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Lalettrine.com

Anne-Sophie Demonchy
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18 octobre 2006 3 18 /10 /octobre /2006 23:03

    Le célèbre roman de Patrick Süskind, Le Parfum, est sorti au cinéma depuis trois semaines déjà. Je n’ai lu jusqu’à présent dans la presse que de mauvaises critiques. Pierre Assouline, par exemple, ironisait sur le fait que l’on ne peut, à travers l’écran, sentir les infinies odeurs décrites dans le roman. Néanmoins, sent-on mieux les odeurs en lisant plutôt qu’en regardant ? Cet argument est donc à nuancer avant même de voir le film puisque la sensibilité et les sens sont propres à chacun de nous…

            J’ai relu Le Pafum juste avant de voir son adaptation cinématographique afin de bien m’imprégner de l’histoire et surtout de l’atmosphère. Au XVIIIème siècle naquit en France un monstre, Jean-Baptiste Grenouille, qui n’eut qu’un unique objectif dans sa misérable vie : collectionner les odeurs. Il ne connut ni l’amour, ni la compassion, ni l’attachement : il ne possédait aucune qualité humaine et ne recherchait pas en l’autre ces qualités. Avec un acharnement farouche, il parvint à survivre pour parvenir à ses fins. Il travailla à Paris puis à Grasse et apprit à distiller et capturer les odeurs. Ainsi put-il mettre son plan en action : tuer de belles et jeunes femmes et mettre en flacons leur parfum.

            Ce roman est vraiment magnifique, les descriptions, fort longues et abondantes, sur l’odeur des rues de Paris à l’époque, les cabinets des parfumeurs permettent de pénétrer  l’univers entier de Grenouille, à qui le narrateur ne cède jamais la parole.

            De son côté, le film commence par le jour de la condamnation de Grenouille : menotté, on le conduit sur la place publique où une foule de populaces diverses ainsi que son bourreau l’attendent en criant, excités à l’idée de participer au spectacle de la torture et de la mort du célèbre meurtrier. Aussitôt, retour en arrière : on reprend l’histoire de Grenouille depuis sa naissance parmi les détritus et les tripes de poissons. Le film est long, il dure deux heures et demies. Cependant, on ne s’y ennuie pas. Evidemment, il est difficile et vain de vouloir retranscrire en image les odeurs mais on perçoit aisément l’ambiance, l’air malsain et nauséabond régnant à cette époque. Certaines scènes sont violentes mais le roman n’est pas tendre non plus. Néanmoins, la fin du film est ratée car impossible à rendre de façon subtile en images : il se passe un miracle, les gens « tombent en pâmoison » devant ce meurtrier. Ce sont les termes de Süskind lui-même. Alors, à lire ces quelques pages orgiaques, on peut imaginer cette scène délirante mais portées à l’écran on frise le ridicule… C’est cru. On n’y croit pas. La foule a des expressions forcées. On s’attarde sur ces images beaucoup trop longtemps afin de percevoir le triomphe de Grenouille, homme vicieux capable de mettre les hommes à ses pieds grâce au pouvoir des odeurs.

            D’autre part, le roman précise bien que Grenouille est laid, petit, voûté, bossu, ignoble en un mot, or, l’acteur est plutôt grand, mince, avec de très beaux yeux bleus, un air angélique… Ce choix détourne le sens même du roman qui veut montrer un homme sans âme, sans une once de sentiments. Dans le film, Grenouille est agréable à regarder et il nous apparaît presque comme sympathique malgré ses actes monstrueux.

            Finalement, le film ne peut remplacer la lecture de cet excellent roman mais il n’est pas inintéressant non plus. Il se voulait très ambitieux, le budget était disproportionné par rapport au résultat. Néanmoins il me semble que pour certains, cela donnera envie de lire ou de relire le livre.

 

Lire l'avis d'Amandine

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9 octobre 2006 1 09 /10 /octobre /2006 12:30

                Nostalgie, espoir, angoisse, perte, amour, manque, amitié, quête de soi… Voici en vrac ce que m’évoque ce très beau roman de Nicole Krauss. Alors que le lecteur s’attendrait à une histoire d’amour, la dédicace le détrompe immédiatement : elle est adressée aux grands-parents de l’auteur « qui [lui] ont appris le contraire de la disparition » et « pour Jonathan, [sa] vie », comprenez l’écrivain Jonathan Safran Foer. Ces deux adresses différentes renferment les deux grands thèmes du livre : la perte d’êtres chers et l’amour.

            L’auteur donne la parole à quatre narrateurs issus de pays et d’époques différents. Le lecteur se repère facilement non seulement au style distinct des personnages mais surtout grâce à un dessin en haut de page symbolisant chacun d’entre eux. Tous ont un objectif : parvenir à combler un manque. La jeune Alma Singer, par exemple, décide de retrouver l’héroïne Alma de L’Histoire de l’Amour, roman que son père désormais décédé, a offert à sa mort lors de leur rencontre. L’adolescente est persuadée de l’existence de cette femme et veut trouver un sens à cette quête : selon elle, ce n’est pas une coïncidence si elles portent. Nouvelle coïncidence : un certain Marcus Jacob demande à sa mère de traduire le roman ! Alma a un frère de 9 ans, Bird. Lui est obsédé par l’idée de Dieu. Il semble vivre dans un monde parallèle. Le personnage principal, Leo Gursky ouvre et clôt le roman. C’est un vieux juif new-yorkais, obsédé par la mort qui le guette. A 13 ans, il est parvenu à échapper aux nazis tandis que son frère et sa mère sont morts criblés de balles. Leo a vécu et même survécu en souvenir de son amour de jeunesse, une certaine Alma à qui il a promis de rester fidèle. Or, après la guerre, tandis qu’il arrive aux Etats-Unis, il découvre qu’elle a refait sa vie avec un autre homme et qu’il est le père d’un certain Isaac, qui deviendra un célèbre écrivain. Enfin, le quatrième narrateur est anonyme. Il raconte l’histoire de Zvi Litvinoff, auteur de L’Histoire de l’Amour.

            En apparence, ces différents narrateurs n’ont qu’un point commun : le livre L’Histoire de l’Amour mais en réalité, ils partagent tous la même angoisse de la mort et veulent palier par divers moyens le vide qui les envahit. Ce roman sur le deuil, le souvenir de la Shoah, est un véritable labyrinthe où le lecteur se perd avec plaisir car les réflexions, les interrogations des personnages résonnent en lui et peu à peu, grâce aux minuscules indices distillés dans les récits, il tisse les fils et résout les énigmes  pour finalement trouver un sens à cette Histoire de l’Amour.

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14 septembre 2006 4 14 /09 /septembre /2006 11:56


 

    Catastrophe… Alors que je me faisais une joie de vous présenter le nouveau roman de Javier Cercas, A la Vitesse de la lumière (publié aux éditions Actes Sud), il m’est arrivé un drame... Exceptionnellement, je vais parler un peu de moi… Mardi matin, je suis partie très chargée avec divers livres que je venais d’acheter- notamment Puisque rien ne dure de Laurence Tardieu et le roman de Cercas- et mes cours (parce que je suis professeur). J’ai pris le RER aux heures de pointe et durant le trajet, je me suis plongée dans la lecture d’un article de presse. J’étais si absorbée qu’à ma station je suis descendue du train oubliant mon sac ! Trop tard… Mes livres étaient perdus… J’ai remué ciel et terre pour retrouver mon petit sac, mais hélas, quelqu’un a dû le trouver, découvrir mes trésors et les garder. Je lance une bouteille à la mer (c’est beau d’avoir de l’espoir…) : si vous aussi preniez le RER A mardi à 8 heures et demi en direction de la Varennes, peut-être avez-vous récupéré un très joli sac noir de la marque Jonak et avez-vous découvert ces deux très beaux romans de Cercas et de Tardieu… Alors, je vous envie… et vous souhaite une bonne lecture !

            J’ai découvert Javier Cercas en lisant un article dans la revue littéraire Transfuge. L’accent y était mis sur l’histoire du Vietnam. En effet, le narrateur, un jeune homme désirant écrire, s’installe dans une université américaine. Il y rencontre Rodney avec qui il parle de littérature, notamment de Hemingway et de son désir de devenir écrivain. Le roman propose une théorie sur ce métier de « cinglé » car selon Rodney, « l’artiste est celui qui rend visible ce qui est déjà visible et que tout le monde regarde et que personne ne peut ou ne sait ou ne veut voir ». Un jour, Rodney disparaît. Le narrateur inquiet, rend visite au père de celui-ci qui lui raconte pourquoi son fils est si étrange et versatile : Rodney a connu les horreurs de la guerre du Vietnam en tant que soldat. Le narrateur décide alors de faire de ce récit un roman pour lui rendre hommage mais surtout pour trouver un sens à sa propre vie.

            Ce roman est très riche: il y est question des horreurs de la guerre, de la puissance des Etats-Unis et de la soumission du Vietnam, du traumatisme des soldats et de leur incapacité à oublier les atrocités perpétrés là-bas. Mais Cercas aborde encore un autre thème en filigrane : l’écriture.  

            Comme mon livre est peut-être en votre possession, je n’ai pu lire les 80 dernières pages… Mais, ce que j’ai lu m’a vraiment transporté. L’écriture est fluide, les péripéties nombreuses, les personnages ont une véritable épaisseur psychologique. Faites-moi plaisir : lisez-le !

 

 L'avis de Cathe

 



 

 

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30 août 2006 3 30 /08 /août /2006 22:54


     
Il y a des romans, comme ça, qui ne vous lâchent plus une fois que vous les tenez en mains… C’est le cas de  Loin de Chandigarh, de l’écrivain indien Tarun J. Tejpal. Ce pavé de 677 pages se lit d’une traite ! J’émets une petite objection cependant : j’ai lu avec passion ce roman d’amour puissamment érotique, mais certains passages ou épisodes sont longs. En effet, l’auteur a voulu dire le monde dans cette première œuvre : amour, passion, désir, Histoire de l’Inde… et sur tous les tons : dramatique, ironique, comique… C’est un roman complexe, qui tourne en rond : le premier paragraphe qui l’ouvre le clôt également :« L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux être. C’est le sexe ». Il y a en réalité deux récits dans ce roman qui s’enchevêtrent habilement. Le journaliste indien raconte son histoire d’amour passionné avec Fizz. Un jour, il découvre dans la maison qu’il a achetée des petits carnets écrits par une femme au début du siècle dernier. Le journaliste, cette fois-ci narrateur externe, raconte l’histoire de Catherine, américaine, exilée volontairement en Inde, pour suivre l’homme qu’elle aime et avec qui elle partage de nombreuses aventures érotiques. C’est dans ces fameux carnets qu’elle écrit ses expériences. Enfin, le journaliste reprend le cours de son histoire, dérouté par l’existence de ces carnets, responsables de la rupture avec Fizz… Lui, si absorbé par ses lectures a fini par perdre tout désir pour sa femme tant adorée. Finalement, le destin de ces différents personnages vont se croiser et s’entremêler au point que certains passages attribués au journaliste, sont repris mot pour mot, plus loin dans le roman, dans l’histoire de Catherine : « Ils escaladaient et dévalaient inlassablement des sommets. Arpentaient d’anciennes voies d’un pas nouveau. Exploraient de nouvelles voies d’un pas rodé. Ils devenaient l’œuvre de peintres surréalistes. N’importe quelle partie du corps se joignait à n’importe quelle autre. Il en résultait un chef d’œuvre. Orteils et langue. Mamelon et pénis. Doigt et bourgeon. Aisselle et bouche. Nez et clitoris. Clavicule et fessier. Mons veneris et phallus indica (…) ».

         Ce qui est fascinant dans l’écriture de Tejpal, ce sont les nombreuses descriptions érotiques, toujours sensuelles, délicates, et imagées, les comparaisons, concrètes, évoquant les sentiments qui unissent les amants : « Fizz me donnait cela, l’ultime paradoxe : la passion totale et la paix totale. Dans son corps, je recherchais les deux, et les trouvais toujours. Le même corps capable de déchaîner ma frénésie pouvait aussi, à son seul contact, m’apaiser comme un cygne sur un lac lisse ». C’est aussi un roman en élaboration : le narrateur veut écrire, il tâtonne, cherche différentes méthodes de travail, ébauche des débuts de textes, les abandonne… Finalement, c’est la lecture des carnets de notes qui donnent un nouveau sens à sa vie, à sa sexualité et à son inspiration artistique.

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23 août 2006 3 23 /08 /août /2006 19:56

    Chers lecteurs, pour ma première chronique, je veux vous faire partager la lecture d’un livre très beau, délicat, et profond : Le Roseau révolté de Nina Berberova. Il s’agit d’un roman sur l’amour certes, mais avant tout sur la liberté, celle d’exister pour qui l’on est sans transiger avec les aléas de la vie, les désirs de l’autre, les exigences du quotidien… La narratrice est ce « roseau révolté », cet arbrisseau sauvage, qui plie mais ne rompt pas, révolté car refusant toute soumission. Tout cela est possible grâce à la culture d’un « no man’s land », un monde à part, intime, propre à chacun… qu’elle défendra, tout au long du récit, à n’importe quel prix…

         Nous sommes au début de la Seconde Guerre mondiale, à Paris. Deux amants se séparent : elle reste en France, lui rentre dans son pays, la Suède. Chacun fait la promesse de ne pas s’oublier, le train part… La narratrice est très elliptique sur leur relation passée, mais nous dit l’essentiel : à deux, ils avaient crée leur « no man’s land », où ils savaient « tous deux le mystère et la liberté absolus ». Confiants en l’avenir, ils se séparent donc sur le quai d’une gare… Et finalement, le temps passe. La narratrice doit apprendre à vivre avec la guerre, la solitude et le quotidien morne et ennuyeux auprès d’un vieux savant, qui sera arrêté par les Allemands et mourra peu de temps après… La narratrice se retrouve de nouveau seule… Un éditeur suédois lui propose alors de venir à Stockholm pour y rédiger une biographie sur ce savant… Elle accepte, anxieuse à l'idée de revoir Einar. Durant son voyage, on partage ses doutes, ses espoirs et la nostalgie des pays nordiques. La description de l’entrée à Stockholm est magnifique, c’est un tableau de son état d’âme qu’elle peint avec nuance, paysage à la fois triste et lumineux, d’ « une morose magnificence ». Là-bas, elle apprend que son amant est marié depuis cinq ans à Emma, une sorte d’ogresse qui le dirige comme un pantin et surtout dévore tout son espace de liberté … L’ancienne maîtresse et l’épouse font connaissance. Einar reste sur le côté, obéissant, laissant sa propre volonté lui échapper, ayant perdu son « no man’s land »… Malgré les rencontres, à Stockholm comme à Venise, il demeure passif, lointain.

         J’aime la façon dont la narratrice nous fait partager sa solitude, la manière dont elle ressent le dédoublement de son être quand elle rencontre par hasard Einar et qu’elle doit feindre le détachement : « Et dans ce silence, je me vis de l’extérieur. C’est une sensation inhabituelle, que je n’aime pas et qui, si elle ne dure que quelques instants, n’en est pas moins douloureuse ». J’aime encore et surtout la façon qu’elle a de décrire les villes, leur atmosphère, leurs couleurs. Enfin, j’aime ce thème du roseau révolté mêlant force et fragilité, solitude et liberté.

 

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