J’entends en boucle sur certaines radios des spots publicitaires pour une agence spécialisée dans les cours particuliers. Vous devez sans doute savoir de qui il s’agit. Pour les Parisiens qui n’écouteraient pas la radio, l’affiche publicitaire montre un petit garçon dont la moitié de son visage représente Victor Hugo. Rien que ça... Je connais bien cette agence, et trois autres encore, pour y avoir donné des cours de français quand j’étais étudiante. La publicité vous promet non seulement des professeurs expérimentés mais surtout dotés de méthodes de travail révolutionnaires. Il y a deux ou trois semaines, j’ai regardé un reportage édifiant sur ces fameuses agences de cours particuliers : le jugement est sans appel, on prend les « clients » pour des imbéciles. Et, à vrai dire, le trait n’est pas forcé, j’ai partagé les mêmes expériences que la journaliste se faisant passer pour une candidate à ces fameux cours.
D’abord, comme je vous l’ai annoncé d’emblée, quand je donnais ces cours, j’étais étudiante. Je n’avais jamais enseigné, n’avais aucune expérience en la matière, quant aux méthodes de travail, je me contentais des miennes… Quelques agences, lors de l’ "entretien" vous posent une ou deux questions pour savoir si vous n’êtes pas complètement illettré mais ça ne va jamais très loin. Pour ceux qui ont vu le reportage d’Envoyé spécial, une jeune femme s’est complètement plantée sur des questions basiques concernant le repérage du COD et du COI. Mais miracle, elle a quand même été recrutée. Voyez le sérieux…
Concernant les méthodes de travail, on pourrait parfaitement concevoir que des étudiants donnent ces fameux cours après avoir eu une formation professionnelle. Il n’y a rien de scandaleux à ce que des étudiants veuillent faire des petits boulots mais une agence qui se veut sérieuse ne peut promettre des enseignants qualifiés sans aucune formation. Un étudiant n’a pas la même approche qu’un professeur et c’est d’une certaine manière ce qui peut faire aussi sa richesse puisqu’il ne s’adresse pas de la même manière à l’élève, lui explique le cours et exercices peut-être moins formellement. Quelle que soit l’approche, les parents, clients donc, doivent savoir à qui ils ont affaire…
Je me souviens d’une anecdote épique… Un mercredi, on m’appelle pour donner des cours de mathématiques à une petite fille en 6ème, je crois. Je réponds que ce n’est pas ma spécialité et que je l’ai spécifié lors de mon entretien. On m’explique que la mère attend depuis longtemps ce cours et que cela ne doit pas être bien compliqué. Je cède parce que cette famille habite à une rue d’une autre chez qui je vais juste avant… Mais ce cours fut une catastrophe. J’ai regardé les cahiers, les leçons… et j’ai baissé les armes très vite : je n’étais pas capable d’expliquer clairement un cours de maths… ce n’est pas mon domaine de compétence, et c’est une matière avec laquelle je ne suis pas à l’aise. J’explique cette affaire à la mère qui évidemment n’est pas contente : je ne suis pas la première à me présenter… Bref, je pars sans demander de rémunération et fais un rapport à l’agence étonnée du bilan.
Ces agences ne sont pas des escrocs, simplement, elles veulent faire passer de simples étudiants, plus ou moins bons dans leur domaine, pour des enseignants qualifiés aux méthodes efficaces. Ce qui pose problème… A présent, vous savez !