on ne puisse le lâcher avant la fin tant l’auteur sait nous tenir par ses rebondissements et ses suspens. Néanmoins, je suis rarement séduite par le récit même. Ne mettons pas tous les auteurs dans un même lot indifférencié : Georges Orwell ou Huxley font évidemment partie des grands auteurs de la littérature d’anticipation. Il en est d’autres. Mais je pense que par déformation professionnelle, par manque de temps, j’ai focalisé mon attention sur le roman, sans m’attarder sur la S.F. Hormis quelques auteurs bien précis comme Vercors, Huxley, Orwell ou Barjavel, la S.F. est ignorée par les programmes scolaires.

 

Depuis des années, je n’avais pas ouvert un livre d’anticipation. L’occasion s’est présentée hier soir avec Sauvagerie de J.G. Ballard (que vous connaissez peut-être grâce à l’adaptation cinématographique de son roman Crash par David Cronenberg). Ce livre a été publié en Grande Bretagne en 1988 sous le titre Running Wild, puis traduit en français sous le titre Le massacre de Pangbourne, publié chez Belfond puis réédité chez Mille et Une Nuits. Il est de nouveau traduit par Robert Louit pour les éditions Tristram.

 

Sauvagerie s’inspire d’un fait réel : dans une zone résidentielle de luxe près de Londres, 22 parents ont été massacrés tandis que leurs 13 enfants ont disparu, certainement kidnappés. La résidence est sous surveillance vidéo ce qui permet aux enquêteurs de pouvoir visionner ce qui s’est passé le matin du massacre. Pourtant, malgré les indices et les pièces à conviction retrouvées dans les différentes maisons sans difficulté, la police peine à comprendre les motivations des meurtres et l’enlèvement des enfants. Elle fait alors appel à un psychiatre, le DR Richard Greville pour apporter son point de vue et peut-être comprendre les raisons d’un tel massacre.

 

Le roman est entièrement narré par ce psychiatre qui observe avec froideur et objectivité la vidéo qui retrace les moindres faits et gestes de ces familles afin de leur assurer une protection qui s’avèrera vaine. Ses descriptions sont précises, sans fioriture. Le court roman est écrit de manière très organisé et efficace selon les méthodes de travail du psychiatre qui analyse des faits et interprète ensuite. La caméra a donc filmé les différents meurtres : certains parents ont été tués par électrocution, d’autres ont été abattus ou étouffés. Le psychiatre a ensuite noté le nom des victimes, de leurs enfants, puis il a observé la zone résidentielle, les habitudes de vie des uns et des autres : toutes ces familles vivaient en harmonie. Les parents, bienveillants et tolérants, étaient proches de leurs enfants, attentifs à leur développement personnel et intellectuel. Les enfants obéissants, avaient des activités en réseau.

 

C’est la découverte de l’un des enfants qui va permettre au psychiatre, grâce à ses hypothèses, de déduire le mystère des massacres.

 

Ce roman est un véritable pamphlet contre un système ultra-sécuritaire qui veut le bien-être de ses habitants au détriment de toute liberté. Efficace dans sa narration, Sauvagerie montre les conséquences tragiques d’une société sous surveillance qui empêche l’individu de vivre en toute plénitude.

 

 

Sauvagerie, J.G. Ballard, Tristram, 119 p., 13€


 

 

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commentaires

A
Merci... J'ai corrigé...D'accord pour le préjugé sur la SF, c'est pourquoi, je l'ai mis dans la catégorie "a priori... mais..."
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S
Intéressant... En revanche, pourquoi vouloir faire de la SF un sous-genre ? Il y a des réussites et des chefs-d'oeuvres dans la SF comme dans tous les genres... C'est un peu comme si vous mettiez dans le même sac "Orgueil et Préjugés" et la collection Harlequin, sous prétexte qu'il y est question de sentiments et de mariages.Sinon ,j'ai relevé une faute, sûrement involontaire "veine" au lieu de "vaine" (désolée, je suis une maniaque !)
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Y
Pour un autre point de vue essayant de montrer ce que la science-fiction peut apporter à la pensée politique : http://yannickrumpala.wordpress.com/2008/12/17/ce-que-la-science-fiction-peut-apporter-a-la-pensee-politique/
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A
<br /> merci, je vais voir<br /> <br /> <br />
D
Je ne lis quasiment jamais de SF. N'empêche que Philip K. Dick est un écrivain majeur du XXe siècle (carrément). C'est Emmanuel Carrère qui m'en a convaincu, à travers sa magistrale biographie (mais c'est plus qu'une biographie, c'est l'un des meilleurs livres de Carrère) : Je suis vivant et vous êtes mort (Seuil). La moitié du travail était fait, et la lecture des romans de Dick (L'oeil dans le ciel, Substance mort, Radio Libre Albemuth, Siva, La transmigration de T. Archer et bien sûr Ubik sont mes préférés, tous trouvables sous d'horribles couvertures argentées illustrées à l'aérographe) et de ses conférences (réunies sous le titre Si ce monde vous déplaît, vous devriez en essayer quelques autres) a fini de faire de moi un dickophile (prosélyte, comme on voit)...
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R
Je suis également un lecteur un peu "snob". On m'a même dit "élitiste" ! Et bien non. J'aime les textes qui portent un regard pertinent sur le monde, l'explorent dans sa complexité, sa diversité et ses nuances. Quand ces textes sont bien écrits, quand le style lui-même participe en quelque sorte de la compréhension du monde, cela s'appelle "littérature".Je suis bien content de partager ce point de vue sur les romans de genre. J'avais écrit quelque chose de semblable ici :http://blog.attrape-coeurs.com/post/2008/05/15/Invitation-Garden-of-love-de-Marcus-Malte-discussion-autour-du-livre (voir les commentaires également)et là :http://blog.attrape-coeurs.com/tag/Candace%20Bushnell (non sans ironie).C'est intéressant de noter comment 1984 et Fahrenheit 451 reviennent dans cette discussion sur les genres.
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