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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 01:00

Alors que dans la presse, on parle beaucoup du Marché des Amants où Christine Angot raconte son escapade amoureuse avec Doc Gyneco, sur la toile, un autre couple, fait grand bruit : il s’agit de Florence Ben Sadoun et de Jean-Dominique Bauby, l’auteur du Scaphandre et du Papillon. Dix ans après la mort du rédacteur en chef de Elle, sa maîtresse, qui avait dû rester dans l’ombre par respect des convenances, a décidé de prendre sa plume pour raconter sa version des faits concernant la fin de vie de son amant, leurs derniers mois ensemble… Pourquoi un tel buzz sur la toile ? Les éditions Denoël et le site Chez les Filles ont eu la bonté d’offrir aux bloggueurs La Fausse veuve en avant-première. Du coup, la plupart d’entre nous se sont prêté au jeu.


Je ne puis que me réjouir d’une telle initiative. Toutefois, dans un premier temps, avant d’ouvrir le livre, je me suis demandée pourquoi les éditions Denoël avaient voulu faire un buzz autour d’un livre qui, à n’en pas douter, serait soutenu par les médias étant donné que Florence Ben Sadoun est à la fois directrice de la rédaction de Première, journaliste à Elle et chroniqueuse cinéma à France Culture.


Parce que j’ai l’esprit mal tourné, je pense que l’auteur a non seulement besoin de la critique officielle mais surtout de lecteurs écrivant sans arrière-pensées sur des blogs non professionnels. Pourquoi une telle suspicion ? Tout simplement parce que l’auteur n’a pas écrit un roman comme c’est indiqué sur la couverture du livre mais un  récit autobiographique. Alors, avec quelque appréhension, j’ai ouvert La Fausse Veuve.


Dès la première page, mes craintes se sont écartées. L’auteur ne veut pas révéler le nom de celui qu’elle tutoie et vouvoie alternativement. Elle se concentre sur son ressenti, ses émotions et son style… Elle se remémore le passé… Raconte par le menu sa rencontre avec cet homme, gourmand et rieur, qui l’a immédiatement subjugué, ses nuits seule à l’attendre tandis qu’il est auprès de sa famille légitime, leurs escapades amoureuses. Et puis l’accident… Son dégoût à l’hôpital face à un homme qui n’en est plus un, convoité par des infirmières émoustillées par ce personnage connu, sa rencontre avec l’épouse… Elle a besoin de dire sa souffrance, de régler ses comptes avec le séducteur que fut son amant, l’épouse qui essayait de reprendre sa place au sein du couple désuni, les inconnus du café de Flore commentant le film du Scaphandre et du Papillon (sans le citer, jamais) sans savoir ce qui s’était réellement passé. L’auteur essaie, par l’écriture, de retrouver une légitimité, de rétablir la vérité, sa vérité… Elle veut crier combien, durant ces longs mois où son amant fut hospitalisé, elle fut maltraitée voire injuriée par les proches du malade, le corps médical… Elle veut qu’on sache ce qu’elle a enduré, qu’on lui reconnaisse sa part de souffrance…


Pourtant, au-delà de ce message pathétique, l’écriture l’emporte. L’auteur trouve les mots, la formule juste qui fait mouche. A quelques reprises j’ai tiqué : pourquoi s’en prend-elle avec une telle agressivité à l’épouse trompée ? Pourquoi révéler un secret du père de l’amant qui n’a rien à faire dans l’histoire ? Mais je suis passée outre ces considérations, secondaires, pour moi qui ne connais pas ces gens… J’ai été happée par la poésie qui émane de certains passages, l’émotion qui déborde de toutes parts… Si bien que l’on oublie que ces gens existent, qu’ils souffrent, qu’ils ont vraiment vécu ces épreuves… Tout cela est loin de moi : je goûte ces mots choisis, ces figures de style travaillées…


En refermant le livre j’ai éprouvé le même sentiment que celui éprouvé l’an dernier en achevant Un Roman russe d’Emmanuel Carrère, un récit lui aussi, dévoilant l’intimité et les secrets de famille de l’auteur. Je m’étais laissée porter par les mots puissants et envoûtants. Même phénomène miraculeux avec La Fausse veuve.

 

La Fausse veuve, Florence Ben Sadoun, Denoël, 107 p., 13 €


Les avis de : Amanda,Lisa, Lily, Aelys, Praline, Valdebaz, Lo, Cathulu, Amy, Frisette, Hélène, Julie, Cécile, Le cri du lézard, Alice

Quand je vous dis que c'est un buzz !
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commentaires

S
même si j'ai été touchée par le récit et le travail qu'il représente, j'ai été quand même un peu génée par la posture paradoxale de de l'auteur : elle dénonce les méfaits de la surexposition médiatique, parle de souffrance et de réactivation du deuil, et, dans le même temps,elle en fait elle même un livre publié et largement diffusé sur la blogosphère.
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A
J'ai eu les mêmes réticences que toi au vu de sa profession et de son réseau. Mais tu vois... Faut pas toujours se fier aux apparences. Certaines n'ont pas aimé la prose précieuse de l'auteur,c'est au contraire tout l'intérêt du texte. Je suppose que comme moi tu t'en fiches de savoir qui était soon amant, sa fausse belle-famille, etc. L'intérêt réside dans le récit... Alors, si tu le peux, jette un coup d'oeil, j'espère que tu ne le regetteras pas.J'ai noté que tu lisais en ce momenty Soleils Brillants de la jeunesse. C'est bien, n'est-ce pas ?
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E
Je n’ai pas répondu au mail, le livre d’une journaliste de Elle ne m’intéressant absolument pas, et puis j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un bouquin très bas de gamme. J’ai d’ailleurs été confortée dans mon opinion en lisant les avis majoritairement négatifs des blogueuses qui ont participé à l’opération. Mais avec ce billet je change d’avis, tu m’as donné envie de le lire !
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A
Effectivement, Amanda, je l'ai lu... et je ne l'ai pas regretté, et ce, malgré toutes mes réticences. Je constate, en relisant ton billet, que nous avons ressenti exactement la même chose. Hervé Guibert et de nombreux autres auteurs d'autofictions ont eu recours à ce procédé de dévoiler des secrets, tranches de vie tragiques, sans dévoiler précisément le nom de leurs sujets... poussés par une volonté d'écrire. En quête du verbe, du mot... On n'est guère ici dans de l'exhibitionnisme, excepté précisément à qques moments que je signale et qui m'ont gêné. Je n'avais pas envie de savoir certaines choses qui relèvent du domaine du privé et non de l'intime...
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A
je vois que nous avons le même avis. Je pense qu'il faut dépasser ce que nous avons lu sur ce livre, dépasser les personnages connus pour s'arrêter sur les émotions qui en émanent et la souffrance ! Tu l'as lu finalement, et c'est donc une bonne chose :)
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