3 août 2009
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Ne vous fiez pas à la douceur de ce prénom, Róża, ce premier roman de l’écrivain polonais, Hubert Klimko est d’une cruauté extraordinaire. Il dépeint une maison de retraite telle que l’on ose à peine se l’imaginer dans ses pires cauchemars : vieillards abandonnés dans leurs excréments, violentés voire violés par du personnel malveillant… Tout cela pue le rance, le vieux et la mort. Et pourtant, le narrateur sait titiller notre curiosité malsaine, lui, jeune aide-soignant, qui assiste hébété à toutes ces horreurs et qui tente de son côté de prodiguer les meilleurs soins pour ses protégés. Au lieu de démissionner, il persévère et découvre les différents services : celui des vieillards séniles et fous, puis celui des fortunés. C’est à cet étage, qu’il rencontre Róża, une grand-mère qui semble capable de pénétrer ses pensées malgré sa cécité. Pleine de sagesse, elle le guide et lui ouvre des clés pour se connaître lui-même. On passe dès lors de l’odeur fétide à celle de la rose…
Hubert Klimko séduit son lecteur grâce à son art du portrait. Avec des mots simples, sans chercher le raffinement, il décrit chacun des pensionnaires au point de donner à voir cette pension où les infirmiers semblent oublier qu’ils travaillent auprès d’êtres fragiles et vulnérables. Le narrateur au contraire apporte une dimension humaine à son récit, tout en passant outre l’aspect psychologique.
La maison de Róża est une sorte de chronique de la vie quotidienne d’une pension de retraités où la démence des vieillards comme la perversion des infirmiers sont rapportées par le menu. Cette microsociété est révoltante à plus d’un titre pourtant le narrateur, par la douceur de son regard, suscite une vive émotion. Hubert Klimko signe un premier roman étrange (on oubliera la nouvelle qui suit, quelque peu décevante) cruel et drôle, qui touche au plus profond de soi. Dérangeant mais passionnant.
La maison de Róża de Hubert Klimko, traduit du polonais par Véronique Patte, préface de David Foenkinos