Ce matin, en ouvrant ma newsletter de Livres Hebdo, je n'ai pu retenir un petit sourire narquois… Je ne fais pas dans le people, mais des sujets tels que le plagiat ou le rewriting me passionnent et un auteur comme Calixthe Beyala a tout pour me ravir. D’abord, elle n’est pas habitée par les complexes. Ecrivain prolixe, elle ressemble au coucou qui puise son inspiration dans les œuvres des uns et des autres. En 1996, elle est condamnée pour « contrefaçon partielle ». Pour écrire Le Petit Prince de Belleville, elle aurait emprunté une quarantaine de passages au roman de Howard Buten, Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué, quelques éléments dans La Vie devant soi de Romain Gary et dans Fantasia chez les ploucs, de Charles Williams. Elle aurait récidivé avec deux autres récits ressemblant étrangement à la plume de Ben Okri et de Paule Constant.
Mais ce n’est pas tout, Calixthe Beyala a su titiller la curiosité des lecteurs il y a deux ans en publiant L’Homme qui m’offrait le Ciel en détaillant ses amours déçues avec l’animateur-vedette de France 2, Michel Drucker. Grâce à cette révélation hautement culturelle, la télé lui a déroulé le tapis rouge. Elle a pu ainsi raconter en toute liberté les dessous de sa relation.
Finalement, les deux amants ont gagné la partie : les admirateurs de Michel Drucker sont restés fidèles au poste, voire l’écoutent quotidiennement depuis sur Europe 1. Quant à Calixthe Beyala, son livre est resté sur la liste des meilleures ventes pendant plusieurs semaines.
Mais, entre eux, rien n’est fini : Calixthe Beyala assigne Michel Drucker en justice parce qu’il n’aurait pas honoré un accord passé entre eux du temps de leur liaison : il lui aurait demandé d’écrire à sa place un livre d’entretien avec Régis Debray en échange de 200 000 €. Contrairement à la promesse faite, l’auteur n’a jamais perçu la somme convenue. Sans doute l’animateur a-t-il estimé qu’elle s’était largement payée en délivrant au public leur intimité…
Si l’avocat de Michel Drucker, lundi devant la cour, a dénoncé « la stratégie perverse et sournoise de madame Beyala », il n’a pas remis en cause son statut de plume : « Il n'y a aucun élément dans le dossier sur un accord financier ». On dirait que Calixthe Beyala va connaître les joies d’être plagiée sans être payée en retour, car à coup sûr le livre d’entretien de Drucker avec Régis Debray devrait être un véritable succès en librairie…