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Anne-Sophie Demonchy
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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 17:40

les-lisieres-olivier-adam.jpgComment échapper à la lecture des Lisières d’Olivier Adam ? Les nombreux articles pour ou contre ce roman que l’on promettait au Goncourt ont fatalement titillé ma curiosité. On sait désormais que Les Lisières n’aura pas le Goncourt puisqu’il n’apparaît pas dans la sélection du prix. Ce qui a suscité, comme un fait exprès, de nombreuses moqueries, voire des mesquineries de la part des médias. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder la photo que Le Figaro a choisie pour annoncer la nouvelle : elle représente l’auteur avant sa perte de poids. Franchement, l’attaque sur le physique n’est pas fair play. Mais, avouons-le tout de go, je n’ai pas été entièrement convaincue par ce roman nombriliste au style plat ni par cette histoire d’écrivain divorcé qui cherche à trouver sa place dans la société.  Voyons donc de plus près Les Lisières.


Dans Les Lisières, le narrateur est un écrivain nommé Paul Steiner. Séparé depuis six mois de sa femme et de ses deux enfants, il tente de comprendre pourquoi il a été ainsi plaqué : homme invivable, il a fini par lasser sa femme. Pendant de longues pages, le narrateur revient sur les moments passés auprès de Sarah. Il se larmoie, espère une réconciliation. Ennui garanti car Olivier Adam ne parvient pas à transmettre le sentiment d’abandon de façon personnelle. Surtout, il donne l’impression de tirer en longueur cette première partie.

 

Dans la partie centrale du roman, Paul Steiner quitte la Bretagne pour aller s’occuper de son père qui habite la banlieue parisienne, sa mère étant hospitalisée. Les relations entre le père et le fils sont minutieusement transcrites et plutôt fines. Olivier Adam évoque avec justesse un père froid et taciturne, distant avec son fils qui n’a jamais eu le droit de s’exprimer, encore moins d’émettre la moindre critique. Père et fils n’ont rien en commun, encore moins leurs opinions politiques puisque le premier vote FN au grand dam du second. Le narrateur fait également des retrouvailles dans sa banlieue morose, des anciens camarades de classe qui, pour la plupart, font des petits boulots et lui parlent de ses succès littéraires et plus encore de ses passages à la télé. J’ai été happée par cette partie puisqu’elle est souvent en empathie avec un milieu que l’auteur connaît bien puisqu'il y a grandi. J’ai entendu et lu un certain nombre de critiques sur ce point affirmant que Olivier Adam se complait dans une vision pessimiste de la banlieue alors qu'il évolue loin de ce milieu modeste. Je suis en désaccord avec ces avis : l’auteur montre justement le décalage qu’il y a entre son statut d’écrivain reconnu et ses origines. A Saint Germain, il se sent banlieusard, et en banlieue, il se sent un intellectuel supérieur. Quoi qu'il en soit, il ne trouve sa place nulle part. Ce qui peut agacer, c’est que l’auteur-narrateur ne prend pas position : il critique tout le monde, personne ne semble trouver grâce à ses yeux. Mais, c’est précisément le projet même du roman : la lisière.

 

Alors, pourquoi n’ai-je pas été convaincue par ce roman qui évoque si justement les relations familiales et ce sentiment d’être nulle part chez soi ? L’écriture est sans recherche, les phrases sont sans relief, sans élan… Je n’ai pas été émue par cette histoire en raison même de ce style qui m’a laissée de marbre. Dommage…

 

Un autre point de vue, sur le blog de la librairie Préambule, ici. 

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 22:35

la-moustache.jpgC’est avec un a priori très favorable que j’ai commencé la lecture de La Moustache d’Emmanuel Carrère. J’aime l’écriture épurée et sobre de cet auteur qui, dans ses derniers récits, parvient à toucher avec justesse son lecteur. Et pourtant, cette fois, la magie n’a pas opéré. Pour commencer, il faut accepter le postulat initial : Marc, le héros, décide un jour, comme par défi, de se raser la moustache. Mais, contrairement à ce qu’il espérait, personne ne semble le remarquer, pas même sa femme Agnès. Tel un thriller psychologique, Carrère choisit de mener son roman à la troisième personne, créant ainsi une certaine distance entre le récit et les pensées de ses personnages. Ce qui est fort astucieux. Le réel est nimbé d’incertitudes, de doutes. En effet, Marc, après s’être rasé, se débarrasse de ses poils comme s’il s’agissait de preuves à conviction. Mais il se retrouve complètement désarçonné quand son entourage lui assure qu’il n’a jamais eu de moustache… Le narrateur ne se place que rarement du point de vue des autres personnages – la femme, les collègues – mais parvient à montrer leur bonne foi. Aussi, le lecteur ne sait si c’est Marc qui a raison ou son entourage. Cet aspect du roman est rondement mené et l’on prend un certain plaisir à chercher les preuves de l’existence ou non de cette moustache.

 

En revanche, les nombreuses questions que se pose Marc m’ont paru lourdes, redondantes. Bien sûr, un homme, persuadé d’avoir porté une moustache pendant des années, a de bonnes raisons de s’étonner du déni des autres. Mais, est-il vraiment utile de le préciser de façon si insistante ? On lit ainsi des scènes qui se veulent absurdes où Marc et sa femme téléphonent en pleine nuit à leurs amis pour s’assurer que celui-ci n’a jamais eu de moustache…

 

Comme l’auteur ne veut pas donner d’explication rationnelle à ce phénomène étrange, il fait dire à l’épouse que son mari traverse certainement une dépression et qu’il a besoin de voir un psychiatre. Encore une fois, j’ai été très gênée par cette manière d’aborder le thème de la folie. Certes, Marc doit être troublé. Et comme tout roman fantastique, la folie domine. Mais est-il besoin de l’aborder en ces termes et surtout, pourquoi le narrateur ne montre-t-il pas les indices de cette folie ? Jai regretté ce manque de subtilité que l’on retrouve pourtant dans un roman troublant comme L’Adversaire

 

Enfin, pour se sortir de ce cauchemar, Marc décide de s’enfuir à Hong-Kong. Cette dernière partie m’a plus dérangée encore. J’ai eu l’impression que le roman avait comme échappé au narrateur… On ne comprend pas cette fuite, pas plus que le récit des journées du personnage errant… Quant à l’issue fatale… elle est… fatale !

 

Vous l’aurez compris, ce roman m’a laissé perplexe. Prochaine étape : son adaptation cinématographique, par Emmanuel Carrère lui-même.

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 20:35

Le bandeau annonce que L’Eclat du diamant est le polar de l’été. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais en vacances, sur la plage, je n’aime pas porter un pavé de 620 grammes (dixit l’éditeur) à bout de bras… encore moins lire un roman destiné à me faire réfléchir… Car L’Eclat du diamant est un polar, mais c’est aussi une enquête journalistique et un « roman sociétal » sur l’univers du marketing et du capitalisme. Ces trois aspects se croisent et font de l’ensemble un roman assez complexe …

 

Tout commence par divers assassinés. Le commissaire Delajoie et toute son équipe du 36 Quai des Orfèvres sont chargés de découvrir le mobile et l’identité du meurtrier. Très vite, une enquête publiée dans la presse les met sur la piste d’un groupe industriel très puissant : TamTam communications dont le projet essentiel « consiste à concevoir des programmes, du contenu pour les chaînes de télévision ».

 

Si vous êtes comme moi et que vous êtes au niveau zéro en connaissance marketing, consulting et autres bizarreries de ce genre, le livre est une sorte de stage de découverte dont on ressort écoeuré.

 

Ainsi, vous aurez l’impression en lisant ce roman que TamTam communications ressemble étrangement à Bouygues et à sa chaîne de télé TF1. On nous explique ainsi qu’ « une chaîne de télévision c’est d’abord une entreprise privée, qui doit, dans une perspective bisness, générer un maximum de bénéfices pour ses actionnaires. Ca s’appelle le « capitalisme » et, je vous rassure, ça n’est pas moi qui l’ai inventé. Or, la seule manière de gagner beaucoup d’argent dans ce secteur c’est grâce à la publicité. Et plus vous avez de personnes qui peuvent regarder vos écrans publicitaires, plus vous pourrez facturer cher cette location de votre temps d’antenne. C’est ça une télé privée, ça propose, à des marchands, du temps et de l’espace pour faire la promotion de produits et de services ». Ca ne vous rappelle rien cet espace de temps disponible ? Le protagoniste démonte le système : pour qu’une pub soit rentable, il faut attirer le plus de monde possible, avec un programme qui ne coûte pas cher (les séries seraient idéales…) et il « doit être en état, le téléspectateur, de recevoir le sacro-saint message publicitaire. (…) Le programme doit être limpide, transparent, le degré zéro de la sollicitation neuronale ». Le même développement aura lieu quelques chapitres plus loin pour nous faire comprendre comment se sont implantés les magasins de grande distribution au détriment des petits commerces, pourquoi on utilise le terme « ménagère de moins de 50 ans », etc. Certains seront sans doute sceptiques prétendant que ce roman outrepasse ses fonctions pour prendre la forme sinon le ton du documentaire… Aimant le mélange des genres, j’y ai trouvé mon compte…

 

Pour ceux qui ont toujours rêvé de s’infiltrer dans la police et savoir vraiment comment ça se passe au quotidien, L’Eclat du diamant est un guide de premier choix. Ainsi, on apprend qu’une « donneuse » est un indicateur, « raton laveur » est un flic de la scientifique, et que les « flight cases [sont] dotées de tout le « matos » pour révéler « l’invisible » sur les lieux du crime comme les traces de sang effacées par exemple. Des considérations sur le juge d’instruction, les relations entre les flics et les bœuf-carottes agrémentent le roman et lui apportent une dimension supplémentaire. A condition, encore une fois, d’aimer ce côté documentaire… Pour les autres, vous trouverez certainement votre intérêt dans l’intrigue. L’équipe de Delajoie utilise toutes les techniques - modernes comme traditionnelles - pour retrouver le criminel, allant de témoins en fausses pistes, d’hypothèses en déductions…

 

Il m’a semblé en lisant ce roman qu’une équipe se cachait derrière ; chacun à son rôle : l’un se renseignant sur l’univers carcéral, la pub, l’autre écrivant le synopsis donnant lieu à cet énorme objet multiforme. Bien évidemment, on m’a assuré que Monsieur John Marcus est une seule et même personne. Soit. Ce n’est pas cela l’important, pas plus que l’écriture d’ailleurs. Car l’histoire, elle, très copieuse, est bien ficelée, les digressions sur la société de consommation et la pub à la télé sont passionnantes… J’aurais eu tort, malgré l’objet-livre peu séduisant à mon goût, de ne pas me laisser tenter. Et vous ?

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 10:45

Il est des noms d’auteurs qui ne m’inspirent pas confiance, et dont Douglas Kennedy, entre autres fait partie. Je n’avais, jusqu’alors rien lu de lui, mais ses affiches sur papier glacé dans de nombreuses librairies de France et de Navarre m’ont toujours paru suspectes. Pourtant, en ouvrant la nouvelle traduction de Cul de Sac, intitulée Piège nuptial (Belfond) j’ai rapidement oublié mes a priori.

L’histoire, vous la connaissez certainement : un type ordinaire, Nick, décide de quitter les Etats-Unis pour traverser l’Australie au volant de son van Volkswagen, en quête d’une nouvelle vie, plus riche et plus intense que celle qu’il mène jusqu’alors. Il rêve de vastes paysages désertiques, de rencontres et de liberté. Mais, la réalité sera tout autre…

Dans une station essence, il se laisse séduire par une jeune Australienne qui, audacieuse, lui met le grappin dessus. Sans méfiance, il décide de faire un bout de chemin avec elle, mais le piège nuptial est désormais tendu : le voici drogué, séquestré et marié de force. Dans un village rayé de la carte australienne, il doit vivre avec son épousée et ses congénères : cinquante-trois abrutis qui vivent en totale autarcie, sans liberté aucune. Nick pris dans ce cul de sac doit essayer de s’enfuir…

Vous l’aurez compris, il s’agit d’un thriller… Assez bon puisque je n’ai pas lâché le livre un instant. Le premier quart du livre permet de faire connaissance avec Nick : on découvre son passé, son dégoût pour le quotidien et la vie conjugale tout autant que son manque d’ambition professionnelle, et son besoin de liberté… Ces premières pages m’ont laissé aussi le temps de m’habituer à ce style assez viril constitué de phrases parfois crues et de métaphores triviales…

Dès que Nick rencontre sa harpie, l’action commence véritablement tout en même temps que le suspens qui ne prendra fin que dans les dernières pages du roman quelque peu longuettes, hélas. Les actions s’enchaînent mais le narrateur veille à décrire l’atmosphère et les lois absurdes qui régissent cette communauté de dégénérés, illettrés, violents et ivrognes. Toutefois, la narration et les dialogues l’emportent sur la description pour ne pas perdre le lecteur en route : l’objectif étant de donner un roman très visuel et dynamique.

Sans devenir une inconditionnelle de Douglas Kennedy, j’aurais passé un bon moment de lecture.

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8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 11:08

Près de deux ans après le succès de Mal de pierres de l’écrivain sarde, Milena Agus, je me décide, par hasard, à découvrir enfin ce que l’on appelait à l’époque « un petit bijou ».

Le roman est court, 120 pages, agréable à lire car l’humour et la facétie sont au rendez-vous, mais… je suis restée sur ma faim. En achevant la dernière page qui se clôt sur un coup de théâtre, on a l’impression d’avoir lu un très bon synopsis qui donnera lieu à un beau film d’amour.

L’histoire, vous la connaissez sûrement, est celle d’une femme qui souffre de coliques néphrétiques et qui, malgré sa grande beauté, fait fuir ses prétendants. Finalement, elle accepte de se marier avec un homme, au grand soulagement de ses parents qui avaient peur de la voir finir vieille fille.

Les années passent et, pour soigner son mal de pierres, elle fait une cure thermale où elle rencontre un homme, d’une beauté extraordinaire, malade comme elle : le Rescapé. Ils vivent une idylle de quelque temps puis tous deux doivent reprendre le cours normal de leur existence : elle, retrouver son village et son mari, lui rentrer à Milan. Mais cette histoire demeurera gravée à jamais en elle.

Les années passent, et elle réussit à fonder, avec son mari, une famille. C’est sa petite-fille, éprise comme elle d’écriture, qui raconte cette saga familiale avec tendresse et humour. Elle dévoile les secrets, montre que derrière les apparences se cachent de profondes blessures…

C’est sympathique, doux et charmant, mais on est loin du chef d’œuvre attendu. On est face à une jolie histoire, bien ficelée mais superficielle…

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18 octobre 2008 6 18 /10 /octobre /2008 12:18

Je fais partie de ces lecteurs un peu snobs qui estiment que la science-fiction est un sous-genre de la littérature et qu’elle ne présente donc qu’un intérêt secondaire. Certes les histoires en général sont plaisantes. Il est indéniable que lorsque l’on tient en main l’un de ces livres on ne puisse le lâcher avant la fin tant l’auteur sait nous tenir par ses rebondissements et ses suspens. Néanmoins, je suis rarement séduite par le récit même. Ne mettons pas tous les auteurs dans un même lot indifférencié : Georges Orwell ou Huxley font évidemment partie des grands auteurs de la littérature d’anticipation. Il en est d’autres. Mais je pense que par déformation professionnelle, par manque de temps, j’ai focalisé mon attention sur le roman, sans m’attarder sur la S.F. Hormis quelques auteurs bien précis comme Vercors, Huxley, Orwell ou Barjavel, la S.F. est ignorée par les programmes scolaires.

 

Depuis des années, je n’avais pas ouvert un livre d’anticipation. L’occasion s’est présentée hier soir avec Sauvagerie de J.G. Ballard (que vous connaissez peut-être grâce à l’adaptation cinématographique de son roman Crash par David Cronenberg). Ce livre a été publié en Grande Bretagne en 1988 sous le titre Running Wild, puis traduit en français sous le titre Le massacre de Pangbourne, publié chez Belfond puis réédité chez Mille et Une Nuits. Il est de nouveau traduit par Robert Louit pour les éditions Tristram.

 

Sauvagerie s’inspire d’un fait réel : dans une zone résidentielle de luxe près de Londres, 22 parents ont été massacrés tandis que leurs 13 enfants ont disparu, certainement kidnappés. La résidence est sous surveillance vidéo ce qui permet aux enquêteurs de pouvoir visionner ce qui s’est passé le matin du massacre. Pourtant, malgré les indices et les pièces à conviction retrouvées dans les différentes maisons sans difficulté, la police peine à comprendre les motivations des meurtres et l’enlèvement des enfants. Elle fait alors appel à un psychiatre, le DR Richard Greville pour apporter son point de vue et peut-être comprendre les raisons d’un tel massacre.

 

Le roman est entièrement narré par ce psychiatre qui observe avec froideur et objectivité la vidéo qui retrace les moindres faits et gestes de ces familles afin de leur assurer une protection qui s’avèrera vaine. Ses descriptions sont précises, sans fioriture. Le court roman est écrit de manière très organisé et efficace selon les méthodes de travail du psychiatre qui analyse des faits et interprète ensuite. La caméra a donc filmé les différents meurtres : certains parents ont été tués par électrocution, d’autres ont été abattus ou étouffés. Le psychiatre a ensuite noté le nom des victimes, de leurs enfants, puis il a observé la zone résidentielle, les habitudes de vie des uns et des autres : toutes ces familles vivaient en harmonie. Les parents, bienveillants et tolérants, étaient proches de leurs enfants, attentifs à leur développement personnel et intellectuel. Les enfants obéissants, avaient des activités en réseau.

 

C’est la découverte de l’un des enfants qui va permettre au psychiatre, grâce à ses hypothèses, de déduire le mystère des massacres.

 

Ce roman est un véritable pamphlet contre un système ultra-sécuritaire qui veut le bien-être de ses habitants au détriment de toute liberté. Efficace dans sa narration, Sauvagerie montre les conséquences tragiques d’une société sous surveillance qui empêche l’individu de vivre en toute plénitude.

 

 

Sauvagerie, J.G. Ballard, Tristram, 119 p., 13€


 

 

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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 07:53

Depuis quelques semaines, il est impossible de regarder la télévision ou de lire un magazine littéraire sans avoir affaire à Josyane Savigneau qui était autrefois la directrice du Monde des Livres et qui aujourd’hui demeure journaliste dans le supplément littéraire mais « destituée » de ses fonctions. Elle vient de publier une autobiographie, Point de côté (Stock).

 

Il ne s’agit pas pour moi d’attaquer ou au contraire de défendre un livre que je n’ai pas lu et qui a priori ne me dit rien. Ses déboires avec Le Monde ne m’intéressent pas vraiment. En revanche, en lisant les interviews qu’elle a accordées à de nombreux médias, notamment à Transfuge (n° octobre), j’ai repensé à un auteur qu’elle avait défendu bec et ongles l’année dernière : Yannick Haenel, auteur que j’ai lu cet été.

 

Je suis donc partie en Corse, en août dernier, avec non seulement quelques nouveautés à paraître en septembre mais également des livres parus à la rentrée précédente et que je n’avais pas eu le temps de lire. Parmi eux, Cercle, un livre encensé par une bonne partie de la critique. Evidemment, je connaissais les polémiques autour de ce roman : Alina Reyes accusant Y. Haenel de plagiat, la remise en cause du prix Décembre attribué au protégé de Ph. Sollers…

 

Mais puisqu’il est question de liberté et de rêveries, je me suis dit, bien naïvement, que Cercle me permettrait de voyager au-delà de mon île.  Allongée sur le sable, les pieds en éventail, je me suis laissé porter par la voix si particulière de Yannick Haenel. Mais dès les premières pages, notre embarcation a connu de violentes embardées. Je me suis raidie, ai senti le soleil me cramant la peau et le sable me grattant le dos :

 

« Le narrateur agit avec ses découvertes comme on agit avec sa propre solitude. Rien ne sera plus féroce, plus doux, plus labyrinthique, plus voluptueux, plus matinal, plus nocturne, rien ne sera plus glorieux, plus cauchemardesque, plus secret, plus bandant que ce qui arriver bientôt si les phrases continuent de grandir et s’élancent, comme depuis ce matin, vers ce passage où la liberté s’affirme à mesure qu’elle s’énonce. Le livre que vous avez entre les mains vous amènera lentement au cœur de ce qui le rend possible. Le lecteur, s’il existe, est donc prié de faire de sa patience un art ; et d’entendre les phrases comme elles sont venues, comme elles viennent, comme elles viendront : il n’y a pas de raison que cette aventure soit plus facile pour lui que pour moi ».

 

Obéissante, j’ai essayé de patienter, d’y mettre de la bonne volonté mais ce style ampoulé, démesurément lyrique et prétentieux m’a tiré de la rêverie. J’ai voulu persister avec la nette impression que l’auteur me baladait, non pas vers ces contrées inconnues, mais à Saint-Germain-des-Prés. Je vous fais grâce des passages sur les pétales de roses qui tournoient dans le vent près de Notre-Dame pour en arriver au fait, un acte naturel, certes, mais qui donne envie à l’auteur de s’étendre poétiquement et longuement sur le sujet :

 

« Je sors donc [petite précision : le narrateur se sent en harmonie avec la nature parisienne, ce qui justifie son geste] ma queue et pisse le long du cerisier. Une fougère se met à exister. L’ai-je éclaboussée ? Il y a un mur lépreux, des ronces, un cerisier en fleur, du lierre qui grimpe, une lumière d’éclats mauves. Ca pourrait être un bon coin, ombre et charmille. C’est un bon coin. Mais voici qu’une fougère apparaît. Elle est là, tout à coup, sans être venue […]. J’ai la bite à l’air et je regarde la fougère. Elle est ici, près du cerisier, et très loin […]. En un éclair quelque chose de la fougère passe en moi et donne sa décharge. L’arbre, le fleuve et ma pisse : tout s’éloigne avec vigueur ».

 

Résumer le livre à ces deux extraits serait réducteur parce qu’il est question de voyage, de réflexions sur soi, sur l’art… Il y a de belles pages. Mais à quel prix ? Jean Genet évoquait souvent des sujets triviaux dans ses autofictions, parce qu’il y avait une nécessité : celle de sanctifier les valeurs du Mal. Dans Cercle, je reste sceptique. J’ai été agacée tout au long du livre par ce ton précieux, cette façon d’écrire en se disant combien l’on est doué…

 

Wrath soulevait dernièrement le problème de la critique littéraire. [edit : aujourd'hui, elle évoque à son tour le cas J. Savigneau]. Je ne partage pas entièrement son point de vue, parce qu’un livre qui se vend n’est pas obligatoirement un bon livre mais un livre grand public. En revanche, certains journalistes de renom jouent un rôle certain dans la surestimation de livres dont la qualité littéraire est  parfois douteuse. 



Cercle, Yannick Haenel, Gallimard, coll.L'Infini, 2007, 501 p.



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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 01:00

Alors que dans la presse, on parle beaucoup du Marché des Amants où Christine Angot raconte son escapade amoureuse avec Doc Gyneco, sur la toile, un autre couple, fait grand bruit : il s’agit de Florence Ben Sadoun et de Jean-Dominique Bauby, l’auteur du Scaphandre et du Papillon. Dix ans après la mort du rédacteur en chef de Elle, sa maîtresse, qui avait dû rester dans l’ombre par respect des convenances, a décidé de prendre sa plume pour raconter sa version des faits concernant la fin de vie de son amant, leurs derniers mois ensemble… Pourquoi un tel buzz sur la toile ? Les éditions Denoël et le site Chez les Filles ont eu la bonté d’offrir aux bloggueurs La Fausse veuve en avant-première. Du coup, la plupart d’entre nous se sont prêté au jeu.


Je ne puis que me réjouir d’une telle initiative. Toutefois, dans un premier temps, avant d’ouvrir le livre, je me suis demandée pourquoi les éditions Denoël avaient voulu faire un buzz autour d’un livre qui, à n’en pas douter, serait soutenu par les médias étant donné que Florence Ben Sadoun est à la fois directrice de la rédaction de Première, journaliste à Elle et chroniqueuse cinéma à France Culture.


Parce que j’ai l’esprit mal tourné, je pense que l’auteur a non seulement besoin de la critique officielle mais surtout de lecteurs écrivant sans arrière-pensées sur des blogs non professionnels. Pourquoi une telle suspicion ? Tout simplement parce que l’auteur n’a pas écrit un roman comme c’est indiqué sur la couverture du livre mais un  récit autobiographique. Alors, avec quelque appréhension, j’ai ouvert La Fausse Veuve.


Dès la première page, mes craintes se sont écartées. L’auteur ne veut pas révéler le nom de celui qu’elle tutoie et vouvoie alternativement. Elle se concentre sur son ressenti, ses émotions et son style… Elle se remémore le passé… Raconte par le menu sa rencontre avec cet homme, gourmand et rieur, qui l’a immédiatement subjugué, ses nuits seule à l’attendre tandis qu’il est auprès de sa famille légitime, leurs escapades amoureuses. Et puis l’accident… Son dégoût à l’hôpital face à un homme qui n’en est plus un, convoité par des infirmières émoustillées par ce personnage connu, sa rencontre avec l’épouse… Elle a besoin de dire sa souffrance, de régler ses comptes avec le séducteur que fut son amant, l’épouse qui essayait de reprendre sa place au sein du couple désuni, les inconnus du café de Flore commentant le film du Scaphandre et du Papillon (sans le citer, jamais) sans savoir ce qui s’était réellement passé. L’auteur essaie, par l’écriture, de retrouver une légitimité, de rétablir la vérité, sa vérité… Elle veut crier combien, durant ces longs mois où son amant fut hospitalisé, elle fut maltraitée voire injuriée par les proches du malade, le corps médical… Elle veut qu’on sache ce qu’elle a enduré, qu’on lui reconnaisse sa part de souffrance…


Pourtant, au-delà de ce message pathétique, l’écriture l’emporte. L’auteur trouve les mots, la formule juste qui fait mouche. A quelques reprises j’ai tiqué : pourquoi s’en prend-elle avec une telle agressivité à l’épouse trompée ? Pourquoi révéler un secret du père de l’amant qui n’a rien à faire dans l’histoire ? Mais je suis passée outre ces considérations, secondaires, pour moi qui ne connais pas ces gens… J’ai été happée par la poésie qui émane de certains passages, l’émotion qui déborde de toutes parts… Si bien que l’on oublie que ces gens existent, qu’ils souffrent, qu’ils ont vraiment vécu ces épreuves… Tout cela est loin de moi : je goûte ces mots choisis, ces figures de style travaillées…


En refermant le livre j’ai éprouvé le même sentiment que celui éprouvé l’an dernier en achevant Un Roman russe d’Emmanuel Carrère, un récit lui aussi, dévoilant l’intimité et les secrets de famille de l’auteur. Je m’étais laissée porter par les mots puissants et envoûtants. Même phénomène miraculeux avec La Fausse veuve.

 

La Fausse veuve, Florence Ben Sadoun, Denoël, 107 p., 13 €


Les avis de : Amanda,Lisa, Lily, Aelys, Praline, Valdebaz, Lo, Cathulu, Amy, Frisette, Hélène, Julie, Cécile, Le cri du lézard, Alice

Quand je vous dis que c'est un buzz !
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28 février 2008 4 28 /02 /février /2008 11:37

livre.jpgPromis, juré, j’ai essayé de le lire ce fameux livre que tout le monde attend, mais je n’ai pas pu… Lundi soir, tandis que je venais de finir un très beau roman de Denton Welch, Soleils brillants de la Jeunesse (Viviane Hamy), à la fois très sensible et angoissant, je me suis dit que j’allais me détendre avec ce roman… Je me suis engagée à le lire pour Le Magazine des Livres. J’avais vraiment envie de le lire pour savoir si mes a priori étaient fondés ou si au contraire, j’étais passée à côté d’un auteur dont j’ignorais les qualités littéraires.

Je me suis donc installée confortablement au fond de mon lit, callée entre deux coussins, bien au chaud sous ma couette, dans l’espoir de passer un bon moment. J’ai ouvert le livre avec une certaine impatience. Mais dès la première ligne (je n’exagère pas), toutes mes appréhensions ont rejailli : pas de sujet, pas d’effort dans la mise en forme… le narrateur écrit comme il parle, ou plus exactement comme il pense, passe d’une idée à l’autre sans transition… C’est une véritable catastrophe ! Je m’accroche… tourne les pages espérant un miracle. L’auteur a peut-être voulu surprendre son lecteur… Au bout de la trentième page, toujours pas d’amélioration et j’ai la désagréable impression qu’il n’y a pas d’intrigue, les personnages se rencontrent, discutent mais il ne se passe rien, ne se dit rien. Le livre est long certes, il peut réserver encore des surprises. Mais… toujours rien à la cinquantième page. Je me désole et commence à m’impatienter. Alors je triche : j’ouvre le livre en plein milieu pour savoir ce qui se passe, si je vais subir le même traitement. Hélas… oui… L’auteur est cohérent. Je lui reconnais cette qualité. Il a poursuivi sur la même lancée. Je voulais écrire « style » mais dans ce livre il n’en est guère question. D’ailleurs, dans l’argumentaire que j’ai reçu avec le livre, l’auteur sait qu’on lui reprochera ce défaut mais s’en moque. Evidemment, il peut écrire ce qu’il veut, sa réputation est faite et ce n’est pas un article de plus ou de moins dans un magazine qui aura le moindre impact sur ses lecteurs fidèles. A quoi bon d’ailleurs écrire un article pour démolir ce livre… Ce n’est pas le genre de textes que j'apprécie… Je voulais en avoir le cœur net. A présent, je sais…

 

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20 février 2008 3 20 /02 /février /2008 21:31

9782742768585-copie-1.gifA priori, j’aime André Brink. J’avais lu avec un plaisir immodéré (et plusieurs fois en quelques semaines de surcroît, pour les besoins de mon boulot de prof) Une Saison blanche et sèche. Un turbulent silence et Au plus noir de la nuit m’avaient également profondément troublée. Mais voilà, le dernier roman de l’écrivain afrikaner le plus célèbre en France m’a déconcertée, même déçue.

D’abord, il a créé chez son lecteur quelques attentes : dans ses romans épais, fort bien construits et ficelés, il décrit, souvent sous la forme d’intrigues policières, les conditions de vie des Noirs en Afrique du Sud, victimes de l’apartheid. Or, La Porte bleue est très mince et prend la forme d’un conte fantastique, racontant une passion amoureuse irréelle. Même si le sujet est nouveau chez Brink, on retrouve ses grandes obsessions : l’opposition entre l’être et le paraître (tandis que le héros est enseignant, il rêve de se consacrer à sa peinture, d’en faire sa profession), le désir pour le corps noir, le rejet des conventions sociales.

La Porte bleue est une sorte de parabole où le fantasme l’emporte sur la réalité : David est un professeur d’une quarantaine d’années, vivant en couple et résigné à vivre sans enfant. Il a accepté de sacrifier sa passion, la peinture, pour en faire un passe-temps. Pour contenter sa femme comme son entourage, il s’accommode de cette existence confortable et morne.

Néanmoins, il a su préserver son jardin secret. Le lecteur est invité à y pénétrer, à découvrir l’identité véritable de David, ses désirs et ses fantasmes. Un jour, tandis que David entre dans son atelier, une femme, à la peau noire, et deux enfants métis se jettent dans ses bras pour fêter son retour au logis. Il ne comprend pas la situation : il ne connaît pas ces personnes. A partir de cette situation absurde, il tente de trouver une explication rationnelle. En vain. Il essaie de retrouver son appartement et sa femme légitime mais échoue. Toute sa vie d’autrefois a disparu. David est condamné à assumer cette nouvelle existence auprès d’une femme en tous points différente de la sienne, une femme qui lui ouvre les portes d’un monde jusque-là interdit  où l’art et la famille font bon ménage.

Pour tout vous dire, la brièveté de ce texte m’a frustrée. Mais, je ne dois pas être la seule et l’auteur a dû être pris par le temps car il a déclaré vouloir écrire la suite en deux volumes. Pourquoi ne pas l’avoir fait en un seul ?

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