Je vous parle rarement de mon travail d’enseignant, mais aujourd’hui, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire qui m’a laissée pantoise. Après avoir étudié les dragons avec mes élèves de 5ème, nous abordons le merveilleux au Moyen-Age. Or, ce matin, j’ai proposé différents exposés comme Merlin l’enchanteur, Le roi Arthur et les chevaliers de la Table ronde, Tristan et Iseult en leur expliquant que tous ces personnages appartiennent à cet univers merveilleux. Aussitôt, l’un de mes élèves a poussé de grands cris en apprenant que le Roi Arthur, Mélusine et les autres n’ont pas existé ! « Ca sert à quoi d’étudier tout ça si c’est pas vrai ? » ; « On nous ment ! », a renchéri son voisin. Quand l’un d’eux a réalisé (enfin !) que les animaux fabuleux et imaginaires, les dragons, appartiennent à la légende, ses yeux se sont humidifiés : « pourquoi on a lu des textes qui racontent des histoires qui n’existent pas ? » J’ai eu beau leur expliquer que la mythologie constitue notre culture et nous permet de mieux comprendre notre société, ils s’en moquaient. Ils voulaient savoir si les fantômes n’existaient pas non plus, le diable, les sirènes… Du haut de leurs 13 ans, ils ouvraient des yeux sur un monde bien décevant et ils s’en révoltaient. Ils avaient l’impression d’avoir été trahis, dupés pendant toutes ces années. En partant, l’un d’eux m’a dit : « A cause de vous, je ne croirai plus en rien ».